Nos illustres méconnus !

Posté par BernartZé le 24 novembre 2008

stig2.jpg sd3bis.jpg

Comme le chasseur traque le gibier

(L’inconsolable)

  

            Deux fulgurances verbales m’ont marqué à jamais.

La seconde fut « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ».

Peut-on se remettre un jour d’avoir lu ces mots-là ?

Et d’en avoir été l’auteur, alors ?!     

     Toujours est-il que lui n’a pas véritablement fait long feu, le pauvre !

Telle une comète, il est passé en littérature, laissant quelques œuvres et une multitude de paradoxes.

Homme de peu de Foi, il n’a pu trouver ce recours, ce refuge.

Deux fois marié, il demeura effroyablement solitaire.

Assoiffé de liberté, il s’est toujours senti prisonnier d’une « errance absurde vers une mort certaine ».

Toujours (con)cerné par elle, il est peut-être décédé d’un trop plein de vide, à force d’essayer de se faire pardonner d’être né…en vain.

Récusant l’excuse découlant directement du manque de liberté d’action, il a inlassablement recherché le pardon.

La profondeur de ses ténèbres le faisait perdre confiance quand son désespoir lui rappelait que « chaque jour n’est qu’une trêve entre deux nuits » et espérer, momentanément abusé par une fausse consolation, « car chaque nuit n’est qu’une trêve entre deux jours ».

           Cinq années avant sa mort, la plume de Stig Dagerman s’est brutalement asséchée. 

 Se sentant soudain dans l’incapacité absolue d’écrire, après avoir publié une demi-douzaine d’œuvres (en à peine plus de quatre ans), il s’est violemment trouvé confronté au doute et à la peur du vide, liés tous deux, peut-être, à l’attente qu’il avait su indirectement susciter chez ses lecteurs.

     La glace et le feu : ses écrits, ses personnages et ses paysages sont tous ravagés par la passion, par de froids soleils et par une neige en deuil.

Résumé ainsi, cela peut paraître aride.

Mieux vaut le lire pour se donner une chance de le comprendre et de mieux ressentir les battements de cœur mal étouffés.

           Et enfin, surtout, il restera à jamais cet ultime et tout petit opuscule (une dizaine de pages, à peine !) intitulé « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ».

Une véritable fulgurance ; incontournable !

Un dernier jaillissement, tel des éclats de verre, deux ans avant de tirer sa révérence et puis…cette révélation faite à lui-même :

     « Et il me semble comprendre que le suicide est la seule preuve de la liberté humaine ».

         A peine deux ans plus tard, il mettait fin à ses jours (le 4 novembre 1954 -il y a …54 ans !-), à 31 ans, n’ayant plus rien écrit après ce que l’on peut considérer comme l’une des plus belles lettres d’adieu (de renoncement ?) à la vie.

         Ah oui ! Au fait…l’autre illumination à m’avoir soufflé sur place était « J’ai reçu la vie comme une blessure » (Lautréamont…record battu…mort à 24 ans !)

Mais, c’est une toute autre histoire…

(© 2008/droits réservés)

3 Réponses à “Nos illustres méconnus !”

  1. FB dit :

    Deux volumes de cet auteur que je ne connais pas mais dont j’ai très envie de découvrir l’univers et l’écriture sont déjà commandés… Ah si seulement la Poste pouvait un peu hâter ses livraisons !!! Avant Noël peut-être…

  2. Jay-Jay dit :

    J’écrirais plutôt : « Et il me semble comprendre que le suicide est une preuve
    de la liberté humaine ». Une certaine contradiction entre liberté et route
    unique (Attention, je n’ai pas dit « voie sans issue » !) et l’idée que si du jour
    au lendemain tous les êtres humains avaient intégré depuis leur naissance l’idée que chacun doit se suicider, il en deviendrait presque la seule preuve de
    liberté humaine que de pousser le bouchon de la vie le plus loin possible…

    (désolé pour la « trace »)

  3. BernartZé dit :

    Mister Johanson, I presume ?…

    La question que vous soulevez, par la nuance apportée, est effectivement fort intéressante. Et les réponses ne paraissent pouvoir être que multiples, chaque cas étant particulier, chaque cheminement humain original.
    Impossible donc, sans doute (et heureusement pour la plupart des individus) de considérer cette phrase de S.D. comme parole d’évangile.
    Il faut (de préférence) la lire dans son contexte (d’où la nécessité de découvrir…l’intégralité de cette « longue lettre » !).
    Cette idée mise en avant est loin d’être une certitude et ne concerne -en fait- que lui-même.
    Malgré cela, n’étant plus à un paradoxe près, il se permet de mener son raisonnement vers une issue qui pourra (vous) surprendre.
    …B.

Laisser un commentaire

 

60 millions de cons somment... |
riri1524 |
Le Plateau Télé de KeNnY |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Soft Liberty News
| t0rt0ise
| Bienvenue au Thomaland