Du vécu (ou presque)…
Posté par BernartZé le 23 janvier 2009
Glouton, va !
Et…je suis carrément bi-don-né !!
Kafka (le Grand !) aurait trouvé bien à redire et surtout à écrire, sans le moindre doute.
N’étant pas lui, mais juste moi (seul), je vais devoir me contenter de ce que je pourrai.
Ce sera évidemment moins pertinent, moins précis, moins tranchant, moins juste.
Désolé, mais il faudra se contenter de ça…
Tout d’abord, vive le XXI ème siècle, ses rapports inhumains (voire entièrement déshumanisés), son empressement, sa précipitation, son enthousiasme et sa vivacité, sa propension à encenser ou à brûler, sans jamais tarder !!
Pas de perte de temps, le moins possible d’argent ; des gains toujours plus grands, rapides et/ou indécents et ce rouleau compresseur qui avance sans cesse, surtout, sur tout le monde, ou presque.
Et mon (propre) cas au milieu de tout ça ; mon petit nombril à moi ?!
Oserai-je cet aveu ?
Comment dire l’innommable, que d’autres, bien avant moi, ont certainement vécu et supporté vaillamment ?
Allez ! Puisqu’il le faut, je me lance et déclare : oui, cela m’est également arrivé récemment !
Et je n’ai pu agir.
Et je patiente encore, ou je tente de le faire…
Un beau midi, ou presque, en début de semaine, ou presque, j’ai eu la presque bonne idée d’avoir besoin de retirer très peu, ou presque, d’argent.
N’ayant plus que quelques très petits euros en poche, j’ai éprouvé la nécessité de glisser aussi dans mon porte-monnaie le plus petit de tous les billets distribués par un petit nombre de banques via leur machine à sous.
Mon organisme bancaire étant de ce nombre, je ne comptais pas épuiser ses ressources en valeurs fiduciaires.
Et cependant, en un instant, fut annulée ma transaction sans autre forme d’explication, ni de procès, évidemment !
Et pire encore, la Bocca della Verità en moins d’une seconde décida de garder ma carte avalée !
Bouche bée, je suis demeuré !
Interdit un court moment, je ne pus que saisir un papier me le stipulant.
Comme s’il m’avait été nécessaire de le lire pour en croire mes yeux ébaubis.
Un instant effaré, j’ai dû rapidement réagir, mon rendez-vous suivant ne pouvant souffrir de retard.
Et dans l’après-midi, au lieu de partir, comme prévu, m’ébrouer dans un espace aqueux et fermé, j’ai dû faire face à une situation inédite, dans le but de récupérer mon bien et de comprendre, si possible, le pourquoi du comment de ce fâcheux événement.
En dépit d’une flopée de coups de fil à des numéros de téléphone plus ou moins surtaxés (et un hourra supplémentaire pour cette chère société de consommation qui nous embrasse et nous égorge toujours avec le même sourire malicieux !), je suis resté coi.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que, en dépit d’une situation peu glorieuse mais contractuellement valide, j’ai cru comprendre que je n’étais pas suffisamment solvable à l’instant « T ».
Vingt-quatre heures plus tard (d’après ma petite quête de renseignements), j’en ai appris de bien belles sur les pratiques bancaires, de belles vertes et pas vraiment mûres !
Demeuré pendu au fil du téléfon durant un temps infini, j’ai tout de même survécu.
Non sans avoir appris qu’il était plus rapide de faire fabriquer une nouvelle carte bancaire (à condition d’en assumer les frais, bien sûr !) que de remettre la main sur celle qui avait été malencontreusement gobée par la gloutonne bouche incriminée plus haut !
Un comble ?…
Mais non, bien sûr !
Rien que de très logique dans la logique intra-utérine de la banque du 3ème millénaire : toujours plus, quitte à ce que cela apparaisse -en négatif- dans une valeur absolue supérieure !
Qui songerait à compter encore dans cette logique totalement aberrante ?!
Et qui n’est pas content, peut bien se dépêcher d’aller coucher dehors, sous un pont ou ailleurs !
Vu sous cet angle…
(© 2009/droits réservés)
Et oui, Kafka n’a rien inventé en vérité… Il n’a fait qu’observer et retranscrire l’absurdité du monde et de l’administration. Certains ont décidé d’en pleurer, d’autres d’en rire, comme Jarry ou Ionesco. A chacun d’essayer de se situer entre le rire et les larmes, entre la résignation et la révolte !
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