Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 17 janvier 2010

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Soudain 

 

           

            Nous étions partis en voyage par la route, après l’avoir trop souvent empruntée par la pensée.

Plus rien au monde ne nous retenait plus ; plus de raison de demeurer en place.

    

     C’était l’été, évidemment, même si un froid quasi polaire habitait tous nos cœurs.

Nos attaches s’étaient distendues ; nos transports finalement convenus nous avaient convaincu de ne plus remettre à plus tard l’heure de notre départ.

Après des années à attendre, plus la moindre illusion ne pouvait être entretenue sans qu’il fût possible d’en douter ou d’en rire.

Et un rire insidieux était parvenu en écho jusqu’à nous.

Nous qui refusions de l’entendre.

    

     En dépit de toute logique, nous roulions joyeusement, improvisant à tue-tête des chansons inédites et pour le moins blasphématoires.

Adieu les dévots et les vaches ; sacrément culotté de hurler en pleine campagne à la mort de tous les haricots !

C’était la faim, évidemment, qui nous rendait stupides et lâches, au point de refuser toute aide extérieure.

    

     « Quelques » centaines de kilomètres plus loin, advint la panne véritablement imbécile.

Ce ne fut pas le carburant qui nous manqua, mais carrément la route !

Plus une seule trace de macadam, ni d’un semblant de chaussée goudronnée.

Plus aucune voie, tout simplement ; plus rien du tout n’était tracé.

C’était l’impasse, la fin du chemin, l’absence totale d’issue.

A croire que, sans l’avoir jamais cherché, nous étions parvenus au bout du bout de la terre.

Et après ?

Pas d’eau dans laquelle plonger ; pas de quoi s’arrimer ; rien n’avait plus de sens.

Il faudrait donc faire avec ce qui n’existait plus.

    

     Nous restâmes là, totalement hébétés, durant un temps évidemment infini.

    

     Je me dois tout de même de préciser (simple question de vraisemblance géographique !) que nous étions parvenus au nord-est du Portugal, non loin de la frontière espagnole (située à une trentaine de kilomètres, à peine).

Si la météo semblait garder sur nous un œil très bienveillant, « le destin », lui, nous plaçait, apparemment volontairement, tout droit dans son viseur !

Pourtant ce petit coin ensoleillé nous avait d’abord paru aussi paisible qu’accueillant, plutôt tranquille et pourvu d’un charme un brin bucolique.

Ce n’était pas une bourgade, mais une municipalité tout au moins.

Rien ne laissait présager, en nous y promenant au hasard, qu’elle recelait un mystère en forme de « triangle des Bermudes » !

    

     Quand nous reprîmes -une partie de- nos esprits, il nous fallut progressivement nous rendre à cette inconcevable évidence : continuer à « avancer » ne signifiait strictement plus rien dans quelque langue que ce soit, en Français comme en Portugais (…que nous ne maîtrisions pas tellement, par ailleurs) !!

Faute de « suite », ou de « au-delà », appelez cela comme vous voudrez.

Fin du parcours.

    

     Alors, on a creusé…creusé, non pas le sable, mais ce qui se trouvait là à nos pieds, ou plus exactement devant deux des quatre roues de notre véhicule pas flambant neuf, mais presque.

A savoir un salmigondis de terre, de gravats et de compost particulièrement indéterminé.

Avec des pelles et des râteaux de plage, un seau, le cric également.

    

     Cela nous prit très longtemps, sans plus la moindre notion de jour ou de nuit.

Nous eûmes chaud en traversant la croûte terrestre, son manteau, perçant son noyau en plein cœur, en tentant d’éviter le plus possible le magma et d’autres « choses » que nous préférâmes contourner, sans trop dévier d’un même axe.

    

     Douze-mille-sept-cent-cinq-six (environ) kilomètres plus tard, nous ressortîmes respirer un air beaucoup plus plaisant.

Un temps splendide nous salua ; une température idéale, après notre longue traversée « en apnée ».

La voiture ne nous ayant -bien sûr- pas suivi dans notre voyage au long cours, nous nous rendîmes à pieds au centre-ville, qui n’était plus qu’à deux pas.

Une sorte de « syndicat d’initiative » nous fut d’une grande aide et nous renseigna sur le lieu précis où nous étions remontés à la surface de la Terre.

Nous nous trouvions à Nelson, ville située dans l’île sud de la Nouvelle-Zélande, à (grosso modo) une bonne centaine de kilomètres -à vol d’oiseau- de la capitale Wellington (dans l’île nord).

La nouvelle nous ravit.

C’était donc ça « les antipodes » !

Empruntant Trafalgar street, nous découvrîmes la Baie de Nelson, avec mouettes, goélands (ou ?) cormorans (nous n’avons jamais su faire la différence) et ce fut le…coup de Trafalgar, disons…de foudre, plus justement !

    

     A compter de ce jour, nous décidâmes de nous installer définitivement là.

A part une voiture, qu’avions-nous laissé derrière nous ?!

L’Anglais étant une langue pour laquelle nous avions nettement plus de facilités que le Portugais (par exemple), nous n’eûmes aucun mal à nous fondre dans le décor et à changer d’hémisphère et de vie, au passage.

Ayant rapidement pu faire l’acquisition d’un bateau de plaisance, nous jetâmes l’ancre à une bordée d’embruns, de quoi vivre de promenades touristiques dans la baie, ainsi que d’eau fraîche (sans sel).

           

            Du bleu partout sous nos yeux et jusque dans nos cœurs !

Comme la vie peut être belle…

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(© 2010/droits réservés)

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