Etrangement bizarre…
Posté par BernartZé le 22 février 2011
La fuite
En avant, en arrière, par la droite, par la gauche, par tous les bords, par tous les bouts !
Plutôt que de l’affronter, mieux valait se détourner et courir ; à toutes jambes.
Elle était monstrueuse, elle était innommable.
Echappée d’on ne sait où, telle une bête féroce, elle faisait des ravages.
Dévastant tout sur son passage, elle se propageait à la vitesse de la lumière et faisait tant de victimes que…l’herbe ne repoussait pas.
L’air devenant irrespirable, il fallut prendre des mesures drastiques.
Mais ce fut fait un peu tard.
La rumeur les avait déjà tous contaminés.
Ils étaient certains de ne jamais pouvoir survivre.
Très vite, via internet, les réseaux sociaux, les journaux télévisés, la presse quotidienne, les conversations de quartier et les langues bien pendues, le monde entier avait été mis au courant de l’effroyable nouvelle.
On l’avait d’abord trouvée impensable, nul ne l’ayant crue plausible.
C’était bien trop inconcevable, beaucoup trop barré du chignon !
Mais petit à petit, de sources de plus en plus sûres et certainement bien informées, il fallut se rendre à l’évidence de la chose avérée.
Le choc, tel une déflagration, prit vite l’ampleur d’un tsunami.
Certaines s’évanouirent ; d’autres, ayant perdu leur référence, se trouvèrent soudainement en mâle de repère.
On déplora même deux ou trois suicides.
Et ce fut brusquement la Terre entière qui sembla marcher sur la tête !
Un état d’urgence mondial finit par être décrété ; plus moyen de faire autrement.
Dans tous les pays, les magasins et les boutiques fermèrent de plus en plus tôt chaque jour.
Les transports en commun durent être interrompus pour éviter des émeutes.
Le carburant manqua, les voitures s’arrêtèrent en pleine rue et le chaos fut total.
S’ensuivit une atmosphère de fin du monde qui n’avait même pas été imaginée par Nostradamus dans son fameux recueil de prophéties.
Sans doute n’avait-il pu prédire les liens étroits que les Hommes finiraient par tisser entre eux à travers la planète.
Comment l’en blâmer ?
Comment aurait-il pu savoir que l’ordre des priorités humaines serait un jour totalement bouleversé, en dépit de tout bon sens ?
Comment, par exemple, penser alors que la question de la faim dans le monde pourrait être reléguée au second plan, loin derrière des préoccupations à peine avouables cinq siècles plus tôt ?
Tout visionnaire qu’il est supposé avoir été, il n’aurait pas été capable de présumer qu’un événement bien plus infime qu’un demi-battement d’ailes de papillon provoquerait tant de dommages.
Il n’aurait pu croire une telle galéjade.
Et pourtant un rien avait suffi : il s’était fait couper la frange !
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