Presque du vécu

Posté par BernartZé le 7 février 2011

bquilles.bmp  radiographiedoublefracturejambegauche.jpg

Comment (bien) se casser la jambe ?

           

            Prendre d’abord le temps de choisir l’heureuse élue.

Plus qu’une histoire de parti pris, c’est une question de confort…futur.

Faire des simulations et des essais, avec ou sans béquilles (c’est un investissement).

S’imaginer marchant ainsi, en claudiquant, pendant plusieurs semaines durant lesquelles les murs, les dossiers de chaises et les meubles se révèleront être des partenaires et des soutiens particuliers.

    

     Il est essentiel d’être rigoureux, de procéder par étapes et de se surmotiver en rêvant déjà à l’élégance que l’on pourra bientôt afficher si tout se déroule correctement.

Une once de « courage » n’est pas superflue pour affronter le mal que l’on va se faire et la souffrance (momentanée) que l’on va -volontairement- s’infliger.

Mais quel sacrifice ne vaudrait-il pas la peine d’être consenti pour…l’amour de l’art ?!

Le plus important étant de se sentir capable de faire face à ce qui va se produire, il n’est pas négligeable de procéder à une « répétition mentale ».

Du genre : où est le téléphone ? (tout le monde ne dispose pas d’un « portable ») ; qui prévenir ? ; quelle histoire -crédible- inventer ?…etc.

Quelques éléments de réponses : pour le Samu, faites le 15 samu.jpg ; si vous avez « très mal », vous pourrez aussi appeler votre mère…même s’il n’est pas certain qu’elle n’ait que ça à faire ; évitez l’explication bateau qui consisterait à faire croire à une chute inopinée dans l’escalier (surtout si vous vivez dans un studio !) : nul n’est suffisamment adroit pour s’y casser une jambe…sans souffrir d’ecchymoses ; la piste de l’accident domestique est à creuser à condition d’avoir les moyens de ses ambitions et de prévoir l’accessoire adéquat (une vieille armoire normande ou bien une commode Louis XV commodelouisxv.jpg qui se serait soudainement écroulée sur vous qui passiez par là) ; bien réfléchir au côté pratique de la chose !

    

     Après avoir scrupuleusement décidé de l’objet contondant, il faudra s’aviser d’arrêter le lieu des opérations.

Quand il ne sera plus l’heure de regretter une tentative de « verglas-planing », faute de posséder un deux-roues et d’intervenir en saison froide, il sera primordial de s’enfermer sans témoin dans une chambre sans vis-à-vis ; question de confidentialité ! 

    

     Assis sur le rebord d’un lit (particulièrement recommandé pour l’angle d’inclinaison de la jambe à opérer), il sera temps de rassembler -tout à la fois- ses forces, son courage et sa plus extrême volonté avant de se saisir à deux mains de battedebaseball.bmp sa batte de baseball.

A défaut, une chute de bois en forme de grand bâton parallélépipédique, pourra aussi bien faire l’affaire, les angles droits s’avérant particulièrement efficaces.

         

     Inspirer, expirer, le plus calmement possible, au moins trois fois de suite.

Le but étant d’insuffler à l’ensemble du corps suffisamment d’énergie mentale et physique pour se lancer, chacun jugera lui-même du nombre de répétitions idoines pour ce simple exercice.

Une recommandation subsidiaire : éviter de dépasser la dizaine.

Au-delà, le courage viendrait à manquer et l’hésitation prendrait le pas sur une détermination moribonde.

C’est pourquoi il est important de ne jamais perdre de vue les raisons d’une telle décision ; on ne se casse pas tous les jours volontairement une jambe, que ce soit pour l’Art ou pour tout autre motif valable.

    

     Le moment est venu de…se frapper.

Les plus audacieux voudront (peut-être) relever le défi de porter alternativement leurs coups en deux points distincts (par exemple, juste sous le genou et au-dessus de la cheville), afin de multiplier les chances de succès.

C’est valeureux ; le risque étant de se disperser (!)

Au contraire, il sera plus facile de se concentrer sur une seule zone, histoire de ne pas…disséminer sa vigueur musculaire.

Il sera alors primordial de se montrer aussi patient qu’endurant, et toujours déterminé.

Cogner mesurément de plus en plus fort pour s’habituer à la douleur.

Inspirer, expirer.

Recommencer l’opération à fréquence progressivement élevée, jusqu’à ne plus rien ressentir, jusqu’à ne plus se soucier que du résultat, jusqu’à…plus de forces.

           

            Les plus sportifs parviendront sans doute à leur fin, avec un peu de chance.

D’autres n’auront que le loisir d’admirer l’évolution multicolore d’un énorme hématome (d’une bonne dizaine de centimètres de long) au cours des mois suivants.

(© 2011/droits réservés)

2 Réponses à “Presque du vécu”

  1. Telma dit :

    Bonjour comment se casser une cheville sans rien sentir

    • BernartZé dit :

      Ce n’était qu’une note d’humour !
      N’essayez surtout pas !! ; à moins de souffrir d’ostéogenèse imparfaite (« maladie des os de verre ») vous ne parviendrez qu’à vous faire terriblement mal.

      …B.

Laisser un commentaire

 

60 millions de cons somment... |
riri1524 |
Le Plateau Télé de KeNnY |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Soft Liberty News
| t0rt0ise
| Bienvenue au Thomaland