Du « pas vécu » (même pas « presque » !)…
Posté par BernartZé le 3 mars 2011
Confidence pour confidence
Je n’ai rien à vous dire.
Je n’avoue jamais rien ; tant pis pour moi.
C‘est bien dommage, mais c’est ainsi qu’il vous faut l’accepter.
Tout ce que vous m’avez dit, dans le creux de l’oreille, ne supposait pas la moindre contrepartie.
Vous vous êtes épanchée, je vous ai écoutée, et si j’ai pu en cela vous aider, j’en suis ravi.
Ravis aussi mes sentiments à votre égard qu’il me faut continuer à taire, par pudeur et manque de courage ; je l’admets, sans oser vous le dire.
Je suis bien lâche de me soustraire, comme vous m’avez paru bien courageuse de pouvoir autant vous répandre.
Je n’aurai jamais su ainsi me déverser.
Du temps où vous m’étiez si chère, vous n’étiez pas du tout mon genre…au début.
Ah ! Tous ces sentiments égarés en pure perte ; les vôtres pour lui, les miens pour vous !
Vous…vous en êtes sortie meurtrie ; je ne m’en suis pas sorti du tout.
Vous l‘avez tant aimé, tant attendu, tant espéré ; je n’ai rien fait de tel, j’étais vaincu d’avance.
Je me suis seulement consumé en silence.
Vous avez longtemps cru à ses promesses et ses mensonges, tant vous vouliez y croire.
Ne croyant pas en moi, je n’ai jamais douté que jamais rien vous ne remarqueriez.
Mon intérêt pour vous, apparemment désintéressé, vous allait bien.
Il vous convenait de penser que mon amitié -toute dévouée- était le produit d’un altruisme et d’une générosité sans bornes.
Si ce n’était pas faux, c’était loin d’être entièrement vrai.
Je voudrais que vous sachiez à quel point vous avez été aimée.
Mais comment faire sans vous le dire, sans vous le révéler ?
Dire que lors de notre première rencontre nous ne nous étions même pas supportés !
Un quiproquo, une mésentente ; passons.
Plus tard…votre besoin de parler, l’envie de vous écouter et des liens se sont crées.
C’est comme ça et ce fut comme si nous devions nous rencontrer.
Certes les circonstances étaient malheureuses pour vous ; puis elles le furent pour moi…
C’est ainsi !
Et lors de vos fiançailles avec la mort, dans un moment d’abandon et de découragement, il en fut de même.
En toute logique : vous ne pensâtes qu’à lui ; je ne m’inquiétai que de vous.
C’est drôle la vie !
Quand elle vous prend et qu’elle ne vous lâche plus, on accepte tout d’une tierce personne, quitte à se sacrifier, en toute inconscience.
L’aveuglement passé, il n’est pas rare de s’interroger sur les motifs d’une telle passion irraisonnée.
De là à pouvoir justifier des sentiments (souvent) inexplicables…
Comme s’il en était besoin !
Après tout, pourquoi à tout prix chercher à exprimer l’indicible ?
Pourquoi vouloir couper les ailes de mouches en quatre à seul dessein de ne pas (se) découvrir des raisons de regrets ?
Gardons-nous des crises de masochisme ; évitons de verser dans l’auto-flagellation !
C’est aussi vain que théâtral.
Ainsi, nous nous sommes égarés ; vous…vous êtes, par bonheur, retrouvée.
Des litres d’eau, plusieurs ponts, des écoulements plus tard, vous avez ri de vous, allant même jusqu’à déconsidérer celle que vous étiez alors.
Sans toutefois vous trahir, votre jugement sévère vous conduisit à penser que vous étiez bien bête du temps où vous l’aimiez !
A quoi bon un tel dénigrement ?
Si vous l‘aimiez autant, c’est qu’il devait en valoir la peine, à vos yeux.
Mais aujourd’hui, bien sûr, avec mari et enfants, tout cela doit vous sembler ridicule et risible.
Un brin grotesque, peut-être ?
Comment trouver « comique » une situation qui vous a tant blessée ?
C’est absurde, je pourrais en témoigner…
Et de me retrouver seul à me souvenir, et de continuer à me taire.
Je crois bien que c’est vous que aviez appris à aimer à travers moi.
Confidence pour confidence : si j’ai pu vous aider, tant mieux pour vous, tant pis pour…
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