Étrangement bizarre…
Posté par BernartZé le 24 avril 2013
Drôle de bobine !
Une vieille tête grimaçante aux yeux exorbités, un brin hallucinés…
Le teint brouillé et le visage souvent
défait, il n’était pas avenant, bien que n’ayant pas l’œil véritablement mauvais.
Pas de quoi non plus effrayer les enfants ou les petits moineaux du square où il avait l’habitude de se rendre tous les trois jours entre 14h15 et 14h45 très précisément.
Un tic comme un autre.
Gentiment toqué et plein de TOC, il n’avait pas d’âge depuis très longtemps.
D’ailleurs personne ne se serait aventuré à en lui donner un.
Sans doute n’était-il plus vraiment jeune et pas encore vieux.
Parmi ses « obsessions compulsives » (ou ses compulsions obsessionnelles ?) se tenait en bonne place sa phobie des opérations arithmétiques ; apparemment sans conséquences graves.
Sauf que dans son cas, doutant toujours du résultat d’un simple calcul mental (également parfois avec l’appui d’un papier, d’un crayon ou d’une calculatrice), il devait reproduire son -même- raisonnement au minimum quatre fois.
Il se trompait rarement ; ça lui prenait pourtant des heures chaque jour.
Sans se l’avouer, il était aussi assez sérieusement atteint d’émétophobie, un mal paraît-il plutôt répandu à travers la planète.
N’empêche que lui en était venu à picorer tel un moineau et à redouter de voir quiconque faire un repas de peur de le voir peu après courir aux toilettes.
L’idée même de…lui donnait la nausée ; merci Jean-Sol () !
Le dégoût…
Des goûts et des couleurs il en vit passer en quelques décennies jusqu’à ne plus en vouloir avoir ni voir.
Il réussit si bien qu’il en vint à ne plus ressentir le moindre appétit ni percevoir les nuances au-delà du gris clair et du noir.
Au point de ressembler très jeune (le concernant, ce ne peut être qu’une supposition) à une jolie ablette argentée
ou à un bâtonnet de poisson pané sans face ni profil .
Adieu toutes les passions devenues imbuvables et tant pis pour les amours mortes avant que d’être nées ; pouët !
Après que le temps a fait son œuvre dérisoire grignotant minutieusement les heures, les âmes et les visages, ne restât plus que ce petit vieux, entre deux âges indéterminés, à la mine crayonnée…
(© 2013/droits réservés) + merci à Colin Vearncombe pour
l’emprunt de trois dessins
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