
Le sous-main
Celui-ci renfermait bien des trésors…
Sans rien de commun avec des parures de bureau nettement plus luxueuses, du genre
ou
, il cachait plein de papiers et autant de secrets dans tous les angles et les recoins de son rabat.
Généralement des petits papiers
dérangés en tous sens, des brouillons, des lettres, des post-it
qui ne collaient plus, des débuts de poèmes (qui ne passeraient pas à la postérité), et d’autres tentatives splendidement avortées.
Que de forêts dévastées en vain !
On trouvait également des articles de journaux susceptibles de servir plus tard (!) et des photos minutieusement découpées. Le cinéma y tenait une bonne place, mais aussi quelques résultats sportifs (trace d’un 6/0, 6/0 en tennis datant du 20/4/81) -découverte étonnante chez quelqu’un de peu enclin à la dépense physique !- et des chroniques conservées suite à des coups de cœur spontanés.
Tout et n’importe quoi : un écrivain célèbre
(« J’ai reçu la vie comme une blessure ») ou quasiment inconnu tel Fritz Zorn
, pourvu qu’un bout de phrase lu par hasard ait éveillé son intérêt ; une image, un regard…
Quel fatras !
Un ramassis pas aussi incohérent qu’il pouvait paraître au premier abord.
A bien y regarder (à condition d’avoir du temps à perdre et du courage à dépenser !), il était évident que seuls comptaient l’excitation intellectuelle et le sens du décalage.
C’est ainsi que furent mises à jour deux images découpées 
; le culte du bon goût sans doute ?…
Des fouilles archéologiques approfondies extirpèrent encore deux bouquets 
; pourquoi pas ?!
Inutile de préciser qu’avec le temps ce
prit un relief assez…conséquent.
Ce qui n’empêchait heureusement pas d’écrire dessus.
Des lignes et des pages d’écriture virent le jour là, pour le meilleur et -plus sûrement- pour le pire.
L’histoire ne dit pas ce qu’il advint de ce sous-main…

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