Question de point de vue

La guigne

           

            Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Mode d’emploi ?

 

     Sans même être certain que la malchance puisse coller à la peau, tel un bout de chatterton sous la semelle, il est permis de commencer par dénoncer l’idée reçue qui fait des chats noirs des porteurs de mauvaises nouvelles, transmettant des ondes négatives quand ça les amuse.

Comme si d’aussi funestes hérauts pouvaient exister dans ce bas monde qui ne manque jamais une occasion de nous désappointer (euphémisme) !

 

     Oh secours…je suis maudit !!

Une overdose de problèmes et de soucis  (désolé !) pouvant parfois virer à l’indigestion, la paranoïa est susceptible de gagner tous les cerveaux, à commencer par les plus fragiles.

Il est aisé de divaguer et de s’imaginer victime d’une malédiction d’un complot ou d’une persécution caractérisée courant le long d’une vie.

Sonne l’heure des angoisses en rafales, des crises de panique et des bougies mal éteintes.

Le feu  demeurant à même de s’étendre, les nerfs sont mis à rude épreuve et la lucidité n’est alors qu’un lointain souvenir.

Au fil du temps et des années, rester debout relève de l’exploit sportif !

Une véritable épreuve de force (non reconnue par le CIO) est officieusement engagée contre le M.O.D.O. (le Monde Obscur Des Objets) qui n’a de cesse de gagner du terrain en grignotant sur la logique un espace toujours plus grand.

N’en déplaise aux esprits exclusivement cartésiens : cette idée impensable (!) n’est pas si insensée qu’il paraît au premier abord.

La preuve en est que…nul ne peut expliquer l’obstination irraisonnée parfois marquée par « le destin » envers un seul être.

L’acharnement, loin d’être flagrant, est le plus souvent sournois afin de toucher la cible sans alerter personne.

 

     LIBRE  !

 

Le rêve semble tellement hors de portée depuis des décennies que le meilleur n’est pas même envisageable, histoire de changer du pire.

C’est dire.

C’est rire qu’il nous faut faire avant que de mourir ;  !!

Sublimons la déprime annoncée le temps de faire le tri dans nos souvenirs.

A force de devoir supporter nos atermoiements et nos valses hésitantes la mort pourrait bien avancer son heure.

 

     Profitons du peu de temps qu’il nous reste pour célébrer l’exploit d’être encore -plus ou moins- en vie en nous ménageant une ultime plage de plaisir (non coupable).

Pas le temps d’aller se faire cuire un œuf  mais celui d’une soupe minute…aux tripes  par exemple, tout en écoutant une dernière fois .

Dernier moment solennel dérisoire grotesque et ridicule avant de plonger  dans l’oubli.

 

            Au final, une victoire du M.O.D.O. ?…

 

 

 

(© 2014/droits réservés)

Étrangement bizarre…

Mes pigeons (sous persienne)

           

            …Sur le rebord d’une fenêtre dont le volet roulant ne roule plus  serait plus juste.

 

     Mécaniquement condamné depuis des années à ne plus remonter telle une  en panne, il avait transformé ladite fenêtre au fil du temps et des saisons froides grises et pluvieuses en…abribus !

Accueillant chaleureusement les roucoulements et battement d’ailes de quatre ou cinq pigeons apeurés ou plus frileux que d’autres, la fenêtre -en son bord- grâce à un accord tacite passé avec les volatiles était devenue une source d’informations météorologiques presque aussi fiable qu’une station maison .

 

     Faute de (pouvoir) voir le ciel pour se faire un point de vue sur le temps, cet arrangement permettait de savoir s’il pleuvait au-dehors rien qu’en apercevant les ombres derrière la vitre.

Plus elles semblaient s’agiter moins il était permis d’oublier de sortir bien couvert avec son parapluie.

 

    Et voilà que  suite peut-être à d’autres bouleversements climatiques les pigeons devinrent infidèles.

Alors que le temps était au vent à la pluie et au froid, plus de visites durant de longues journées hivernales ; quelle désolation !

Triste à pleurer…

 

            Et soudain, il y a peu, sans plus d’explication, ils réapparurent régulièrement en bordure de fenêtre, sous le volet roulant autrement inutile.

Le temps est toujours aussi moche, mais l’avenir s’est éclairci…

 

(© 2014/droits réservés)