Kalesthupa filashtivi
Ces deux mots sonnants comme de l’hindi n’étaient pas non plus de l’ourdou.
Ils dissimulaient en fait un nom de code.
Cette histoire remontant au siècle dernier, certaines imprécisions risquent bien d’entacher ce bref récit relatant un épisode méconnu de la guerre froide.
Dans les années 80’s on en était encore (déjà ?) à l’heure de la lutte entre la chapka et le chapeau de l’Oncle Sam , entre, d’un côté le symbole entrecroisé de et de l’autre, la toute puissance de et du ; ces illustrations s’avérant sans doute nécessaires pour les plus jeunes à peine nés avant ce XXIème siècle.
En l’an 1980 le monde n’était pas spécialement plein de grâce mais plutôt en émoi à l’heure de se décider : ira / ira pas ??
Suite à une invasion incongrue sur territoire étranger, un certain nombre de nations se prirent le chou, et la tête alouette, en un vaste remue-méninges.
Irons-nous tous jusqu’à Moscou ?…
De rageuses discussions entretinrent le suspense jusqu’aux premiers feux de l’été ; entre les athlètes et les politiques la « guerre » fut ardue, éprouvante et particulièrement pénible…pour tout le monde.
Tapis dans l’ombre des espions (parfois) imaginaires agirent dans le but de déjouer les plans ennemis, poussant l’intrigue comme dans les films noirs ; un grand classique du 7ème Art que l’âge d’or hollywoodien avait su marquer à jamais !
Un visage innocent et romantique fit son apparition dans ce grand échiquier.
Evidemment sans nom, il œuvra dans l’ombre de fin décembre 1979 à l’avant-veille de l’ouverture des Jeux, alors que les corbeaux croassaient encore, à distance raisonnable et que Jane L. fêtait sobrement son vingtième anniversaire avec trois jours de retard (le temps de se remettre de son coma éthylique !).
L’anonymus n’eut pas le temps de faire son coming out d’espion qu’il fut poussé hors de scène ; désormais obsolète.
Finis les déguisements, les cachettes, les recèles de secrets et les escamotages en tous genres.
Nom d’un code périmé !
Quelle fut la mission de ce chevalier d’Éon et pourquoi une dénomination aussi alambiquée ?
Aucun doute concernant son genre masculin.
Quant à l’explication relative à une attribution si secrète que nulle trace n’en demeure aujourd’hui, mystère et boule de gomme !
Aucune trace ? Pas tout à fait.
Plus de trois décennies plus tard et après de longues recherches opiniâtres, il a été possible de retrouver le témoignage écrit de Teyssac de Gervy, un diplomate franc-comtois de lointaine origine ukrainienne qui avait été mêlé au cours de l’été à cette étrange affaire.
Faut-il pour autant le croire sur parole tant peuvent décevoir ses commentaires et son interprétation des faits ? ; pas de quoi publier un best-seller !
Selon lui l’anonymus n’avait été qu’un homme de paille chargé, sans même en être entièrement informé, de faire capoter les négociations entre les deux blocs en semant le trouble et la confusion entre l’Est et l’Ouest.
Et c’est sciemment que « Kalesthupa filashtivi » avait été choisi pour rendre plus mystérieux…le mystère d’une activité faussement clandestine à laquelle nul ne devait rien comprendre.
Evidemment !
L’Histoire n’a retenu qu’un triste boycott plus déploré par les athlètes que par le pays d’accueil.
Bien sûr il y eut des exploits et des médailles, des cris de joie des pleurs des cérémonies et des hymnes à la gloire des vainqueurs.
Oubliés « l’homme de paille » et le « nom de code » bidon ; mais de ces instants d’Union que reste-t-il ?
De l’amertume peut-être…
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