Du vécu (ou presque)…
Posté par BernartZé le 14 juin 2014
Pergolèse, Bach, Vivaldi, Haendel (…) et moi
J’étais jeune et j’étais amoureux ; c’est ainsi que commença mon étroite collaboration avec la musique baroque.
Tout prêt à tomber dans le gouffre j’allais d’espoir en désespoir.
Quand de tels compositeurs vous ouvrent leurs bras, il s’avère impossible de se retenir longtemps ; et de plonger tête la première , le cœur suivant de près…
Les élans de l’âme ne s’expliquent pas ; il est souvent préférable de ne pas en chercher les origines.
Après m’être une première fois suicidé sur l’Adagio d’Albinoni (…bien la peine d’avoir risqué ma vie sur une œuvre dont il n’est semble-t-il pas l’auteur, alors que Giazotto est seulement considéré comme un simple arrangeur musical !), j’avais remis ça sur le Stabat Mater de Pergolèse.
Après la lame émoussée de mauvaise qualité (ah ! le hard discount !!), c’est la corde qui m’avait lâché à l’instant le plus crucial ; on ne peut véritablement compter sur personne ni rien en ce bas monde…
J’avais passé plus de temps à hésiter entre les trois versions vocales dont je disposais (femme/homme, femme/femme, garçon/homme ) pour agrémenter mes derniers instants que ma vie n’était restée suspendue ; un comble !
A peine trois mois plus tard, un célèbre Air d’une célèbre Suite de Bach m’avait inspiré une noyade en règle, or nous étions en plein hiver et il avait gelé à pierre fendre durant plusieurs semaines.
Quel manque de chance ou d’à propos ; quel temps perdu, mauvais tempo !
Des amis soucieux et bien avisés (?) me suggérèrent qu’il était largement l’heure pour moi d’aller me faire voir ailleurs et accessoirement me faire soigner ; quinze années d’analyse plus tard j’étais toujours aussi taré et ces derniers amis -trop las- avaient préféré renoncer à me fréquenter.
Aucune rancœur, pas la moindre tristesse tant j’étais occupé à franchir de plus en plus d’étapes dans mon dépassement de moi et du portail de la musique classique.
Depuis longtemps mortes avant que d’exister mes amours anciennes n’étaient plus qu’un vague souvenir : des visages effacés, de vifs sentiments éteints, des traces…
L’accès m’en était devenu impossible.
La musique est heureusement plus sincère et fidèle que tous les amis et amours disparus.
Aujourd’hui, faute de force et de courage, le suicide n’est plus à l’ordre de mes prochains jours.
A quoi bon m’épargner de la peine puisque bientôt viendra tonner à mes oreilles la musique de ma dernière heure ?!
Mon ultime prière sera de ne pas entendre au final le Te Deum de Charpentier ; insupportable souvenir de l’enfance musicale …
(© 2014/droits réservés)
Je vous suggère après tant de batailles (réjouissantes, ma foi! Tout au moins à en lire le résumé )de renaître de vos cendres : http://youtu.be/GExPKXc8Xjc
Vous me voyez ravi d’être parvenu à vous réjouir un bref instant, ces « batailles » n’ayant été que presque vécues.
Tout en ayant beaucoup apprécié l’écoute proposée, dans la catégorie « Recueillons-nous mes frères, l’heure est grave et profonde » je garde un petit faible pour « Les 3 Leçons de Ténèbres du Mercredy » de Couperin http://pmcdn.priceminister.com/photo/Francois-Couperin-Office-Des-Tenebres-3-Lecons-De-Tenebres-Du-Mercredy-Gerard-Lesne-CD-Album-849237313_ML.jpg.
C’est la voix du Testo qui m’y a fait repenser et replonger plus de vingt ans en arrière.
La musique n’ayant pas d’âge…elle n’a nullement besoin de renaître de ses cendres…
B.