Par « mégarde » (un peu…)
Posté par BernartZé le 24 novembre 2014
XY
Sans trop savoir comment ni pourquoi, elle s’était décidée l’année de ses quarante ans.
Bien sûr elle y songeait étant plus jeune ; mais elle était alors beaucoup trop jeune justement.
C’était juste une idée comme ça, pas vraiment obsédante ; un désir nullement viscéral.
Elle avait encore le temps et tant à faire pour se sentir mieux et plus satisfaite de sa vie.
Beaucoup de travail pour se connaître davantage, beaucoup à faire pour se réaliser (!), beaucoup à attendre d’elle-même.
Il attendrait.
Ayant attendu son tour, il se manifesta un jour d’une drôle de manière.
Précisément un mardi matin au petit-déjeuner alors que, faute de beurre, elle tartinait son pain de (avec lequel elle n’avait jamais rien cuisiné) ; cela dit elle aimait ça.
De façon inexplicable, soudain elle recracha sa dernière bouchée après un haut-le-cœur.
Beurk !
Elle était enceinte.
Pas d’histoire d’amour en cours ni de liaison récente, pas de père putatif !
Peut-être que fin janvier à l’issue d’une sortie nocturne qui se poursuivit jusqu’au petit matin… ?
Ressemblait-il à ce bellâtre lui qui l’avait quittée avant de partager un petit-déjeuner et qui n’avait même pas eu l’idée de lui faire livrer des fleurs ?
Comment s’appelait-il donc ?
« Lein » ?, d’ascendance bretonnante ou quelque chose comme ça ?
Ou bien s’appelait-il Nicolas et était contrebassiste au fin fond du Vercors ?
Beuh ??…
Etait-ce le bon moment et la bonne occasion pour devenir mère ?
Saurait-elle assumer cette responsabilité et élever un enfant qu’elle aura finalement fait toute seule ?
Le temps de douter, de se poser plein de questions existentielles et de tergiverser sans fin, il était trop tard pour arrêter le cours naturel des choses.
L’annonce vint à Marie et elle se détendit, cessant de s’inquiéter vainement pour l’avenir du prochain nouveau-né.
Elle reçut plein de conseils avisés de ses amies les plus proches et elle eut la sagesse de ne pas en tenir compte, à une exception près.
Elle accoucha prématurément à huit mois et un jour et ne souffrit d’aucun baby blues.
Elle apprit simplement à devenir mère jour après jour, sachant bien qu’elle serait imparfaite mais pardonnée d’avance par Vladimir, son fils.
Le père ?
Il fit son apparition cinq ans après sa naissance ; ils savaient tous deux la vérité et s’en trouvèrent très bien.
Aujourd’hui à neuf ans , il aime comme tout le monde papa et maman.
La vie, bête comme , peut sembler parfois étonnamment simple…
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