Une vie
Posté par BernartZé le 29 mars 2015
Les crises de l’âme
Longtemps espéré le repos ne vint qu’après la mort.
Toute une vie à l’attendre, toute une vie de combats acharnés livrés contre elle ; jamais de pauses, encore moins de trêves.
Petite fille elle avait été ; bien incapable de dire aujourd’hui si l’insouciance était parfois venue agrémenter ses premières années.
Elle avait eu des parents adorables, prévenants et d’autant plus attentionnés qu’elle était leur premier enfant.
Ils n’eurent pas le temps d’en avoir d’autres.
Leur passion commune pour l’aéronautique leur fut un jour fatale ; ils ne revinrent jamais d’une petite escapade africaine.
De l’autre rive ils conservèrent un œil sur leur fille de trois ans qui fut adoptée en un temps record -moins de six mois- grâce à sa jolie frimousse et ses belles boucles blondes à la Shirley Temple .
Ses parents adoptifs la choyèrent comme leur petite-fille, celle dont ils avaient rêvé à leur âge avancé.
Elle grandit, devenant une jolie jeune fille.
Mais derrière la façade s’animèrent des ombres et des fantômes de plus en plus envahissants.
A elle seule elle devint un vrai cliché de l’adolescente qui se cherche : de noir vêtue l’œil charbonneux, la était devenue son amie la plus proche. Les cérémonies de plus en plus longues et fréquentes la soulageaient de moins en moins.
Elle versa dans l’anorexie comme on tombe dans une embuscade à l’apparence d’abord avenante ; l’illusion de tout contrôler .
Ses parents ne virent rien. Elle était bonne dissimulatrice et son talent d’actrice se développa vite pour mieux se cacher et faire semblant.
Comment parvint-elle à échapper à l’hospitalisation ?
Nul ne saurait le dire ; elle expliquerait peut-être que des ressources qu’elle ignorait avoir lui avaient permis de tenir (debout) en dépit de toute logique et du bon sens.
Des cauchemars sans fin dans lesquels elle ne cessait de se noyer l’assaillaient toutes les nuits.
Sa vie sans fond n’était plus qu’un simulacre, une vie inhumaine.
Elle finit exsangue et épuisée quand son âme décida de la quitter.
Tant de guerres et de lassitude, il était temps de s’en aller.
Plus rien à espérer ni à perdre quand lui fut accordée la délivrance.
Elle avait dix-neuf ans et bien trop vécu.
Elle n’avait jamais lâché prise, l’idée même du suicide lui faisait horreur.
Simplement son âme…
Ouf !! (c’est bon quand ça s’arrête).
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