Mamanoutai ?
Posté par BernartZé le 29 mai 2015
Bonne fête maman
C’est ce que j’aimerais te dire dimanche, mais tu ne m’entendras pas.
Partie ailleurs ; mes fleurs se faneront plus vite que mes regrets de ne pouvoir t’embrasser.
Les sons et les images de mon enfance se distordent en un mélange de souvenirs d’odeurs et de saveurs.
J’ai perdu le fil, le temps s’est rompu, arrêté.
Depuis, ton canoë a dû te mener loin et te faire voguer au-delà des contrées où la mer et le ciel peuvent se discerner.
A moins qu’une lagune ne l’ait retenu pour toujours.
Je ne le saurai malheureusement jamais.
J’ai retrouvé la que tu avais perdue ou volontairement abandonnée ; c’est idiot de garder de telles reliques qui n’ont de valeur que celle signifiée par l’absence ; tellement peur d’oublier.
Mais comment serait-il possible d’oublier sa propre mère, même des années après ?
J’ai aussi retrouvé un vieux cliché édenté où tu posais, faisant semblant de jouer au badminton.
Un peu sépia un peu jauni ; c’est bête comme un souvenir impossible à rattacher au passé.
Je suis pris en entre l’oubli et mon envie de te faire revivre le temps d’une fête symbolique sans queue ni tête.
De même que l’on peut se demander ce que « représente » réellement une femme avant ou après le 8 mai de chaque année, qu’est donc une mère pendant les trois-cent-soixante-quatre autres jours ?
Un meuble, une simple commode d’utilité…familiale ?
Voilà au moins une question dont je n’ai plus à me préoccuper.
Allô maman bobo !
Perdue à jamais ; trop tôt dérobée, je ne te fêterai pas.
(© 2015/droits réservés)
Publié dans De circonstance... | Pas de Commentaire »