Ni remords ni…
Posté par BernartZé le 11 septembre 2015
Le train de 6h07
Il était tard cette nuit-là ; il était tôt quand il décida de partir.
Le temps de jeter quelques affaires dans le premier trouvé au bas de l’armoire de l’entrée et il s’était engouffré dans le métro qui heureusement roulait déjà.
Vite direction la gare la plus proche située à seulement trois stations de chez lui !
Un coup d’œil au panneau d’affichage des trains en partance ; juste le temps de se tordre un peu le cou pour le lire sans besoin d’hésiter et hop une rapidement insérée dans la borne libre-service ; c’est si pratique de ne (presque) pas réfléchir !
La destination s’était d’elle-même désignée ; le premier train serait le bon pour partir au plus tôt.
A peine si en montant il savait où le voyage le mènerait.
Tranquillement assis -plein de fatigue aussi- il dormit avant d’être réveillé par son impatience ; encore un peu et il aurait raté sa correspondance qui devait le conduire (après une vingtaine de minutes d’attente) quasiment au bout de son périple.
Un ultime trajet en car pour une quinzaine de kilomètres lui permit de plonger ses pieds dans le sable quelques secondes avant le premier coup de midi.
OUF !
Épuisé il s’endormit pour cent ans et se réveilla à l’heure du goûter lorsque sa faim lui rappela qu’il avait oublié de manger depuis le déjeuner avalé rapidement un jour plus tôt.
La faute à pas de temps, trop de travail et le manque de considération portée à sa santé.
C’est en pleine digestion qu’il avait appris l’abandon de Laure qui s’était contentée de cinq mots joliment écrits sur une simple feuille « Je pars, je te quitte » tout bêtement épinglée sur la table de la cuisine ; s’était-elle méfiée des habituels courants d’airs de la maison ?!
Le temps s’était alors brutalement suspendu et la lumière s’était soudain éteinte.
Il était retourné s’asseoir devant son bureau, inerte et déconfit durant un long moment.
Le soir il avait repris conscience en se souvenant de l’annonce qui l’avait bouleversé au point de lui faire perdre pied ; l’hiver en plein été.
Il n’avait pas réellement été surpris ; elle avait simplement mis ses menaces à exécution…sans sommations.
Sans doute fatiguée par des mois d’errance et de désamour, elle avait préféré s’en aller la première ; nul besoin d’explications vaines.
Sans doute plus courageuse que lui aussi…
Son unique réaction, sa seule hâte avait été de fuir ses tourments l’appartement et la ville.
Ne jamais revenir sur ses pas, ne pas ressasser le passé ; ne plus rêver à ce qui n’était plus.
Une année plus tard il s’était définitivement installé en bord de plage dans un chalet sur pilotis.
Il n’aimait plus.
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