Pouce, je passe
Posté par BernartZé le 25 novembre 2015
La défaite
Pour faire rire j’ai fait n’importe quoi ; j’ai marché sur des braises.
Tandis que d’autres trouvaient vite la je faisais des claquettes partout cherchant mon juste équilibre ; dans les ports comme dans les aérogares, mais surtout à l’école et…dans les magasins de chaussures.
Enfant déjà : je me souviens de l’achat d’une nouvelle paire ; quelques essais et très vite le dérapage tout en improvisades à même un parquet de bois incliné.
Un grand n’importe quoi qui fit s’enthousiasmer les vendeuses témoin de la scène.
Me croyant inspiré je m’étais imaginé porteur d’une volante à chaque pied.
Ne sachant pas danser et oubliant ma timidité, je m’étais autorisé à inventer des pas que je ne connaissais pas et qui pas-à-pas me mèneraient vers la gloire ; ou pas !
Mes parents un peu gênés furent finalement fiers et ravis d’entendre les louanges d’un enfant qu’ils n’avaient jamais pu prendre au sérieux, le pensant égocentrique et toujours cabotin ; amusant bon élève mais juste drôle et fatigant.
Un peu trop sans doute.
Odeur de corne, de la brûlure ; celle de la méprise et de l’incompréhension qui marquent à jamais la chair.
L’enfer en absurdie ; sans m’en douter j’étais déjà barré sur mon petit canoë qui allait rapidement apprendre l’amer puis l’eau.
De Charybde en Scylla, diraient d’autres plus savants, je suis tombé…jusqu’à me casser le dos et me prendre la tête ; quelle importance pour un bouffon ?!
Les années passèrent. Mal.
Après avoir beaucoup fait rire je n’ai plus distrait personne, n’étant plus divertissant.
A force de méprises et d’incompréhensions, je ne ressemblais plus du tout à celui que j’étais supposé être, ainsi que d’autres m’avaient défini.
J’étais devenu moi, malade et sinistre ; infréquentable.
Je ne riais plus et je n’avais plus envie d’amuser la galerie en faisant des galipettes verbales ; qu’ils s’amusent autrement !
Un mal pour un bien peut-être ; même si mon s’est définitivement embourbé.
Mais comme « je » est un autre…tout est bien qui finit bien (mal ?).
(© 2015/droits réservés)
Ah ! Monsieur,
que ne nous sommes nous connus plus tôt?
Vous m’auriez invité dans votre canot,
j’aurais ri de vos pirouettes
nous aurions compté fleurette !
Imaginez !
mes marins horizons peuplés d’imagettes
les vôtres, en rime et bicyclette (pour la rime)
Dans mon canoë (plutôt que « canot »…pardon pour cette précision qui m’importe) vous auriez été évidemment la bienvenue.
Peut-être m’auriez-vous trouvé un brin spirituel mais plus certainement rapidement fatigant (voire…soûlant) à force de surenchères.
Les tourments ont pris mon horizon comme les nuages vos ciels marins et…je n’ai plus la force de faire du vélo .
Le flux et le reflux de plus en plus cruels avec le temps auxquels on croyait (pouvoir) s’habituer ne vous sont pas je crois étrangers…
[Mais comme « je » est un autre…]
B.