Délires et débordements
Posté par BernartZé le 29 mars 2016
Nuits de satin noir
La volupté de ne plus être…
Revenait chaque nuit le même cérémonial.
Assise sur le lit elle diminuait l’intensité de la lampe de chevet avant de rallumer la bougie cendrée …qu’elle achetait par lots de six afin de pouvoir la remplacer dès qu’elle considérait qu’elle ne ressemblait plus à rien, faute de cire.
Alors, quand la lumière se faisait plus douce, elle pouvait commencer.
Avec un soin immense elle sortait délicatement la tablette de son emballage cartonné en prenant garde de ne pas la casser ; surtout pas !
L’enveloppe d’aluminium scellée était le dernier obstacle à franchir prudemment.
Sans se vouloir trop résistant il préférait parfois se déchirer plutôt que de se laisser faire ; un couteau était souvent nécessaire pour éviter un effroyable dommage.
Et enfin s’offraient de nouveau à sa vue les carrés magiques plein de promesses ; mats et brillants, fins et subtils.
Tout en brûlant d’impatience elle s’appliquait à découper (sans les « rompre » !) les carrés deux par deux sur la longueur puis un par un au moment de les savourer.
Procéder autrement aurait été un sacrilège.
Et alors…
Elle portait à ses lèvres le chocolat avec autant d’attentions que d’abandon et pour varier ses sensations elle dégustait des demi-carrés, les appréciant aussi en « double épaisseur ».
Seule l’expérience permet de découvrir une saveur légèrement différente.
Elle retrouvait enfin son paradis perdu qu’elle avait eu à peine le temps d’apercevoir dans sa jeunesse.
Enfin réconfortée elle sombrait, ivre et repue.
Se sachant maniaque et obsessionnelle elle n’envisageait pourtant plus de se guérir depuis longtemps.
Elle se sut dépendante à l’issue de la première nuit où elle avait dégusté deux tablettes sans même avaler une gorgée d’eau.
Et puis la porte devint de plus en plus étroite ; son corps se révolta atteignant ses limites.
La maladie mit fin à ses nuits blanches.
Enfin…
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