Méprises de guerre
Posté par BernartZé le 1 avril 2016
Le jour où j’ai cessé de vivre
Les pieds au-dessus du vide…
Je ne me souviens plus vraiment du début de mon voyage en solitude.
Très tôt les parfums de fin du monde m’ont captivé ; avant même de pouvoir en saisir toutes les fragrances j’ai senti instinctivement mes périls à venir.
En pleine lumière la sombritude me guettait déjà et j’entrevoyais les ruelles étroites qu’il me faudrait emprunter.
Quand d’autres paraissaient sûrs de leur avenir je ne cessais de faire semblant de rire aux éclats pour étouffer mes angoisses et divertir l’assemblée.
A croire que j’ai grandi dans l’antichambre d’une fin prochaine !
Et pour arranger le tout j’ai pris dès l’adolescence la mauvaise habitude de passer en boucle des morceaux de musique à se pendre, histoire de mieux appréhender l’ampleur du désastre annoncé .
Je l’ai attendu épié et espéré mais à près de quatre-vingt-trois ans je ne suis pas encore définitivement mort ; ridicule et pathétique !!
En regard de la vie la mort ne m’a jamais causé le moindre effroi.
C’est ainsi que j’ai toujours vécu, attendant une fin qui ne venait pas.
Malgré les épreuves du temps, les agressions physiques, les atteintes morales, j’ai bêtement résisté à toutes mes tempêtes.
Que personne ne songe à me plaindre je n’y pense pas moi-même !
Demain il fera nuit et l’éden promis me sera resté à jamais inconnu.
Ce devait être écrit quelque part sans doute et finalement quelle importance ?
Depuis bien longtemps déjà, j’ai cessé d’être sans le vouloir.
Depuis fort longtemps j’aurais dû disparaître et me soustraire à une existence vide de sens.
Il y a malheureusement bien plus grave ailleurs que de passer à côté de sa vie.
Est-ce ainsi que les hommes meurent sans la moindre importance ni plus de traces ?
(© 2016/droits réservés)
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