Drôle d’idée !
Posté par BernartZé le 16 avril 2016
Un simple regard
Ce que l’ennui peut faire (faire)…
Mon chien était parti en vacances, ma femme avait pris le voile (crise de foi subite) et mon fils était sous la (bonne) garde de sa grand-mère ; bref une semaine de totale vacuité.
La flemme me poussait à ne rien faire de mes journées, pas même des courses pour me ravitailler.
Je les passais assis les bras ballants, un livre sur les genoux à contempler l’horizon sans lire plus de deux pages par heure ; une vitesse de croisière très modérée.
Quand il faisait beau je m’aventurais sur le rebord de la fenêtre, les jambes au-dessus du vide, pour mieux profiter des bienfaits du bon air et du soleil.
J’étais bien.
A force de me sentir ramollir je faillis même glisser de mon promontoire comme une crème glacée coulant sous l’effet de la chaleur.
Mes heures coulaient aussi avec une nonchalance qui finit par m’inquiéter lorsque je pris conscience de ma faim.
Une visite rapide en cuisine me fit réaliser qu’il n’y avait plus rien à manger, pas même une oubliée au fond du congélateur.
J’ai tout juste retrouvé, cachée dans un placard, une conserve de même pas extra.
Mais je n’avais pas envie de pois.
Et donc, au bout de quatre jours de disette, je pris mon courage à deux mains ainsi que tout mon corps en charge pour aller au supermarket le plus proche.
Poussant mon je cherchais l’inspiration.
Comme elle ne venait pas vraiment j’ai acheté deux ou trois bouteilles d’eau, des yaourts une salade en sachet (la flemme) un avocat un ananas et un chou romanesco pour ses reliefs en forme de sapins sa part de rêve et son sens giratoire.
Et parce que je l’aime cru.
Aucune autre envie ne me vint ce jour-là si ce n’est une drôle d’idée en passant à la caisse.
Le lendemain l’ennui le manque d’appétit et l’idée de m’amuser un peu me firent quitter à nouveau mon rebord de fenêtre pour revenir sur les lieux du crime que j’avais fomenté.
Le goût du jeu et de l’aventure me fit acheter seulement cinq bouteilles de tequila, chacune différemment spéciale, quinze de tonic et un filet de .
Avant de rentrer chez moi à dos de chameau, j’ai goûté le plaisir de lire dans le regard de « l’hôtesse de caisse » (nommée ainsi aujourd’hui, par égard pour sa fonction ingrate sans doute) un mélange de surprise de consternation et de désapprobation pour l’alcoolique que je semblais être de toute évidence.
Elle n’osait presque plus me regarder au moment de payer.
Mes emplettes mises au frais, je repris ma place sur mon rebord de fenêtre, le même livre sur les genoux.
A la nuit largement tombée, à l’heure écrite par ma montre , je me suis attelé à la (grande) tâche de devenir alcoolique.
J’ai levé toute la nuit mon verre en repensant à ce regard à peine croisé.
Salud !
(© 2016/droits réservés)
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