(En rêve)
Posté par BernartZé le 22 avril 2016
Chanson pour un enterrement
Après la pluie vient le beau temps
Après la vie viennent les tourments.
Après eux les renoncements
Après la mort il n’est plus temps.
Sur mon Île Crusoé je ne vivais pas seul.
J’avais un bon ami, un jeune escargot d’environ deux ans, rencontré un mardi et qui n’avait pas de prénom puisqu’il n’en avait que faire.
Il était étonnant quand il signait dans son langage en agitant ses tentacules ; en me l’apprenant il m’avait raconté son premier marathon couru l’année précédente.
Trois tours de cocotier qu’il avait achevés en 2h55, soit un temps remarquable pour un junior à sa première tentative qui lui avait permis de finir au pied du podium.
Quand il ne s’entraînait pas nous discutions de la vie des journées entières nos trois pieds dans le sable.
J’étais un peu triste de ne pouvoir l’emmener avec moi à la pêche ; il était allergique aux algues marines.
Quand je le retrouvais, certains soirs nous barbecuisions ensemble : des fruits et des légumes sauvages pour lui et bien sûr pour moi différents poissons.
L’automne cette année-là fut particulièrement venteux et pénible.
Des arbres se couchèrent brutalement, la nature nous rappelant combien nous devions lui être redevables de ses largesses quotidiennes.
Et puis un jour par mégarde une (sans nez !) tomba en plein sur la coquille de mon cher gastéropode qui avait repris ses séances d’entraînement au pied de son arbre dès le retour au calme de Dame Nature.
Mort par KO !
Nous (une feuille morte m’accompagnant) prîmes soin de l’enterrer près de son cocotier, mais à une distance raisonnable afin d’éviter une faute de goût.
J’avais revêtu mon plus beau tee-shirt aux couleurs automnales qui s’accordaient parfaitement avec les tons de la feuille.
Nous chantèrent tristement.
Si petite et si belle « mon » île offerte aux quatre vents…
(© 2016/droits réservés)
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