Pigeons cherchent refuge

Posté par BernartZé le 31 mai 2016

Soleil noyé

Il est mort le soleil

(sniff !)

  

            Noyé par les flots !

 

     On nous l’avait d’abord voilé, puis caché et finalement dérobé ; il est à présent totalement perdu de vue.

Alerte enlèvement  Etat d’urgence suite à une disparition inquiétante : prénommé « Soleil », vieux comme le monde, souvent décrit comme un astre à la personnalité bipolaire d’humeur et d’intensité variable, sans autre adresse que le ciel, absent des réseaux sociaux, sur liste rouge ou impossible à contacter faute d’abonnement à l’année.

Certains témoins affirment qu’il faisait grise mine depuis plusieurs semaines ; d’autres pensent qu’il est parti se ressourcer dans une autre galaxie le temps d’une thalassothérapie bienfaisante, d’autres mers d’autres cieux.

Un bain de jouvence pour retrouver son chemin de lumière Thalasso.

 

     Mais il pleut et pleure toujours ici-bas.

Pluie (2)   

R.G. est d’ores et déjà en péril cette année, moins les terrains herbeux qui acceptent de boire de l’eau plus que de raison pour le grand plaisir des vingt joueurs se courant les uns après les autres comme des gamins.

Où donc est-il passé ce soleil qui autrefois savait nous réchauffer fidèlement à la belle saison…du temps où une année en comptait encore quatre, lorsque Vivaldi ou Arcimboldo avaient le loisir de les célébrer ?

Noé va-t-il devoir reprendre du service pour nous sauver encore une fois L'arche de Noé (par Mihoub) ?

Où bien nous faudra-t-il ressortir de sa cale le bon vieux canoë Même canoë (30 ans plus tard) d’autrefois ?

Pas sûr que nous puissions en sortir vivants à présent tant les dieux semblent nous être contraires !

L’heure de la punition et des représailles est venu ; il va falloir assumer nos manquements et nos actes en payant le prix fort.

La Nature a bien raison de nous condamner ainsi tant nous lui avons manqué de respect.

Trop longtemps tolérante elle peut bien aujourd’hui crier « vengeance ! » et demander des comptes à tous les êtres inhumains accueillis en son sein.

Il ne nous restera plus qu’à nous lamenter vainement lorsque ça délugera à toute vapeur Pluie d'arc-en-ciel indéfiniment.

 

            Des agressions répétées aux promesses non tenues nous avons fait tout notre possible pour faire partir le soleil ; s’il meurt nous mourrons tous, avant même d’avoir le temps d’aller à ses funérailles.

Mais comme il est moqueur, un brin joueur et espiègle, espérons qu’il reviendra bien vivant de sa thalasso, juste histoire de nous rappeler que sans lui nous ne sommes rien.

  

 

Et Si le soleil ne revenait pas (Claude Goretta, 1987) ?

(© 2016/droits réservés)

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Tout dans la pince !

Posté par BernartZé le 28 mai 2016

Crabe violoniste (par Korosumaru)

Seul sur le sable

  

            Tous les soirs à la nuit tombée il invoquait la Pleine lune.

 

     Trouver l’inspiration était son seul désir son unique dieu sa quête infinie.

Ses parents l’avaient ainsi fait : ni boxeur ni dormeur ni honteux mais musicien, exclusivement violoniste.

Il s’était bien essayé au piano dans l’enfance, mais ses pinces se coinçaient régulièrement entre deux touches et l’alternance du noir et blanc lui donnait le cafard l’empêchant de progresser au point de tourner en rond Clavier circulaire ; faute de repères son horloge biologique s’était même détraquée jusqu’à interrompre sa croissance durant sept mois.

Et le LE violon était naturellement apparu dans sa vie ; il l’avait aussitôt trouvé superbe et magnifique !

L’entente avait été immédiate et son apprentissage se fit vite entre deux grandes marées.

A peine avait-il caressé l’instrument qu’il s’était jeté dessus voracement tout en douceur comme sortant d’une longue apnée et respirant enfin à pleines branchies.

Étrange impression de revenir de loin, du temps où un archer était familier de ses veines W.S..

 

     L’âge du n’importe quoi étant révolu il avait fait preuve d’un talent incroyable et la maîtrise de son art le fit concertiste en peu de lunes.

Sa renommée prit de l’ampleur et des bancs entiers de crevettes Banc de crevettes vinrent l’écouter jouer en bord de mer.

Les réseaux sociaux (!) se chargèrent de le faire connaître bien au-delà de ses rives.

Il refusa d’entendre les promesses et les chants des sirènes que des agents artistiques étaient venus lui faire miroiter Sirène (de la renommée).

Il dédaigna aussi les propositions d’enregistrements musicaux censés accroître une valeur commerciale dont il n’avait que faire.

Ainsi se fit sa vie, plus proche de son cousin l’hermite que de Jascha Heifetz.

Un raz-de-marée ayant emporté ses parents il devint triste et son violon se tut.

Une dépression plus tard il retrouva l’envie le désir et l’amour de la musique.

Il retrouva également un public sur sa plage dévastée : un banc de saumons mélomanes Pavé saumon ; non un banc Banc de saumon pas un pavé !

 

            Aqua ; à quoi pourrait se résumer son existence ?

Une révélation, du sable et des frissons ; une belle vie d’artiste.

 

  

Violon (2)

(© 2016/droits réservés)

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The big dodo

Posté par BernartZé le 25 mai 2016

Dolmen (Lanyon Quoit, Cornouailles - photo de Martin Eager)

S’en aller reposer

           

            C’était un aquoiboniste mi gai et un peu triste.

 

     Il rêvait de dormir, trop fatigué pour continuer à vivre ; un peu las par ailleurs.

Pensant avoir déjà tout vécu tout éprouvé tout ressenti il avait oublié ses révoltes et Lautréamont ; plus rien ne l’exaltait.

A force de déchanter et de se voir refaire les mêmes gestes chaque jour il avait failli se noyer dans l’ennui.

Hier ressemblant à demain il avait perdu la notion du temps et ses semaines pouvaient durer des mois comme ses mois des semaines.

Il était devenu si drôle et joyeux qu’un oiseau était tombé à la renverse de son rebord de fenêtre rien qu’en le voyant sourire !

De là à croire à un pouvoir maléfique…

Son sens de l’humour s’était dissous dans l’eau froide et il ne savait plus que grimacer.

 

     A quoi bon sortir pour se promener quand il pleuvrait sûrement ?

A quoi bon manger alors que tout lui paraissait insipide ?

A quoi bon se lever chaque matin pour affronter sans joie un nouveau jour qui l’épuiserait davantage ?

Et de se convaincre qu’il n’avait plus rien à faire ici-bas.

Trop vieux pour prendre la mer et fuir au large, il prit la tangente et commença à chercher sa sépulture.

L’idée lui vint un jour qu’un simple dolmen monté sur pilotis (ou quelques menhirs) ferait parfaitement l’affaire à condition de prévoir une ribambelle de coussins.

Enfin une perspective amusante.

Prenant son courage à deux mains et trois trains il visita le site de Carnac, ses pierres et ses pôles d’attraction ; à même la roche qu’il éprouva il se coucha à l’abri des regards.

Il faillit s’endormir à jamais ; le test était probant.

Un jour prochain, ici ou ailleurs, ses nuits seraient de nouveau douces.

 

            Un siècle (un jour un an ?) plus tard il trouva son bonheur l’élue de son cœur et le lieu où son âme pourrait enfin se reposer.

Une pierre juchée tout là-haut non loin du ciel dans les Cornouailles Lanyon Quoit.

Cette seule vue au bord de l’eau l’attira, l’étreignant, par ses couleurs et son ciel mouvant.

Son sang n’eut pas le temps de faire un tour que son billet d’avion, un aller simple, était pris.

Pas de nouvelles depuis.

 

     Faim de fin.

  

 

L'aquoiboniste - Serge Gainsbourg (1977) 

(© 2016/droits réservés)

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In fine

Posté par BernartZé le 25 mai 2016

Œil gauche      Œil droit

D’en avoir trop vu

 

             Ce sont les yeux qui changent le moins.

Ils font de la résistance…jusqu’à ce que le regard se voile.

 

     Puis…

 

Œil clos gauche   Œil clos droit 

(© 2016/droits réservés)

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Par anticipation rétroactive

Posté par BernartZé le 22 mai 2016

Vous qui Passat (Volkswagen) sans me voir

  

            Ce mardi-là j’étais de bonne humeur ; il ne pleuvait pas et je m’apprêtais à fêter mes trente printemps en cette veille d’un nouvel été.

 

     Je pédalais calme et tranquille sur mon petit vélo Vélib' ; enfin pas tout à fait tranquille étant donné son poids conséquent et mes forces musculaires dignes de quelqu’un toujours à la veille de se remettre à faire un peu de sport, juste histoire de se maintenir en forme.

Ma trop grande négligence faisait que nous n’étions pas très loin d’afficher le même poids !

Mais je m’en balançais ayant décidé de goûter pleinement cette journée du 20 juin 2023 ; hors de question qu’elle puisse s’avérer aussi funeste que celle de l’année précédente qui nous avait laissé nous éloigner d’accord sur nos désaccords définitifs.

Une page s’était tournée, plus lourde que le bicycle sur lequel je transpirais déjà au bout d’un premier quart d’heure d’efforts.

J’avais porté le deuil durant suffisamment longtemps pour refuser de commencer une nouvelle décennie empreint de tristesse et de nostalgie ; inutile de revenir en arrière et de pédaler à rebours comme un pauvre diable !

Et cependant -sans m’en rendre compte- je remontais la Butte-aux-Cailles toisant la piscine et faisant un coucou à Verlaine La Fontaine Verlaine ; j’avais longtemps travaillé dans ce quartier dans lequel je n’avais pas remis les pieds ni les roues depuis de nombreuses années ; ce matin-là l’idée d’une balade m’était venue sous prétexte de me faire du bien.

Quelle drôle d’idée de retourner dans cet arrondissement où j’avais de si nombreux souvenirs !

D’autant que par la suite j’étais redescendu pour rouler un peu vers le nord et traverser le boulevard jusqu’à atteindre les rivages où nous avions vécu.

 

     C’est dans l’avenue des Gobelins dont je connaissais par cœur toutes les salles de cinéma (presqu’aussi bien que celles tant chéries du Quartier Latin) que je me suis soudain arrêté.

Je t’ai aperçue de l’autre côté de l’avenue descendant de voiture ; une familiale qui semblait bien remplie : un passager avant et le plein d’enfants ; une seule année pourtant s’était écoulée.

Vous ne m’avez bien sûr pas vu sur mon « petit » vélo stoppé dans son élan.

J’ignore ce que tu semblais chercher le nez en l’air ; je sais simplement que j’ai regretté cette balade sur les lieux d’hier.

Quel intérêt de se faire plus de mal que de bien en se replongeant ainsi dans un passé qui restera à jamais présent ?

Nous ne sommes plus, soustraits l’un à l’autre.

 

     Ras-le-bol des éternels retours L'éternel retour (Jean Delannoy, 1943), la vie n’est pas un art et fait rarement dans la dentelle !

Ce serpent qui se mord la queue est à bannir désormais ; à vomir Le serpent qui se mord la queue !

 

            Ce 20 juin 2023 s’est achevé seul, comme il était prévu.

La tête dans les nuages plutôt que dans le guidon.

 

Parisien en vadrouille 

(© 2016/droits réservés)

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Sans foi ni poids

Posté par BernartZé le 19 mai 2016

Tous plumés !

Ça va aller !

(façon méthode Coué)

 

             Mais bien sûr que tout ira bien quand nous n’aurons plus mal ni faim de rien.

 

     Tout de plumes vêtus, plus légers que l’air, nous décollerons de terre en route vers un ailleurs.

Nos coiffures d’iroquois, au naturel Isabelle A., Subway, 1985 ou pas Marlène D., Angel (E. Lubistch, 1937), faciliteront notre envol définitif.

Promis juré plus rien ne nous pèsera alors que nous aurons presque oublié notre bref passage ici-bas.

La peur et l’angoisse seront à jamais effacées, les âmes et les corps meurtris par la vie brilleront de nouveaux feux.

A peine si nous auront encore conscience d’avoir vécu.

 

     Mais que signifie « vivre » ?

Question naïve s’il en est que certains pourraient juger stupide ou vaine.

Qui s’aventurerait à faire de nos existences un seul et même portrait Esquisse où tous se reconnaîtraient ?

A la question super-banco du Jeu des Jeu des mille francs francs (autre temps autre monnaie et dernier billet en date le Richelieu 1000 francs Richelieu que très peu ont connus) l’enjeu pour celle-ci est conséquent et la réponse vaut sans aucun doute plus de mille euros (tout augmente !) pour qui saura en faire un résumé exhaustif.

 

[Une vie : naître et mourir, entre ces deux événements faire son possible (version minimaliste) ?]

 

La vie est merveilleuse Wonderful life - Black (1987)  comme chacun sait, faite de solitude de nuages et d’éclaircies entre deux ondées.

Le plus incroyable n’est-il pas de la trouver réellement ainsi alors que des -plus ou moins- semblables n’en retiennent que les douleurs et les (longues) épreuves ?

L’ironie de la chose est dans cette concomitance qui révèle l’humanité dans sa variété faite de contradictions (apparentes) : certains jouissent pleinement quand d’autres se désespèrent.

Ce qui dans l’absolu pourrait sembler injuste…ne l’est pas ; tout dépend des circonstances et du vécu de chacun.

Inutile d’invoquer la malchance ou une quelconque malédiction ; l’héritage explique beaucoup sans pourtant justifier ses dommages.

L’amour, son manque, font toute la différence.

Erasure - Oh L'amour (1986) 

 

            Oh oh Mister Coué !

Permettez-nous de douter de votre méthode basée sur l’autosuggestion qui -parfois- ne mène nulle part.

Moins l’on parvient à se sentir mieux, plus l’on se sent coupable d’échouer.

Et l’on se persuade de ne pas être capable de vivre comme les autres.

Tous les vides ne se comblent pas…

  

 

Emile Coué 

(© 2016/droits réservés)

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Quel grand malheur !

Posté par BernartZé le 16 mai 2016

Fenouil

Le drame absolu

  

            C’était l’hiver.

 

     Le froid était certain tout au nord de là-haut comme à l’extrême ouest d’un pays ravagé par des vents contraires et malvenus.

Le soleil qui ne brillait pas par son assiduité n’y pouvait rien depuis longtemps, ayant même renoncé certains matins à se lever.

Alors évidemment, de retour du dehors où il s’emmitouflait Emmitouflé pour supporter l’épreuve, il rêvait de trouver un peu de chaleur.

Dedans l’humanité ayant déserté son lieu de vie, il se collait au radiateur Vieux radiateur hydraulique sitôt dévêtu, allant jusqu’à glisser ses mains entre les tubes dans l’espoir de les réchauffer.

C’était un peu mieux sans pour autant lui permettre de sentir monter en lui les bienfaits d’une source calorifère plus très jeune et souffrant de problèmes de circulation.

Son métabolisme n’était pas davantage fiable depuis qu’il avait perdu en trois mois la moitié de son poids, quitte à basculer dangereusement dans un état de dénutrition pouvant le mener tout droit aux urgences de l’hôpital du coin situé à environ cent-cinquante kilomètres de chez lui.

Il s’en fichait, obsédé par son envie de se refaire une beauté, comme du temps où il était jeune…et pas spécialement beau.

 

     Sa recette secrète était d’une grande simplicité : il ne mangeait que des feuilles de fenouil, sans assaisonnement bien sûr, directement sorti du réfrigérateur ; un authentique délice en plein cœur de l’hiver !

A hue et à dia armé de son couteau à même la planche de bois Feuilles de fenouil il s’échinait à trancher pour préparer son festin.

Puis assis, trois couches de fausse laine sur le dos (deux pulls et un gilet) il prenait tout son temps pour mâcher en s’efforçant de ne pas grimacer ni frissonner.

C’était délicieux, un véritable régal !

Certes, flottant dans ses vêtements, il ne ressemblait plus à rien, mais l’important n’était-il pas d’avoir atteint l’objectif qu’il s’était fixé ?

Le soir de son premier malaise, se réveillant à même le sol, il eut un léger doute sur la méthode employée.

Quelques médecins le prirent pour un fou au point de vouloir l’interner de force.

Il leur sut gré de leurs bons conseils et s’en retourna chez lui parfaire sa condition physique et son procédé (jamais officiellement déposé).

Pour retrouver un peu de goût et de vigueur -il s’autorisa de temps en temps des cèpes piochés à même le bocal Bocal de cèpes ; bien égouttés sans plus de kilocalories, c’était une bonne alternative.

Et après un détour de quinze secondes par le micro-ondes il pouvait enfin manger chaud.

 

            A trente-et-un ans il était fier d’avoir réussi à supporter l’épreuve du miroir en pied, malgré la nécessité de marcher désormais avec une canne sur laquelle s’appuyer dignement dans la rue.

 

     Il déteste désormais le goût de l’anis.

 

  

Anis vert  Canne en bois

(© 2016/droits réservés)

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De pires dépits

Posté par BernartZé le 13 mai 2016

En équilibre instable

Vingt coups de pieds dans la lune

  

            Tout un poème !

 

     Une vieille photo remontant à nos jeunes années suffit parfois à nous faire replonger dans des abîmes de perplexité.

Avons-nous bien vécu ? Avons-nous touché du doigt nos rêves d’enfant ?

En se penchant sur la photo on s’épanche et l’on se souvient.

La mémoire se réveille au fur et à mesure que remontent à la surface les images du passé.

Phénomène ordinaire en forme d’échappée pour trouver un peu de chaleur perdue quand le réconfort brille par son absence.

Comme s’il fallait toujours se faire consoler alors que, devenu adulte, il serait grand temps de s’assumer seul sans recourir à ce genre d’artifices en forme de planche de salut.

Certains repensent à un premier amour, d’autres au temps heureux où leurs parents plein d’attentions savaient les rassurer quand ils les surprenaient au bord des larmes.

Il existe aussi ceux qui se gavent tous les soirs de tapas Coques au naturel leur rappelant leurs origines méditerranéennes ou ceux-là qui s’abreuvent de potages (déshydratés !) aux vermicelles de haricot mungo Potage à la volaille dans l’espoir d’un retour en Asie où ils ont vu le jour et vécu leur enfance.

C’est par le ventre qu’ils se souviennent.

 

     A quoi sert-il de remonter sans cesse cette vieille toquante Vieille toquante qui nous accuse et nous montre de la pointe de ses aiguilles notre faiblesse et nos lâchetés accumulées au fil des années ?

L’espoir d’une rédemption ne suffira pas à nous sauver, pas même à toutes jambes.

Point de salut ni de soulagement en perspective ; pas moyen d’éviter la confrontation avec un sentiment sourd, une confusion qui temporise avant de délivrer son implacable verdict : nous avons tous échoué !

Seuls les vaniteux et les plus imbus s’inventent une glorieuse réussite en s’imaginant avoir réalisé tous leurs rêves ; ils oublient la multitude de concessions et de petits compromis égarés en chemin.

 

            L’équilibre d’une vie est instable ; un coup de vent, une vague, un front dépressionnaire et hop la bascule !

Il est vain de le nier et de donner des coups de pieds dans sa destinée.

L’indécision et le doute sont humains, la faiblesse également même si elle est rarement excusée.

Apprendre à se pardonner est peut-être le plus impossible des défis lancés à soi-même.

Comme si une force intérieure nous empêchait toujours d’accepter nos limites avec humilité.

On peut chuter Chuter mille fois et se relever encore ; on peut baisser les bras parfois.

 

     Il importe de savoir que certains jeux de cartes SONY DSC sont truqués…

  

 

Moon (Adrian Limani) 

(© 2016/droits réservés)

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De simples faits

Posté par BernartZé le 10 mai 2016

Jetée

Sur la digue jetée à même l’amer

  

            Une femme seule assise sur un banc ; personne ne la voyait plus.

 

     Tous les matins et tous les soirs elle revenait là se poser intranquille.

Pour admirer les couleurs du ciel et de la mer, pour réfléchir et se souvenir.

Non pas du temps passé mais de la vie qu’elle n’avait pas vécue.

Tout en refusant de céder à la tristesse et au découragement elle ne pouvait s’empêcher parfois de s’emplir de mélancolie ; et des vagues sans cesse revenaient heurter son âme.

Sa Joie de Vivre s’en était allée par mégarde ou par inadvertance (subtile nuance qu’elle ne cessait de ressasser interrogeant les flots) quand elle avait à peine vingt ans.

Dans sa belle insouciance elle attendait tout de la vie ; sa naïveté la mena à sa première désillusion : son ange avant de déchoir, avait pris le temps de lui faire des promesses mensongères, cadeau d’une fausse bague de fiançailles Bague argent et d’une perte de sens avant de disparaître.

Rien de très original ; ensuite juste des lettres restées sans réponse et des silences sans appel.

Elle apprit le désenchantement et le déni pour fuir les regrets.

Puis vint le sang sur les poignets ; par mégarde ou bien ?

 

     Et tout devint chaos.

Ou plus exactement, pour en rire, un enchevêtrement de multiples problèmes existentiels et autres, façon plâtrée de Spaghetti.

Goûteux (oh combien !) copieux et indigeste.

Non seulement incapable de se remettre de ce choc frontal avec ses propres sentiments ambigus, elle avait dû faire face à un arrêt brutal de sa vie, pied au plancher, frein et talon écrasés Pédale de frein (photo jaunie par le temps).

C’est alors que, sans aucune logique, elle prit l’habitude de venir voir la mer tous les jours ; elle n’avait pas trente ans.

Elle ne marchait plus qu’en ballerines en pointant son regard vers l’horizon le plus lointain.

Elle s’asseyait toujours sur le dernier banc de la jetée ; drôle de banc, cloué à même le bois, mais tout de même un peu branlant ; drôle de jetée aussi qui semblait flotter sans pilotis en équilibre précaire.

Exactement comme elle se sentait être par tous les temps.

 

     Sa promenade biquotidienne était devenue si incontournable qu’elle la faisait même les jours où elle aurait préféré ne pas quitter son lit.

Ses dépressions climatiques, au lieu de la plonger dans des abîmes la tirant vers le fond, la faisait s’esclaffer sans raison apparente.

Certains la croyait devenue folle ; elle savait sa raison saine comme elle s’avouait ne plus rien attendre, sauf une vague peut-être.

 

            A-t-elle glissé dans l’eau par mégarde ou par inadvertance ?

Non, elle a juste disparu des radars…

 

Ballerines

(© 2016/droits réservés)

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Comme un parfum de fin du monde

Posté par BernartZé le 7 mai 2016

Rien à dire

Pas grave

  

            Je n’ai pas envie d’écrire.

            J’ai juste envie de mourir, mais c’est pas grave.

 

     À force de jeux de je et de moâ cachés derrière les mots, il y a de quoi perdre de vue l’idée initiale qui n’était pas de parler de soi mais des autres.

Tendre à tous un miroir pour suggérer que si nous sommes différents nous avons bien des points communs ; d’où l’importance des nuances.

Mais l’heure est-elle encore aux dégradés de couleurs Dégradé de couleurs et à l’étude des multiples sens des mots de notre langue supposée riche ?

Plus le temps de jouer sur toute la gamme des tons, tout doit aller vite pour communiquer de plus en plus avec un minimum de signes.

Bientôt viendra peut-être le jour où il suffira de s’envoyer des « photos » (!) et des émoticônes pour nous parler ; et la forme aura définitivement pris le pas sur le fond.

Tristes tropiques Tristes tropiques - Gérard Manset (Revivre, 1991) (« Ne pas singer les autres, faire comme si / Ne pas aller dansant de façon mécanique ») !

 

     Ce n’est vraiment pas grave si un simple plumitif que personne ne lit n’écrit plus faute de n’avoir plus rien de nouveau à dire.

L’absence de talent nuit non seulement à sa santé mais aussi à celle des autres qui se fichent pas mal de ses sautes d’humeur et de ses borborygmes.

Pourvu que la couche d’ozone ne soit pas mise en péril lors de l’autodafé Autodafé !

Une fois les bases du langage humain oublié il nous restera d’autres façons de nous exprimer, en se tapant les uns sur les autres à coups de gaule ou de massue Massue (têtes de morts) tels nos ancêtres par exemple.

La raison du plus fort servira de seul argument pour prendre à nouveau le dessus sans palabres inutiles.

« Jadis et naguère » Jadis et naguère - Gérard Manset (1998) sont d’un temps révolu dont nul ou presque ne se souvient ; d’une logique évidente pour qui veut aller de l’avant.

Si le monde devient fou nous en boirons le jus jusqu’à la lie sans autre échappatoire que la mort.

Tant pis pour ceux qui resteront à la traîne.

 

            Il sera alors temps de se taire et de renoncer à partager des mots que l’on croyait universels.

Il sera temps de se pendre à son cou et de lâcher du lest…

 

  

Revivre - Gérard  Manset, 1991  Nouveau monde  Vers un nouveau monde ?…

(© 2016/droits réservés)

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