De simples faits

Posté par BernartZé le 10 mai 2016

Jetée

Sur la digue jetée à même l’amer

  

            Une femme seule assise sur un banc ; personne ne la voyait plus.

 

     Tous les matins et tous les soirs elle revenait là se poser intranquille.

Pour admirer les couleurs du ciel et de la mer, pour réfléchir et se souvenir.

Non pas du temps passé mais de la vie qu’elle n’avait pas vécue.

Tout en refusant de céder à la tristesse et au découragement elle ne pouvait s’empêcher parfois de s’emplir de mélancolie ; et des vagues sans cesse revenaient heurter son âme.

Sa Joie de Vivre s’en était allée par mégarde ou par inadvertance (subtile nuance qu’elle ne cessait de ressasser interrogeant les flots) quand elle avait à peine vingt ans.

Dans sa belle insouciance elle attendait tout de la vie ; sa naïveté la mena à sa première désillusion : son ange avant de déchoir, avait pris le temps de lui faire des promesses mensongères, cadeau d’une fausse bague de fiançailles Bague argent et d’une perte de sens avant de disparaître.

Rien de très original ; ensuite juste des lettres restées sans réponse et des silences sans appel.

Elle apprit le désenchantement et le déni pour fuir les regrets.

Puis vint le sang sur les poignets ; par mégarde ou bien ?

 

     Et tout devint chaos.

Ou plus exactement, pour en rire, un enchevêtrement de multiples problèmes existentiels et autres, façon plâtrée de Spaghetti.

Goûteux (oh combien !) copieux et indigeste.

Non seulement incapable de se remettre de ce choc frontal avec ses propres sentiments ambigus, elle avait dû faire face à un arrêt brutal de sa vie, pied au plancher, frein et talon écrasés Pédale de frein (photo jaunie par le temps).

C’est alors que, sans aucune logique, elle prit l’habitude de venir voir la mer tous les jours ; elle n’avait pas trente ans.

Elle ne marchait plus qu’en ballerines en pointant son regard vers l’horizon le plus lointain.

Elle s’asseyait toujours sur le dernier banc de la jetée ; drôle de banc, cloué à même le bois, mais tout de même un peu branlant ; drôle de jetée aussi qui semblait flotter sans pilotis en équilibre précaire.

Exactement comme elle se sentait être par tous les temps.

 

     Sa promenade biquotidienne était devenue si incontournable qu’elle la faisait même les jours où elle aurait préféré ne pas quitter son lit.

Ses dépressions climatiques, au lieu de la plonger dans des abîmes la tirant vers le fond, la faisait s’esclaffer sans raison apparente.

Certains la croyait devenue folle ; elle savait sa raison saine comme elle s’avouait ne plus rien attendre, sauf une vague peut-être.

 

            A-t-elle glissé dans l’eau par mégarde ou par inadvertance ?

Non, elle a juste disparu des radars…

 

Ballerines

(© 2016/droits réservés)

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