Quel grand malheur !

Posté par BernartZé le 16 mai 2016

Fenouil

Le drame absolu

  

            C’était l’hiver.

 

     Le froid était certain tout au nord de là-haut comme à l’extrême ouest d’un pays ravagé par des vents contraires et malvenus.

Le soleil qui ne brillait pas par son assiduité n’y pouvait rien depuis longtemps, ayant même renoncé certains matins à se lever.

Alors évidemment, de retour du dehors où il s’emmitouflait Emmitouflé pour supporter l’épreuve, il rêvait de trouver un peu de chaleur.

Dedans l’humanité ayant déserté son lieu de vie, il se collait au radiateur Vieux radiateur hydraulique sitôt dévêtu, allant jusqu’à glisser ses mains entre les tubes dans l’espoir de les réchauffer.

C’était un peu mieux sans pour autant lui permettre de sentir monter en lui les bienfaits d’une source calorifère plus très jeune et souffrant de problèmes de circulation.

Son métabolisme n’était pas davantage fiable depuis qu’il avait perdu en trois mois la moitié de son poids, quitte à basculer dangereusement dans un état de dénutrition pouvant le mener tout droit aux urgences de l’hôpital du coin situé à environ cent-cinquante kilomètres de chez lui.

Il s’en fichait, obsédé par son envie de se refaire une beauté, comme du temps où il était jeune…et pas spécialement beau.

 

     Sa recette secrète était d’une grande simplicité : il ne mangeait que des feuilles de fenouil, sans assaisonnement bien sûr, directement sorti du réfrigérateur ; un authentique délice en plein cœur de l’hiver !

A hue et à dia armé de son couteau à même la planche de bois Feuilles de fenouil il s’échinait à trancher pour préparer son festin.

Puis assis, trois couches de fausse laine sur le dos (deux pulls et un gilet) il prenait tout son temps pour mâcher en s’efforçant de ne pas grimacer ni frissonner.

C’était délicieux, un véritable régal !

Certes, flottant dans ses vêtements, il ne ressemblait plus à rien, mais l’important n’était-il pas d’avoir atteint l’objectif qu’il s’était fixé ?

Le soir de son premier malaise, se réveillant à même le sol, il eut un léger doute sur la méthode employée.

Quelques médecins le prirent pour un fou au point de vouloir l’interner de force.

Il leur sut gré de leurs bons conseils et s’en retourna chez lui parfaire sa condition physique et son procédé (jamais officiellement déposé).

Pour retrouver un peu de goût et de vigueur -il s’autorisa de temps en temps des cèpes piochés à même le bocal Bocal de cèpes ; bien égouttés sans plus de kilocalories, c’était une bonne alternative.

Et après un détour de quinze secondes par le micro-ondes il pouvait enfin manger chaud.

 

            A trente-et-un ans il était fier d’avoir réussi à supporter l’épreuve du miroir en pied, malgré la nécessité de marcher désormais avec une canne sur laquelle s’appuyer dignement dans la rue.

 

     Il déteste désormais le goût de l’anis.

 

  

Anis vert  Canne en bois

(© 2016/droits réservés)

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