Par anticipation rétroactive

Posté par BernartZé le 22 mai 2016

Vous qui Passat (Volkswagen) sans me voir

  

            Ce mardi-là j’étais de bonne humeur ; il ne pleuvait pas et je m’apprêtais à fêter mes trente printemps en cette veille d’un nouvel été.

 

     Je pédalais calme et tranquille sur mon petit vélo Vélib' ; enfin pas tout à fait tranquille étant donné son poids conséquent et mes forces musculaires dignes de quelqu’un toujours à la veille de se remettre à faire un peu de sport, juste histoire de se maintenir en forme.

Ma trop grande négligence faisait que nous n’étions pas très loin d’afficher le même poids !

Mais je m’en balançais ayant décidé de goûter pleinement cette journée du 20 juin 2023 ; hors de question qu’elle puisse s’avérer aussi funeste que celle de l’année précédente qui nous avait laissé nous éloigner d’accord sur nos désaccords définitifs.

Une page s’était tournée, plus lourde que le bicycle sur lequel je transpirais déjà au bout d’un premier quart d’heure d’efforts.

J’avais porté le deuil durant suffisamment longtemps pour refuser de commencer une nouvelle décennie empreint de tristesse et de nostalgie ; inutile de revenir en arrière et de pédaler à rebours comme un pauvre diable !

Et cependant -sans m’en rendre compte- je remontais la Butte-aux-Cailles toisant la piscine et faisant un coucou à Verlaine La Fontaine Verlaine ; j’avais longtemps travaillé dans ce quartier dans lequel je n’avais pas remis les pieds ni les roues depuis de nombreuses années ; ce matin-là l’idée d’une balade m’était venue sous prétexte de me faire du bien.

Quelle drôle d’idée de retourner dans cet arrondissement où j’avais de si nombreux souvenirs !

D’autant que par la suite j’étais redescendu pour rouler un peu vers le nord et traverser le boulevard jusqu’à atteindre les rivages où nous avions vécu.

 

     C’est dans l’avenue des Gobelins dont je connaissais par cœur toutes les salles de cinéma (presqu’aussi bien que celles tant chéries du Quartier Latin) que je me suis soudain arrêté.

Je t’ai aperçue de l’autre côté de l’avenue descendant de voiture ; une familiale qui semblait bien remplie : un passager avant et le plein d’enfants ; une seule année pourtant s’était écoulée.

Vous ne m’avez bien sûr pas vu sur mon « petit » vélo stoppé dans son élan.

J’ignore ce que tu semblais chercher le nez en l’air ; je sais simplement que j’ai regretté cette balade sur les lieux d’hier.

Quel intérêt de se faire plus de mal que de bien en se replongeant ainsi dans un passé qui restera à jamais présent ?

Nous ne sommes plus, soustraits l’un à l’autre.

 

     Ras-le-bol des éternels retours L'éternel retour (Jean Delannoy, 1943), la vie n’est pas un art et fait rarement dans la dentelle !

Ce serpent qui se mord la queue est à bannir désormais ; à vomir Le serpent qui se mord la queue !

 

            Ce 20 juin 2023 s’est achevé seul, comme il était prévu.

La tête dans les nuages plutôt que dans le guidon.

 

Parisien en vadrouille 

(© 2016/droits réservés)

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