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Une fille des fils

Posté par BernartZé le 9 juin 2016

En route pour la gloire

En route pour la gloire

  

            De sa Thaïlande natale elle avait conservé très peu d’images : deux ou trois photos et quelques souvenirs.

 

     Elle se rappelait très bien par exemple le goût de la soupe au poulet et aux vermicelles de soja Soupe thaï au poulet et aux vermicelles qu’on lui servait tous les midis et tous les soirs ; elle mangeait souvent seule, ses parents étant très occupés ailleurs.

Tous deux enseignants missionnés par l’état français pour aller planter quelques graines de culture dans un pays inconnu, ils étaient partis à l’aventure cinq années avant sa naissance qui n’était pas précisément attendue et qu’ils prirent en souriant comme toutes les surprises -bonnes ou mauvaises- que leur réservait le destin.

Sa mère s’était dépêchée d’accoucher afin de ne pas perdre un temps précieux et vite retrouver son mari et leurs croisades.

Elle n’allaita pas, une autre le fit pour elle ce qui était fort pratique ; et puis après tout la petite ne pouvait voir la différence, le plus important étant qu’elle fût nourrie à heures régulières et qu’elle dormît bien.

Dans la maison sur pilotis Maison sur pilotis en bord de route, parents et enfant ne se croisaient pas souvent pour de simples questions d’horaires assez peu compatibles.

Elle revoyait bien le jour où une gouvernante l’avait conduite à son premier goûter d’anniversaire ; elle se souvenait parfaitement des deux frères Deux frères qu’elle n’avait pas quittés durant la « fête » (un peu triste), un grand sage aux oreilles décollées et un petit joufflu.

L’aîné au nœud papillon était supposé être au cœur de toutes les attentions le jour de ses six ou sept ans et il paraissait oublié dans son coin, flanqué de son frère à la mine apeurée.

Elle ne les revit jamais.

 

     C’est le lendemain que les médecins décelèrent chez elle un souffle au cœur et que ses parents alertés prirent la décision de retrouver leur mère patrie, neuf ans après l’avoir quittée, pour la faire soigner au mieux.

Assez rapidement fut diagnostiqué l’aspect bénin (anorganique) de ses souffles cardiaques et tout rentra dans l’ordre.

Ils purent enfin défaire tous les trois les cartons et s’installer dans un joli petit mas de Provence Mas de Provence tout pierreux tout fleuri…directement construit sur un terrain herbeux.

Tandis que ses parents éprouvaient certaines difficultés à se réadapter à une vie plus quotidienne, elle grandit en rêvant, reprenant tranquillement des couleurs non loin d’un champ de tournesols PICT5827.JPG ; un vrai cliché d’enfance !

En surveillant son souffle, à plat ventre sur son lit, elle dévorait émerveillée les pages d’une revue de cinéma Revue Cinemonde (n°475 - 1937) très en vogue.

Elle se voyait déjà…

 

     Elle avait une mauvaise vue ; myope et astigmate, ce qui faisait beaucoup pour voir loin !

Même dotée d’une ancienne paire de jumelles de théâtre Ancienne paire de jumelles de théâtre (héritée de sa grand-mère paternelle qu’elle n’avait pas connue), son regard et ses ambitions n’avaient pu la mener jusqu’aux planches, ni sur le moindre écran, pas même le plus petit.

Elle eut heureusement l’intelligence et la présence d’esprit (le courage du renoncement ?) de ne pas en faire un drame.

Elle vécut, aimant plus que jamais les tournesols.

 

            Quand elle devint mère elle se souvint des deux petits garçons du goûter d’anniversaire ; ses fils leurs ressemblaient beaucoup.

 

 

De films en bobines

(© 2016/droits réservés)

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