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‘L’amour en fuite’

Posté par BernartZé le 27 juin 2016

Extrait pochette R.E.M. (Out of time, 1991)

Le passé incertain

  

            Ni l’un ni l’autre ne comptait plus les années écoulées.

 

     Les images d’autrefois avaient basculé dans un autre monde, peut-être parallèle, qui leur semblait assurément aujourd’hui irréel.

Il leur arrivait parfois de douter de s’être jamais rencontrés.

Tout cela remontait à une époque si lointaine que des approximations concernant leur histoire ne pouvaient que la desservir.

Comme si un voile pudique discrètement jeté avait créé un flou artistique Tango amoureux (photo Nicole Miquel, 2007) qu’ils préféraient inconsciemment à une vérité dérangeante dont ils ne voulaient plus parler.

Le temps et la fatigue avait eu raison d’eux.

 

     En faisant un effort de mémoire ils pourraient dire qu’ils s’étaient vus pour la première fois sur un banc de lycée ou de faculté ; ou bien dans une cour un couloir, voire sous un préau.

Ils étaient très jeunes et crédules en tous cas.

L’un et l’autre rêvaient encore de leur vie future ; une discussion les avait rapprochés, les rendant plus impatients de commencer à vivre.

Ils se croisaient au début par hasard et…le hasard sembla rapidement bien faire les choses au point qu’ils se virent quotidiennement matin midi et soir…au rythme effréné d’une médication !

Ils se retrouvaient dans des cafés alentour, passant des heures à parler et partageant une sensibilité qui demeurait incomprise dans leurs familles.

Cette intensité commune scella une amitié qui leur faisait du bien, comme un baume apaisant les douleurs d’une plaie.

 

     A force de se voir ils devinrent complices, à force de complicité l’amour devint une évidence alors qu’il leur avait toujours paru étranger ; étrange et inaccessible sentiment auquel ils n’avaient pas été préparés ; des histoires de famille…

Ils se marièrent à la mairie -sans grande pompe ni déguisements- un 5 septembre ; pas de cérémonie religieuse ni de repas de fête pour mères pères cousins ou trisaïeuls qui n’avaient pas été conviés.

Deux témoins et puis hop ! Le saut dans l’inconnu et dans la vraie vie.

Ils apprirent la vie à deux, exercice difficile pour deux solitaires qui s’étaient approchés avec la démarche du crabe La démarche latérale du crabe, un peu en biais et sur la pointe des pieds en espérant (peut-être) ne pas entièrement apparaître sur la photo de l’album à venir.

Ils prirent ensemble de nombreux clichés : des paysages (pas toujours bucoliques) des rues des lumières dans la nuit et des mers, beaucoup de mers à marée montante et descendante et lors des grands débordements d’équinoxe Grande marée (Le Sillon), rarement d’eux-mêmes.

Ils n’eurent pas d’enfant.

 

     Quand ils comprirent qu’ils ne se désiraient pas le ciel leur tomba sur la tête ; les fracas et les pertes ne tardèrent pas à s’inviter (!) dans leur quotidien.

Ils en perdirent vite leur foi et toute fierté avant de comprendre qu’ils s’aimaient d’un amour exclusivement platonique dépourvu du moindre élan physique ; l’appel de la chair ne s’était jamais fait entendre.

Ils s’étaient consumés d’une flamme bleue et froidement cérébrale qui, malgré leurs efforts et leurs dénis, avait fini par les laisser exsangues.

Epuisés ils avaient dû se séparer.

La vraie vie était trop grande pour eux qui ne s’étaient nourris que de rêves et d’illusions ; la déception et le dépit étaient malheureusement prévisibles.

 

            In fine ?

Un divorce, jamais véritablement consommé, qui les fit tomber à genoux.

C’était il y a si longtemps ; leurs routes ne se sont pas recroisées.

  

 

Sade - Love is stronger than pride (1988)  Losing my religion - R.E.M. (1991)  (Voir et revoir mille fois le clip ; comment ne pas penser à Rembrandt, au Caravage, à Vermeer… ?)

(© 2016/droits réservés)

Publié dans "Souvenirs, souvenirs"...! | 2 Commentaires »

 

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