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Que sera sera…

Posté par BernartZé le 30 juillet 2016

Paris (by Julie Bell)

Paris, l’été

            

            Paris sera-t-elle toujours la même désormais au mois d’août ?

 

     Hier encore quand revenaient les heures aoutiennes des étincelles de joie s’allumaient dans les têtes de ceux qui ne partaient pas.

Loin de chercher une consolation à cette privation de villégiature, ils se réjouissaient à l’avance.

Enfin la ville serait à eux…et à des milliers de touristes !

La capitale, soudain vidée de ses habitants, semblait s’époumoner plus largement De l'air ! De l'air !.

Les avenues étaient agrandies débarrassées de leurs flots de voitures hystériques, les rues pouvaient être traversées le nez au vent sans risque d’accident ; même le métro souterrain prenait des allures aériennes sans ses habituels encombrements.

La nature reprenant ses droits l’air devenait respirable et le ciel bleu était certains jours véritablement Un ciel tout bleu sans le moindre nuage ; si si !

Dans certains quartiers la ville était en sommeil comme à l’heure de la sieste et des persiennes mi-closes d’un sud lointain Persiennes en sommeil écrasé de lumière.

Les enfilades de commerces fermés donnaient une impression de grand désert plein de liberté.

La vastitude citadine se révélait.

 

     Bien sûr les grandes artères haussmanniennes et les quartiers supposés plus intellos Réputation où nul n’est censé mettre le pied sans des pompes bien cirées  Ça brille !(une légende urbaine de plus) restaient fréquentés durant l’été.

Mais quelque chose de différent – dans l’air peut-être – s’avérait perceptible.

Des langages et des accents multiples se laissaient entendre pour le plus grand ravissement des oreilles.

Ras-le-bol du français parisien ! Vive les sonorités chantantes fleurant bon l’exotisme estival.

Quel bonheur d’entendre une conversation à une terrasse de café sans rien y comprendre ; quel plaisir de croiser des visages différents aussi lumineux et curieux de tout.

Tous les sens en éveil…

 

     Et puis les rencontres de hasard et les aventures que l’on sait devoir finir.

Quelques jours ou semaines vécus intensément ; le plein d’insouciance avant l’heure des adieux ; pas de promesses inutiles ; des images gravées à jamais…

Paris au mois d'août - Charles Aznavour (1966)   

Viendra l’automne Leaf.

 

            Si seuls au mois d’août, apparemment si libres.

C’était encore hier.

 

     Que sera après-demain ?

A présent qu’une multitude de séismes ne cesse de bouleverser le quotidien de nos vies il nous faut dire adieu au calme et à la tranquillité.

C’était un luxe, nous ne le savions pas.

Paris ne sera sans doute plus tout-à-fait la même et malgré tout…

 

 

By night  By night…

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Pas cap !

Posté par BernartZé le 27 juillet 2016

Visage émacié

Ô temps ! Ne suspends pas ton viol

 

             Décharne érode émacie nos visages et nos corps jusqu’à ne plus en faire que nos squelettes à venir.

 

     Continue de tailler dans la chair à vif Tomate pelée nos traits futurs au gré de tes caprices et de nos émotions.

Nos cœurs s’affaiblissant seront tendres à souhait et nous n’aurons plus la force de lutter.

Parachevant ton œuvre tu auras le loisir de nous réduire à néant ; suivront nos cendres.

 

     Il suffit parfois de tomber par hasard sur une vieille photo d’identité pour constater, non pas les injures du temps, mais celles que nous nous sommes infligées avec un effroyable manque d’égards.

Qu’avons-nous fait de nous pour en arriver là ?

Certes beaucoup ont dû endurer les heurts extrêmes d’une vie difficile, plus occupés à sauver leur peau qu’à en prendre soin.  

N’ayez pas l’indécence de leur parler de toxine botulique et de comblements Injections cutanées alors que la vie ne les a pas gâtés !

La douceur leur a même peut-être été de tous temps étrangère.

Ceux dont la vie a été plus « rectiligne » se retrouvent malgré tout un jour face au miroir à essayer de reconnaître des traits familiers.

S’étant perdus de vue depuis longtemps, ils discernent avec difficulté des contours modifiés ; les courbes du visage changent parfois plus que celles du corps.

Le regard autrefois plein d’éclat semble s’être assombri, dissimulant mal le souvenir des épreuves traversées.

Nos yeux porteraient-ils en eux le deuil annoncé ?

S’ils ne sont pas encore éteints ils hurlent parfois muettement une détresse devenue impossible à cacher dans un visage durci.

Heureusement que…la chirurgie esthétique fait des miracles en s’avérant capable de les remonter jusqu’aux tempes tout en rehaussant les lèvres jusqu’aux pommettes Sourire Joker.

Maman j’ai peur !!

 

     Inutile de différer l’inéluctable quand on ne peut presque plus s’identifier d’une photo à une autre prises au détour de trois ou quatre décennies.

Nulle question d’apparence ou d’esthétisme mais plutôt d’une personnalité égarée saoulée de coups.

Ne plus se reconnaître n’est-il pas pire que d’être arrêté par la police pour suspicion de trafic de faux passeports ?

Et pourtant de nos jours…

 

            Anticipons les heures prochaines pour que cesse cette course inutile ; vivement l’Cendres !

Mais s’il plait à certains de continuer leur vain combat…

  

 

Cours toujours !  Rien ne servait de courir (on vous l’avait bien dit)

(© 2016/droits réservés)

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Au bon heur

Posté par BernartZé le 24 juillet 2016

Sourire à la vie

Si drôle la vie !

(traité de petite philosophie)

  

            Dieu que le monde est beau et que la nature est jolie…

 

     Les optimistes ont raison de croire aux lendemains enchanteurs ; le meilleur est toujours possible (le pire aussi…mais c’est un autre sujet) et Demain est un autre jour (c’est ça cui-cui !) comme ne cessait de le répéter Scarlett même vêtue de son plus beau rideau vert Rideau vert dans ses jours les plus rudes.

Tranquillement assis à contempler le monde chacun peut s’émerveiller de son évolution. Non ce n’était pas « mieux avant », du temps des épidémies des famines des guerres et des injustices sociales.

Comme chacun sait, aujourd’hui nous sommes tous égaux, hommes et femmes, noirs blancs verts jaunes rouges et indigos, les maladies ont toutes été éradiquées, le plein emploi fait le bonheur de tous permettant à chacun de réveillonner chaque jour de l’année ; il n’y a plus de guerre ni de violence sur terre.

 

     Comme si ce n’était pas déjà suffisant, nous avons la chance de pouvoir rire à longueur de journée en allumant notre télévision où les nombreuses chaînes nous offrent des programmes de choix.

Nous avons tout loisir d’alterner les bonnes nouvelles divulguées sans relâche par les grands médias avec des émissions pleines d’esprit à l’humour choisi.

Tous amusants, tous dévoués pour nous distraire de nos quotidiens heureux.

Le paradis sur terre !

Jardin d'Eden Là tout n’est qu’harmonie, ordre et beauté, luxe, calme et volupté.

Que demander de plus ?

Rien.

 

     Vivons béats, dans la joie et la félicité, sans chercher à savoir ce que nous avons fait pour mériter ce nirvana.

Nevermind, continuons -aveuglément s’il le faut- à nous laisser hameçonner par les brillances des eaux claires 'Nevermind' avant de devoir découvrir leurs profondeurs cachées plus bas.

Restons tous optimistes ; que les esprits chagrins prennent un vol pour Neptune Neptune où les jours sont d’un tiers plus courts ; ils auront encore suffisamment de temps pour broyer du noir en se plaignant de la condition humaine.

 

     Petit avertissement à ne pas prendre au sérieux (bien sûr) Petit rappel d'Aldous Huxley.

 

            Drôles d’existences vraiment…

 

  

Philosophie essentielle (!)  (Ça c’est de la philo ! Bonne nuit les petits…)

(© 2016/droits réservés)

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Envers et contre (tout)

Posté par BernartZé le 21 juillet 2016

Me (by Colin Vearncombe)

Le sourire et la grimace

 

             Sur son visage la tristesse, dans son regard le désespoir.

 

     Épuisé de mourir à petit feu, d’un feu qui le ravageait quotidiennement le plus souvent avec violence, Sypheis avait plus d’une fois envisagé le pire.

 Mais il avait vite réalisé que, le vivant déjà, il ne pouvait pas craindre un sort plus funeste.

Alors sans se plaindre il avait enduré cette épreuve qui avait fini par emplir toute son existence.

Il avait engagé le combat absurde qu’une force supérieure semblait avoir choisi de lui imposer, par provocation par jeu ou par défi peut-être.

A lui d’apprendre l’endurance, à lui de serrer les dents et les poings et de refuser le rôle de victime désignée.

Il ne se livrerait pas.

 

     Il lui était impossible de se souvenir de l’instant où sa vie avait basculé ; sans doute avait-elle plutôt glissé progressivement alors qu’il n’en prenait pas véritablement conscience les premières années.

La lutte lui paraissait alors « normale », imaginant que chacun vivait ainsi sans pour autant en faire étalage.

Il mettait un point d’honneur à se montrer aimable, quitte à arborer un sourire de façade.

Les « discussions entre collègues » de bureau lui enseignèrent que beaucoup étaient satisfaits de la vie qu’ils menaient, partagés entre le travail qui les épanouissait et une harmonie familiale qui les rendait globalement heureux.

Se satisfaire d’une existence globalement heureuse ne lui faisait pas envie.

Il avait eu des rêves de grandeur pleins de prétention et des espoirs aussi extravagants que déraisonnables.

Il avait eu vingt ans, puis trente ; des amis bien intentionnés lui conseillèrent d’aller consulter Psy assis couché ou debout ne serait-ce que pour tenter de reprendre la maîtrise d’un esprit qui leur semblait vaciller un peu.

Il n’en fit rien mais c’est alors qu’il commença sérieusement à s’interroger sur son quotidien et les raisons pour lesquelles il avait de plus en plus de mal à vivre.

Les questions existentielles défilèrent une à une, puis vint l’heure de reconnaître l’évidence de son dysfonctionnement chronique qui le poussait souvent à agir contre son intérêt.

Le ver était dans le fruit ; le compte-à-rebours était lancé.

 

     Au fil des ans le piège se referma sur lui ; de plus en plus pris dans un engrenage dont il ne pouvait échapper il se durcit dans l’épreuve en espérant continuer à faire illusion.

Quand son physique commença à donner des signes réguliers de fatigue, son mental, déjà bien éprouvé, apprit à repousser ses limites.

Quand vint la maladie, il n’était plus l’heure de nier que son corps commençait véritablement à ne plus en pouvoir.

Les problèmes de santé se succédèrent à un rythme éprouvant jusqu’à le rendre exsangue.

Jetant un regard à son miroir il vit qu’il n’était plus capable de sourire tant la douleur s’était emparée de son corps en de multiples endroits.

C’est à force de croiser dans la rue des inconnus qui le regardaient avec un air compatissant que, retournant au miroir, il vit qu’une grimace avait remplacé toute esquisse de sourire Grimace (Franz-Xaver Messerschmidt).

Il avait l’air d’autant plus pathétique qu’il croyait passer inaperçu.

 

            Sypheis ne cessa jamais, chaque jour, d’être surpris de ne pas avoir encore lâché prise en découvrant que ses limites étaient presque sans fin, lui permettant d’endurer plus que ce qu’il pensait pouvoir supporter.

Ne croyant pas davantage à une malédiction qu’à une punition divine, il n’essaya plus de comprendre pourquoi sa vie avait ainsi dérapé au point de lui en faire perdre le contrôle.

 

     Il n’a plus jamais réussi à sourire.

 

 

Around midnight (by Colin Vearncombe)  Passé minuit des algues semblaient lui pousser sur la tête…

(Merci à C.V. R.I.P pour sa contribution artistique)

(© 2016/droits réservés)

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Nyctalopie

Posté par BernartZé le 18 juillet 2016

Noctambus  Noctilien

Changement de siècle

  

            Contrairement aux chats les bus de nuit ne sont pas tous gris.

Certains êtres le sont parfois…

 

     Il y a fort longtemps, au XXème siècle, il m’arrivait fréquemment d’utiliser les bus de nuit ; à cette époque les Logo Noctambus n’avaient pas encore été remplacés par ceux du réseau Logo Noctilien et le N°21, par exemple, n’avait pas alors eu l’idée de pousser le Noctambus J dehors, substituant ainsi des numéros à l’alphabet.

Qu’importe puisqu’il leur est avant tout demandé de rouler la nuit lorsque le métro a fermé ses grilles.

 

     Ces longues nuits passées loin de chez moi ne donnaient jamais lieu à une tournée des bars ou des boîtes dites branchées dont je n’avais (déjà) que faire.

Il s’agissait simplement de soirées entre amis, en nombre très restreint, durant lesquelles nous parlions beaucoup, mangions plus ou moins et buvions parfois un peu trop ; certains fumaient en plus.

Rien d’extravagant ni de décadent, juste le plaisir de partager des heures et le bonheur de goûter à la convivialité.

Cette notion m’était totalement inconnue, ne faisant pas partie de mon éducation familiale ; je l’avais découverte, étonné, quelques années auparavant.

J’étais plus jeune (évidemment !) et avec une naïveté non feinte je ne cessais de me demander si je ne rêvais pas en réalisant qu’il était possible de ne pas être constamment seul dans sa tête mais -au contraire- de bénéficier des pensées et des réflexions d’autrui.

C’était le plus souvent ludique et spontané, allant jusqu’aux actions « coup de tête » comme cette nuit où nous étions tous soudain descendus vers une ou deux heures du matin de la chambre de bonne (sous les toits bien sûr) pour aller acheter un jeu de Monopoly au Drugstore Publicis Drugstore Publicis qui faisait l’angle au carrefour.

Et de jouer comme des gamins tout le reste de la nuit…à coups de cola et de pâte à tartiner !

Pour moi qui n’avais jamais été insouciant c’était une vacance salutaire.

 

     Et donc, passées ces années de première jeunesse (!), je retrouvais chaque semaine ces autres amis qui n’habitaient pas sous un toit ni dans un espace de 9 m² ; pas de soupente mais des hauts murs un véritable canapé et un balcon fleuri.

Le confort chez les autres avait pour moi l’aspect d’un décor de théâtre, une scène offerte sans rôle à jouer.

A chaque fois j’aimais retrouver ces lieux sachant que nous passerions des heures que je garderai ensuite précieusement au fond de mon cœur.

J’aimais me rendre utile multipliant pour eux sans effort les allées et venues entre le salon et la cuisine.

Ce n’était pas du dévouement ; je ne faisais que goûter au plaisir de faire si possible plaisir.

Les heures s’écoulaient à une vitesse incroyable ; je ne me fatiguais pas, eux finissaient par lâcher un peu prise en s’éteignant doucement.

Pour éviter de me sentir poussé gentiment dehors je les encourageais à aller se coucher quand je voyais leurs paupières se fermer de plus en plus souvent.

Afin d’anticiper l’heure de partir je pensais aux horaires du bus de nuit qu’il me faudrait prendre ; un passage par heure, avec l’interdiction de le manquer sous peine de devoir parfois attendre dans des conditions climatiques -en plus de la fatigue qui commençait à se faire sentir- peu sympathiques.

Un œil sur la montre, je me faisais, tandis qu’ils dormaient déjà, un « devoir » de débarrasser la table afin de faire place nette dans le salon et de…faire sans bruits la vaisselle.

Personne ne m’avait jamais rien demandé mais sans doute était-ce pour moi une façon de me retirer ensuite sur la pointe des pieds.

 

     Dehors la nuit, souvent vers trois ou quatre heures du matin, le froid et la crainte d’avoir raté le bus qui avait certaines fois l’idée saugrenue d’être en avance.

C’est ainsi qu’il m’est arrivé, pour ne pas piétiner là une heure, de rentrer chez moi à pieds en traversant toute la ville ; armé de mon seul courage et en rythme Walkman !

La plupart du temps, j’avais heureusement le loisir de voir défiler les rues que je connaissais bien diurnes by night les voyant sous un autre « jour » et avec un tout autre état d’esprit.

Un recul sous forme de décalage dû certainement à l’alanguissement qui me prenait mais surtout à la présence de toute une population hétéroclite et étonnante regroupée dans ce véhicule qui nous ramenait tous chez nous.

La seconde ligne de noctambus qu’il me fallait emprunter pour retrouver mon home sweet home était emplie de gens joyeux las ou fatigués.

Écrivant par jeu dans mon calepin, je notais les mines de chacun : ceux pour qui la nuit n’était peut-être pas encore finie, ceux qui revenaient d’un travail harassant et ceux qui sombraient déjà dans un sommeil profond, plus noirs que gris.

Dans un espace réduit se trouvaient par hasard des individus concentrés le temps d’un parcours ; malgré la promiscuité ils ne se voyaient pas et ne se reverraient sûrement jamais.

Seuls parlaient à voix haute des fêtards noctambules, les autres ayant apparemment perdu cet usage par trop de lassitude.

 

            Sans jamais avoir -moi non plus- parlé à personne je quittais ces inconnus avec une pointe de regret, cependant soucieux de ne pas manquer mon terminus ; cela s’est naturellement produit une ou deux fois par mégarde ou par pure distraction.

Une cinquante de mètres plus bas j’étais de retour chez moi où le chat installé au coin du lit m’attendait avec l’impatience du félin dont l’heure du diner était depuis longtemps passée.

 

 

Coussin chat 

(© 2016/droits réservés)

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Mauvaise « tac tic »

Posté par BernartZé le 15 juillet 2016

Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte (Georges Seurat, 1884-1886)

Je haïssais les dimanches

  

            Dès le premier réveil comateux Les matins comateux la dérive commençait.

Il fallait pourtant bien finir par se lever.

 

     S’extirper du lit fatigué et gris comme un lendemain de réveillon dont on ne garde que l’amertume était en soi un immense effort nécessitant une grande volonté.

Le corps semblait lourd, les muscles atrophiés n’aidaient pas à retrouver un semblant d’énergie pour faire bonne figure ; pas davantage l’envie de sourire que de parler.

Mieux valait éviter de croiser quiconque avant le déjeuner.

La matinée passait, infructueuse.

Assis hagard au bureau le premier travail consistait à se sortir de cet état de torpeur proche de la léthargie.

L’hébétude durait des heures semblant repousser les limites de la passivité intellectuelle.

Impossible de commencer à travailler, tout juste le courage de jeter un œil au programme du jour ; priorité donnée aux leçons et devoirs bien sûr.

Et l’esprit, afin de fuir ses responsabilités, s’évadait.

Mais c’était quoi cette horrible tapisserie qui faisait face OLYMPUS DIGITAL CAMERA ?

Des papillons écrasés à figures de gommettes, des trèfles à quatre feuilles ou bien des fleurs à cœurs carrés ?!

Un vrai cauchemar ces couleurs qui n’en étaient pas ; de quoi rendre neurasthénique n’importe quel gai luron ; davantage quelqu’un d’une nature plus sombre.

Tiens ce livre en cours de lecture qui attendait d’être repris en mains, pourquoi ne pas en lire quelques pages ?

Et puis où en était resté le journal ?

Les matinées des dimanches passaient infructueuses.

 

     Sitôt la table du déjeuner débarrassée, retour à la case départ avec l’impérieuse nécessité de se mettre -cette fois- sérieusement au travail !

Se concentrer, ne plus se disperser faute de temps et soudain la prise de conscience qui déclenchait toujours la même angoisse : celle de ne pas y arriver.

Le devoir de maths laissé en plan la veille, la dissertation qui demandait réflexion depuis plus d’une semaine que le sujet avait été donné ; et puis quelques menues révisions en vue de la journée du lundi.

La problématique du dimanche n’était absolument pas liée à l’idée de retourner en cours le lendemain, bien au contraire quand on a plaisir à retrouver ce théâtre vivant, mais à la crainte la peur et l’angoisse de n’avoir plus assez de temps pour être prêt à commencer une nouvelle semaine.

Problème d’organisation et de logistique ; encore et toujours cette fameuse procrastination !

Cette mortelle tendance à passer plus de temps à prendre son élan qu’à passer à l’action finissait inévitablement par faire basculer le reste de la journée dans un état d’anxiété croissante qui prenait sa pleine mesure dans la soirée et parfois jusque très tard dans la nuit.

La peur au ventre capable de provoquer des crises de panique menant à un degré de stress susceptible de faire sauter les plombs Brain stressed devenait paralysante.

Il fallait pourtant l’ignorer, non sans mal, pour travailler enfin.

 

     Tournaient les heures ; passé minuit le compte-à-rebours était lancé Compte à rebours.

Il fallait penser et écrire vite, faire appel à toutes les forces du cerveau pour achever à une heure indue ce qui aurait déjà dû l’être au moins depuis la veille.

Il aurait tellement mieux valu pouvoir partir en promenade en famille dans l’après-midi en pleine nature ou au bord d’un lac.

Mais non, cela ne se passait jamais autrement et le dernier couché à pas d’heure était toujours le même.

Qui donc chantait autrefois sa haine rageuse des dimanches ?

Ah oui ! La muse de Saint-Germain-des-Prés Muse de St Germain.

Mais c’était pour de toutes autres raisons.

 

            Quand l’impatience du lendemain devient affolante on fait parfois n’importe quoi.

 

 

Je hais les dimanches - Juliette Gréco (1952) 

(© 2016/droits réservés)

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Extrémisme

Posté par BernartZé le 12 juillet 2016

37,2

Sortie de camp

 

            Arène sanglante, combat dantesque, l’enfer ici-bas.

 

     Sa propre vie lui était rapidement apparue monstrueuse ; son enfance et son adolescence n’avaient pas été de tout repos tant elle se posait de questions, tant déjà elle se faisait du mal malgré elle et sans s’en rendre compte.

Impossible de se souvenir comment cela avait commencé, comment elle avait doucement glissé dans un monde parallèle de plus en plus inhumain.

Son déni avait duré, faute de lucidité et de connaissance, jusqu’à l’âge de quitter le foyer familial.

Elle s’était sentie libérée d’un fardeau, persuadée de pouvoir désormais vivre comme bon lui semblerait.

Elle ne rêvait pas davantage de sorties nocturnes que de dessous chics, pas plus de richesses et de voyages que de brûler sa vie par les deux bouts.

Sa vie la brûlait suffisamment comme ça.

Elle voulait juste être tranquille, sans regards extérieurs ni soupçons inquisiteurs.

Toutes les nuits elle griffonnait des mots dans un cahier dans l’espoir de mieux se comprendre.

Quand elle n’écrivait pas elle gardait les coudes bien calés sur les hanches, les mains jointes sous le menton -par chance ses bras étaient à la bonne mesure- pour mieux réfléchir.

Elle se perdait souvent dans des dérives mentales qui la menaient loin et, se rattrapant de justesse, elle reprenait sa page et ses interrogations existentielles.

Généralement elle se couchait épuisée sans avoir rien découvert.

 

     C’est à dix-neuf ans en seconde année de fac psycho qu’elle eut une révélation.

Elle en était certaine, une fois sa licence en poche, elle voudrait se spécialiser en psychopathologie pour l’obtention d’un master qui l’amènerait sûrement vers plus de savoir et de connaissances, des autres et d’elle-même évidemment.

Pas de hasard ni de coïncidence dans ce choix dicté par son mal-être, simplement l’impérieuse nécessité de percer son propre mystère.

Elle aurait pu être tentée par l’alcool ou d’autres substances moins licites censées la conduire vers l’oubli, mais non, elle voulait à tout prix appréhender son problème sous un angle intellectuel fuyant l’affect ; combien de temps encore son cerveau pourrait-il repousser les agressions faites à son corps ?

Elle n’eut pas le loisir d’entendre jouer tout un Libera me prélude à une renaissance en guise de (possible) délivrance qu’elle reçut un autre coup à l’âme.

A force de chercher elle finit par trouver ; il ne lui était plus possible de ne pas admettre l’évidence d’un mal mortifère : elle était bigrement fâchée avec la nourriture !

Elle ne s’était pas vue dépérir, son miroir lui renvoyant sans cesse une image Meurtre au miroir insoutenable qu’elle haïssait.

S’encourageant à toujours plus de vaillance, refusant de s’abandonner à des moments d’extrême faiblesse, elle se torturait comme à plaisir.

Et pourtant elle n’en menait pas large quant elle se sentait défaillir ou quand ses cérémonies funestes la conduisaient directement à se forcer à faire de la gymnastique pliée en deux au-dessus de la lunette des toilettes, les rendant définitivement obscènes.

Le spectacle de sa propre déchéance avait fini par devenir irréel tant elle refusait de lui accorder la moindre considération.

Et d’habitudes en acceptations contraintes elle s’était perdue de vue.

 

     Combien de Balance avait-elle massacrées à coups de pieds rageurs en refusant leurs verdicts ?

Pour effacer chacun de ces crimes elle courait en acheter une autre, se dépêchant d’oublier ses méfaits.

C’est en descendant un jour de l’une des balances, les lunettes sur le nez, qu’elle resta interdite.

A force d’éviter de se regarder, de peur de se haïr une fois de plus, elle ignorait à quoi elle ressemblait réellement, imaginant une vision qu’elle ne pourrait supporter.

Par mégarde elle se vit de dos un matin ; son image reflétée entre deux miroirs l’effraya.

Elle pensa immédiatement à des photos en noir et blanc de cadavres vivants marchant pour sortir du camp dans lequel ils avaient été concentrés pour être réduits à néant.

Décharnés mais toujours en vie ils lui semblaient tous reconnaissables et familiers en dépit d’un parallèle qu’elle trouva indécent et irrespectueux.

Il lui fallut encore plus d’une décennie, après des années de psychothérapie qui ne l’avaient conduite à rien si ce n’est à d’incessantes discussions intellectuelles hors sujet avec un sympathique médecin totalement impuissant, pour accepter l’idée d’être privée de sa liberté en se faisant hospitaliser.

C’est-à-dire enfermée, pieds et poings liés, à la merci du corps médical chargé de la soigner à défaut de la guérir définitivement.

Ces mois de réclusion la marquèrent à jamais.

Derrière les Barreaux elle avait eu le temps d’écrire et de réfléchir encore à tout ce qui l’avait menée ici.

On lui avait dit qu’elle avait flirté avec la mort alors qu’elle n’en avait pas eu conscience, pas même à bout de forces.

Son esprit s’était obstiné à refuser cette évidence l’excluant du champ des possibles.

 

            Les miracles sont rares ; personne ne sort indemne d’une telle maladie qui reste marquée dans la chair et l’esprit.

Au mieux on réapprend à vivre différemment, avec plus de tolérance envers soi et en redoublant de vigilance.

 

     L’addiction demeure tapie, ainsi que la curieuse nécessité de repousser ses limites jusqu’au point zéro.

Comme s’il s’agissait d’un jeu, d’une fanfaronnade ou d’un défi ultime.

Il n’en est rien…

 

 

Zéro pointé  

(© 2016/droits réservés)

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Plus loin l’horizon (?)

Posté par BernartZé le 9 juillet 2016

Squelette thoracique

Dernière côte avant la ligne de flottaison

  

            Rire ou mourir, faut-il choisir ?

 

     La question peut paraître inepte, surtout pour ceux qui souvent se tiennent les côtes, s’esclaffent ou sont pliés en deux sans crainte des conséquences.

Ils rient de bon cœur à gorge déployée, généralement dans un moment de Convivialité synonyme de bonheur et de partage.

En famille entre amis, en week-end en vacances, jamais seuls en tous cas.

Aucune interrogation (pseudo) existentielle, pas davantage de prises de tête que de ronds dans l’eau F.H. (''Des ronds dans l'eau'' et autres...) à gogo, ils vivent joyeusement à pleins poumons.

Ils respirent.

 

     D’autres suffoquent.

Plus question de ronds ni de carrés quand ce sont les voies respiratoires qui sont empêchées.

Quand la maladie prend toute la place au point de réduire l’avenir à sa plus simple expression vague et illusoire, le rire est toujours là mais avec risques et périls d’étouffement soudain.

Inutile de chercher les coupables, le fait est là et la vie est injuste ; c’est révoltant mais c’est ainsi.

Ceux qui ont le bonheur de s’époumoner de rire n’imaginent pas le calvaire des autres.

Impossible de leur en tenir rigueur ; impossible aussi de ne pas songer au combat quotidien de ceux qui n’ont pas le loisir de respirer naturellement.

Trop d’obstructions, trop d’occasions de ne plus rire du tout.

Qu’à force d’étouffements, de suffocations et de flux contraires une côte vienne à se briser et c’est un surcroit de souffrances.

Le corps finit par lâcher prise après avoir longtemps fait de la résistance ; telles les fractures de fatigue pour les sportifs, certains malades sont sujets à des ruptures dues à un excès de violentes contractions.

 

            Dans la dixième côte le coup de poignard se fit ressentir intensément.

Il fallut apprendre à se familiariser avec cette autre douleur…

 

 

A Johann Heuchel Johann Heuchel.

(© 2016/droits réservés)

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Petit détail olfactif

Posté par BernartZé le 6 juillet 2016

Poulet rôti

Là-bas sur les ghâts

  

            C’est vers deux ou trois heures du matin que nous déboulâmes au bord du Gange.

 

     L’épopée avait été longue et éprouvante : des heures interminables casés sur des couchettes étroites de trains Couchettes trains indiens, la citronnelle (odeur suffocante, allergie déclarée !) contre les Moustique d’une incroyable vitalité, puis des rues empruntées à toute vitesse par un auto-rickshaw Auto-rickshaw de fortune (celle de rester en vie !) et, enfin débarqués, il nous fallut descendre – chargés du poids des sacs-à-dos – une succession d’escaliers plus ou moins abrupts pour atteindre la rive.

 

     Notre première impression est demeurée inoubliable.

Un voile à mi-chemin entre le brouillard et le fog anglais s’était emparé des eaux que l’on discernait à peine Arrivée sur les ghâts (Varanasi) (bien moins encore).

Nous percevions une présence indéfinissable d’autant plus troublante que nos yeux ne pouvaient que la deviner.

Épuisés mais heureux nous avons remonté des marches jusqu’à trouver une pension un peu spartiate susceptible de nous accueillir pour la nuit ; le temps de prendre une bonne douche (à l’étage) indispensable après des jours d’incubation dans les trains et nous nous sommes écroulés sur nos lits en quête de salut.

 

     Sitôt le petit-déjeuner pris (ah ! les Banana lassi qui donnent la pêche !) nous sommes partis à la découverte d’une ville où tout converge vers le fleuve sacré…au point qu’il est presque impossible d’en décoller ou du moins de ne pas y revenir sans cesse, ne serait-ce que le temps de se reposer un moment pour boire un tchaï Tchaï à la cardamome (eau non potable issue du Gange ?!) le regard inévitablement tourné vers l’autre rive.

 

     Les ghâts à Bénarès Les ghâts sont à la fois un lieu de recueillement, de célébrations et d’étranges encombrements ; tout un peuple s’y croise sans cesse.

C’est lors d’une de nos multiples allées et venues le long du Gange que nous sommes tombés sur une Crémations ; « spectacle » évidemment interdit aux touristes.

Tout en respectant une cérémonie dédiée aux défunts, il est difficile -même à une distance convenable- de ne pas être intrigué donc curieux ; nos pratiques occidentales sont si éloignées de cette appréhension de la mort.

Il n’y a en fait rien de spécial à comprendre si ce n’est une tout autre façon d’accompagner les disparus, terme pudique s’il en est.

Là-bas tout finit dans le fleuve…après époussetage.

Nul manque de respect mais bien au contraire de l’admiration quant à cette capacité d’envisager naturellement une suite à notre vie terrestre.

 

            Le plus surprenant fut de constater l’odeur de poulet rôti prégnante qui remontait à nos narines.

L’expression « avoir la chair de poule » ne serait-elle pas seulement imagée ?…

  

 

Frites  (Mais où ont-elles pu passer ?)

(© 2016/droits réservés)

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Grand risque de noyade

Posté par BernartZé le 3 juillet 2016

Novembre hélas

Y’a plus de saisons !

(lapalissades)

  

            Mais de qui se moque-t-on ?

 

     À l’heure où les juilletistes partent se refaire une santé dans l’espoir de prendre des couleurs durant deux petites semaines, le coq déchante et les biches sont aux abois Biches aux abois en mal de repères.

La nature est véritablement impitoyable ; pour elle c’est déjà L'automne (l’automne) comme si elle voulait nous rappeler à l’ordre en nous intimant plus de respect et plus d’égards.

Le nez collé derrière la vitre Vitre en larmes il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer de concert sans pourtant parvenir à nous faire une raison.

Une seule solution : rallumer les bougies -faute de cheminée- pour trouver la lumière et sortir les pelotes de laine pour se remettre au tricot Pelotes de laine…dès que le chat aura cessé de confondre ces fils avec des spaghettis Quel gamin !.

 

     Alors que les vacanciers rêvaient de ciels lumineux Rai lumineux ils doivent supporter des tourments cycliques Tourments marins.

Tout fait plus penser à l’approche de Noël qu’à un été rayonnant ; déjà l’automne Lane avec peupliers (Van Gogh, 1885) ?

Ces belles couleurs que l’on n’espérait pas revoir si vite emplissent tout notre espace mental au point de l’enrhumer ; les courants d’air ont chassé le soleil et nos mines de papier mâché agrémentent nos visages renfrognés.

Si en plus de tous nos récents deuils il nous faut faire celui de l’été, il est à craindre que certains ne finissent par entrer en dépression voire par se pendre dès la prochaine pleine lune (dans moins de trois semaines) Pendaison sous la lune.

Avec pour seul témoin le corbeau du cimetière !

 

     La vente des Bikini est en chute libre et même la crème solaire se désole de devoir s’enterrer la tête dans le sable façon autruche Crème solaire pour fuir la triste réalité météorologique.

Il est grand temps de prendre des mesures drastiques.

Arrête ton char Hélios et descends parmi nous !

 

            Un nouveau jour vient de se lever…

 

Hélios sur son char

(© 2016/droits réservés)

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