Envers et contre (tout)
Posté par BernartZé le 21 juillet 2016
Le sourire et la grimace
Sur son visage la tristesse, dans son regard le désespoir.
Épuisé de mourir à petit feu, d’un feu qui le ravageait quotidiennement le plus souvent avec violence, Sypheis avait plus d’une fois envisagé le pire.
Mais il avait vite réalisé que, le vivant déjà, il ne pouvait pas craindre un sort plus funeste.
Alors sans se plaindre il avait enduré cette épreuve qui avait fini par emplir toute son existence.
Il avait engagé le combat absurde qu’une force supérieure semblait avoir choisi de lui imposer, par provocation par jeu ou par défi peut-être.
A lui d’apprendre l’endurance, à lui de serrer les dents et les poings et de refuser le rôle de victime désignée.
Il ne se livrerait pas.
Il lui était impossible de se souvenir de l’instant où sa vie avait basculé ; sans doute avait-elle plutôt glissé progressivement alors qu’il n’en prenait pas véritablement conscience les premières années.
La lutte lui paraissait alors « normale », imaginant que chacun vivait ainsi sans pour autant en faire étalage.
Il mettait un point d’honneur à se montrer aimable, quitte à arborer un sourire de façade.
Les « discussions entre collègues » de bureau lui enseignèrent que beaucoup étaient satisfaits de la vie qu’ils menaient, partagés entre le travail qui les épanouissait et une harmonie familiale qui les rendait globalement heureux.
Se satisfaire d’une existence globalement heureuse ne lui faisait pas envie.
Il avait eu des rêves de grandeur pleins de prétention et des espoirs aussi extravagants que déraisonnables.
Il avait eu vingt ans, puis trente ; des amis bien intentionnés lui conseillèrent d’aller consulter assis couché ou debout ne serait-ce que pour tenter de reprendre la maîtrise d’un esprit qui leur semblait vaciller un peu.
Il n’en fit rien mais c’est alors qu’il commença sérieusement à s’interroger sur son quotidien et les raisons pour lesquelles il avait de plus en plus de mal à vivre.
Les questions existentielles défilèrent une à une, puis vint l’heure de reconnaître l’évidence de son dysfonctionnement chronique qui le poussait souvent à agir contre son intérêt.
Le ver était dans le fruit ; le compte-à-rebours était lancé.
Au fil des ans le piège se referma sur lui ; de plus en plus pris dans un engrenage dont il ne pouvait échapper il se durcit dans l’épreuve en espérant continuer à faire illusion.
Quand son physique commença à donner des signes réguliers de fatigue, son mental, déjà bien éprouvé, apprit à repousser ses limites.
Quand vint la maladie, il n’était plus l’heure de nier que son corps commençait véritablement à ne plus en pouvoir.
Les problèmes de santé se succédèrent à un rythme éprouvant jusqu’à le rendre exsangue.
Jetant un regard à son miroir il vit qu’il n’était plus capable de sourire tant la douleur s’était emparée de son corps en de multiples endroits.
C’est à force de croiser dans la rue des inconnus qui le regardaient avec un air compatissant que, retournant au miroir, il vit qu’une grimace avait remplacé toute esquisse de sourire .
Il avait l’air d’autant plus pathétique qu’il croyait passer inaperçu.
Sypheis ne cessa jamais, chaque jour, d’être surpris de ne pas avoir encore lâché prise en découvrant que ses limites étaient presque sans fin, lui permettant d’endurer plus que ce qu’il pensait pouvoir supporter.
Ne croyant pas davantage à une malédiction qu’à une punition divine, il n’essaya plus de comprendre pourquoi sa vie avait ainsi dérapé au point de lui en faire perdre le contrôle.
Il n’a plus jamais réussi à sourire.
Passé minuit des algues semblaient lui pousser sur la tête…
(Merci à C.V. pour sa contribution artistique)
(© 2016/droits réservés)
“Le sourire est le baiser de l’âme.”
Michel Bouthot
https://www.youtube.com/watch?v=UN8oLGBNXpE
Eh oui ! Aussi incontournable qu’inoubliable.
A écouter en boucle (entre autres œuvres de NKC) : http://img.tradera.net/images/029/225135029_953ae499-1d41-4872-a402-ef36214973e0.jpg + http://img.tradera.net/images/029/225135029_ea07b7d7-1d73-4abb-bd5a-56b2fd8c1730.jpg
…B.
« Unforgettable ».. »When i fall in love ».. »Mona Lisa ».. »Nature boy »..sont mes fav….un ami de Brighton m’avait offert le meilleur de Nat King Cole pour me faire découvrir de belles sérénades…quand je les écoute..je revois la mer et cette vielle jetée (dont il doit rester des ruines maintenant??)
Douce nuit pour vous..bisous
Bons choix .
…B.