La mer amère
Posté par BernartZé le 10 septembre 2016
Sous les pavés plus de plage
Au cours de mes vacances j’ai croisé au large un saumon en larmes.
Les dauphins n’ont pas le monopole des pleurs ; lui avait l’air si triste et dépité qu’il m’a émue.
Éperdu orphelin et récemment en deuil de son frère il ne supportait plus l’idée que tous les siens soient menés à la baguette et mangés crus marinés ou cuits à toutes les sauces !
Marre de savoir qu’ils aient pu finir salés poivrés et aromatisés.
Il avait contacté un ; on avait tenté de les marier de force pour les accommoder en makis.
C’était un juriste bien trop inexpérimenté pour lui apporter la moindre aide ; et manquant d’empathie il n’avait rien compris à son désarroi.
Alors il avait repris sa course désespérée toujours plus au large en espérant ne pas croiser des filets qui scelleraient son destin.
Moi sirène c’est à bout de souffle que je l’ai rencontré.
Il m’a raconté la folle traque des humains à travers le globe qui avait fini par mettre en péril toute sa vaste famille.
C’est pourquoi les hommes ont inventé la salmoniculture pour les exploiter plus encore sous prétexte de se nourrir.
Comme si la mer et les rivières manquaient d’autres poissons !
Tout ça à cause de ça de ça de ça (aussi) et puis bien sûr de ça un grand classique !
En nous quittant nous ne nous sommes dits ni au revoir ni adieu ; inutile de nous mentir.
Il devait savoir que sa vie en liberté prendrait bientôt fin.
Son temps était compté et sans le dire il se doutait qu’il finirait tranché débité mis en pièces et assassiné pour la satisfaction d’un maximum de palais.
Fataliste.
C’est fou le mal que la folie peut engendrer…
(finir conditionné sous atmosphère protectrice !)
(© 2016/droits réservés)
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.