Quelques jours sinon rien

Posté par BernartZé le 4 février 2017

Léopard

Chambre 358

  

            Le droit à l’indifférence.

 

     Enfermé dans ma chambre d’hôtel depuis seize jours je ne me lève plus je ne me lave plus, j’attends.

Un léopard en plein désert me fait face sur le mur en bout de lit.

La pièce est exiguë et le poster immense.

J’ai l’impression que je pourrais le toucher du bout des orteils mais je n’ai plus la force de lever une jambe.

Comment ai-je atterri ici ?

 

     Tandis que je tentais de m’évader c’est par hasard que ma course s’est achevée presque au bout du long couloir rouge sang Couloir (In the mood for love, 2000) du troisième étage d’un hôtel discret.

Étrange numérotation des chambres toutes distribuées du même côté avec un parti pris exclusivement pair allant de quatre en quatre malgré un étonnant grand écart arithmétique entre la deuxième et la troisième chambre : 32 36 310 314 318 322 326 330 334 338 342 346 350 354 358 362 366 370 374 378.

Vingt chambres identiques (je crois), sans état d’âme.

Je n’ai croisé personne le jour de mon arrivée ; depuis non plus évidemment.

 

     Qu’étais-je venu chercher là ?

Essentiellement l’oubli et le repos dont je manquais tant.

A force de voguer dans des eaux troublées par l’agitation intérieure de mon cerveau ma barque avait chaviré et tout mon être avec elle.

D’impossibles deuils m’empêchaient d’avancer d’où la nécessité de trouver un havre ou la paix serait débattue.

N’ignorant pas que tout se jouait entre moi, l’enjeu consistait à se défaire du « je » et de tous ses embarrassants acolytes.

Trop d’émois en moi et eux tous pour me mettre à je-nous ; dangereux iceberg Théorie de Freud croisé au large d’un océan glacé.

Mon nombril prenait pourtant feu ; satané Freud !

La guerre -peu civile- égocentrique ne sème que des cadavres en chemin.

 

     Moi je m’en balance si je suis trop Fragile (Sting, 1987) pour vivre heureux ; trop taré pour ne pas être mort-né, trop indifférent finalement.

Je ne connais rien aux choses de la vie, je ne ferai jamais le voyage jusqu’en Namibie où le désert est rouge et où les animaux tirent la langue en quête d’eau et de nourriture.

Nul n’est jamais rassasié, ailleurs comme ici.

 

            Je ne sais certes rien de la vie, faute de n’y avoir jamais rien compris.

Sans mode d’emploi livré dès la naissance comment savoir à quoi elle rime, comment ne pas danser d’un pied sur l’autre, riche ou pauvre ?

Cherchez toujours et ne trouver presque jamais rien est un jeu si ridicule que mieux vaut se hâter d’en rire de crainte de n’avoir plus le choix.

Celui -peut-être- de quitter un jour cette chambre…

  

 

Couloir aux quatre vents  (Aux quatre vents)

(© 2017/droits réservés)

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