D’outremer

Posté par BernartZé le 30 août 2017

32,6

Deux yeux fermés

Je ferme les yeux

  

            Allongée, la chaleur du soleil m’enveloppe.

 

     Je suis bien, je suis belle.

Cela fait si longtemps que je n’ai pas eu cette sensation de calme et de bien-être que je crois rêver ; peut-être est-ce d’ailleurs le cas.

Il est juste de parler de caresses lorsque le soleil n’est ni tiède ni trop chaud.

L’impression est alors celle d’un bain de douce torpeur qui gagne progressivement tout le corps jusqu’à emplir le cerveau.

A moins que je n’entre dans un état de lévitation Lévitation quasi divine.

 

     Angle de 32.6° Devenue omnisciente je note que mon bras rejeté en arrière fait exactement un angle de 32,6° avec le sable.

Je repense naturellement aux vacances de mon enfance.

Je n’étais qu’une petite fille quand je nageais déjà avec un immense plaisir sous la surveillance de mes parents assez fiers de ne pas me voir affublée de brassards gonflables ou d’une bouée ridicule.

Je me souviens particulièrement d’un été passé en Espagne sur la Costa Blanca.

Je ne revois qu’une immense plage de sable blanc mais je me souviens parfaitement des grands plats de paëlla rapportés à pieds par mon père et des churros dont mon petit frère raffolait.

Ah ! les Churros (2) sans lesquels il prétendait parfois défaillir !

C’était il y a si longtemps…

Je me revois plus tard, toute seule avec mes parents, nous étions moins heureux et j’avais compris alors qu’ils ne riraient presque plus désormais.

D’autres vacances à la plage, moins éloignées, me restent en mémoire.

Même si elles se déroulaient dans des contrées où la mer était moins chaude ou plus agitée, j’ai toujours emporté avec moi sur le chemin du retour l’indicible ravissement du contact de l’eau glissant tout le long de ma peau.

Et le jour de la rentrée des classes j’avais l’impression de pouvoir encore goûter le sel en léchant discrètement le dessus de ma main.

 

     Le soleil frappe à présent ou bien ne suis-je plus en lévitation ?

Retour en arrière mais cette fois à la montagne en été.

L., à peine quatre ans, jouait au badminton devant la fenêtre de la cuisine du chalet loué.

Pourquoi ce souvenir sans mer ni sable ?

Pourquoi aussi revoir tout d’un coup une gravure que nous avions rapportée de là-bas peu après l’accident ?

Gravure chardonnerets (par Robert Hainard) Je me demande bien pour quelles raisons mes parents avaient fait le choix de ces chardonnerets.

Est-ce parce qu’ils ont symboliquement la réputation d’être emplis de compassion ?

Elle est très longtemps restée accrochée sous verre dans le salon ; y est-elle encore aujourd’hui alors que la maison a été vendue ?

 

     Je me sens moins bien, nettement moins belle.

Je ne sens plus les rayons du soleil ni le sable sous moi.

Je ne ressens plus grand-chose mais j’entends des murmures autour.

L’heure de la béatitude semble révolue.

Des gens me bougent me portent me déplacent.

Je ne vois ni ne perçois plus mon corps, j’entends encore des derniers mots.

 

            Il semblerait que je sois morte.

 

  

Vierge à l’Enfant tenant un chardonneret et des cerises (Jacques Stella, XVIIè)

(© 2017/droits réservés)

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Quelques questions sans réelle importance

Posté par BernartZé le 27 août 2017

Que sera sera

Bon !

  

            Admettons -ne serait-ce qu’un moment- que espoir et vie soient intiment liés.

 

     Supposons aussi que, doté d’une nature optimiste, l’être humain soit en mesure de toujours diriger son existence à sa convenance.

Imaginons enfin que lancé sur la voie royale de sa vie il rencontre un obstacle ; ce sont des choses qui se produisent parfois.

Qu’adviendra-t-il ?

 

     Tout dépend du contexte, de la nature du grain de sable, des circonstances et de lui-même me direz-vous peut-être ?

Non ! Je prétends que tout dépend avant toute chose de lui, très souvent de lui…seul.

Bien sûr je n’ignore pas que pour beaucoup quand une difficulté survient ils sont sûrs de pouvoir s’appuyer sur les membres de leur famille et sur plusieurs amis proches.

De vieux amis loyaux et fidèles, une famille aimante et enveloppante qui ne les juge jamais.

Vivrions-nous au pays de Logo Oui-Oui (2) ?

J’adore l’idée conceptuelle qui consiste à croire que tout problème a une solution.

On prétend bien, très trivialement, que chaque pot a son couvercle ou que…tout a une fin.

Pourquoi ne pas penser que chacun viendra à bout de toutes les épreuves de sa vie à force de volonté de courage et de ténacité ?

Toutes les maladies ne sont-elles pas curables ? Tous les criminels ne finissent-ils pas par être punis ?

Je sais ces « arguments » paraissent hors-sujet et avoir peu de liens avec les bases de ce semblant de réflexion.

C’est une ébauche, un peu de patience !

 

     En fait je voudrais tordre le cou à certaines idées reçues et plus encore les « pensées toutes faites » qui consistent à répéter à la façon d’un perroquet des formules ancestrales pleines du bon sens populaire.

 

Si vous croyez aider l’être mis à mal et le rassurer avec de telles sentences…faîtes-en plutôt des Conserves et commercialisez-les !

Vous pouvez également vous abstenir de prendre la parole pour ne rien dire de plus personnel.

Pas plus que vous je n’ai les Les clés du royaume ici-bas, c’est pourquoi je ne cesse de m’interroger.

Combien de fois en une seule vie peut-on renaître de ses cendres ?

Autrement dit : une fois de plus à terre, quand viendra le jour où l’on ne pourra plus se relever ?

Faudra-t-il pour cela attendre que le cœur cesse de battre ?

 

     Bas les masques ! , cessons d’entretenir l’illusion que tout ira mieux demain alors que tout semble aller de mal en pis.

Pour ceux dont la vie est un rêve, abandonnez là cette lecture inutile ; pour les autres…prenez vos responsabilités.

 

     Tout le monde n’a pas son avenir devant lui et l’espoir n’est ni une vertu ni une lumière au bout du long chemin, mais plutôt une illusion.

Loin de moi l’idée de démoraliser Pierre Paul Jacques et Lucille, sans oublier Nathalie, néanmoins il faut reconnaître que la raison et le simple bon sens (non populaire) donnent à penser que nous n’en sortirons pas tous vivants…même avant de mourir.

Eh oui ! C’est bien beau de se nourrir de proverbes et de maximes, mais lorsque l’on se retrouve seul face à soi-même et à un problème apparemment insoluble, l’heure du jugement a sonné !

Comptez sur la chance, si vous y croyez encore, sinon accrochez-vous de toutes vos forces (restantes) à ce qui vous tombera sous la main lors de votre descente aux enfers.

La chute pourrait être longue cruelle et douloureuse.

Elle sera pour vous sans fin un jour et, le lendemain retrouvant de l’espoir (juste un fond), vous vous mettrez à y croire de nouveau avant que le surlendemain ne vous fasse replonger dans d’autres abîmes.

Vous verrez c’est un jeu très amusant.

Ballotés ainsi entre espoir et désespoir combien d’années pensez-vous pouvoir tenir avant de lâcher définitivement prise ?

LA vraie question est là.

 

     Selon votre degré de résistance dans l’épreuve, vous survivrez plus ou moins longtemps encore…à défaut de vivre.

Quelle sacrée bonne nouvelle !

 

            Ultime point de détail : ne comptez pas trop sur le soutien de votre entourage ; il sera toujours très occupé ailleurs…

 

   

La vie est belle ! 

(© 2017/droits réservés)

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Ô temps anciens !

Posté par BernartZé le 24 août 2017

Gaston Ouvrard

♪ Je n’suis pas bien portant ♪

  

            Gaston Ouvrard avait bel et bien raison…

 

     A tous ceux qui me demanderaient comment je vais (heureusement nul n’y songe), je serais tenté de répondre :

            « J’ai la rate qui s’dilate, j’ai le foie qu’est pas droit, j’ai le ventre qui se rentre, j’ai l’pylore qui s’colore, j’ai l’gosier anémié, l’estomac bien trop bas et les côtes bien trop hautes, j’ai les hanches qui s’démanchent… ».

Bref, avec l’âge rien ne s’arrange !

 

     Il faudrait rendre justice à ce comique troupier qui eut son heure de gloire dans les années 20’ et 30’ (…du XXème siècle) et refit des étincelles plus tard à la télévision dans les années 60’ et 70’ avec cette incroyable chanson débitée à cent à l’heure avec une parfaite et intelligible diction.

C’était le temps du noir & blanc, un temps que les moins de… ; les moins de combien ? je ne saurais dire tant il me semble qu’il y a fort à parier qu’aucun jeune de ce XXIème siècle n’a jamais entendu parler de Gaston Ouvrard ni de cette impayable chanson.

Et pourtant il ne leur suffirait que de deux clics (sur leurs smartphones tablettes numériques ordinateurs portables montres High Tech connectées…) pour écouter ce chef-d’œuvre de notre patrimoine culturel et découvrir la tête du bonhomme chantant !

Plutôt que de dire qu’il est aujourd’hui oublié supposons plutôt que, s’il est totalement méconnu de beaucoup, certains -nettement plus vieux- s’en souviennent encore.

Il faut croire que dans l’temps on riait pour un rien !

 

     C’est donc en vieillissant que se révèlent toute la justesse de ces paroles.

Au fur et à mesure, avant que rien n’aille plus, tout va de moins en moins bien.

Tout se dégrade progressivement.

Est-ce l’effet direct de notre obsolescence programmée Obsolescence tels les objets de notre quotidien ?

Ma bonne dame mon bon monsieur c’est tout à fait possible.

Il n’est pas nécessaire de tomber malade ou…dans la rue en butant sur un micro caillou pour réaliser que la machine s’est véritablement grippée.

Les bruits des os et des muscles rouillés se font presque entendre au lever !

Et puis, une douleur par ci une gêne de plus en plus insistante par là, et vous voilà certains de vous trouver sur la pente descendante.

Mettons à part les problèmes d’alopécie galopante plus spécifiques à la gente masculine et qui peuvent s’abattre (comme une malédiction) sur un individu avant même l’âge de vingt ans (certains exemples sont demeurés célèbres).

Évoquons plutôt à titre d’exemples tous les rouages enroués toutes les souffrances qui s’additionnent tous les malaises vagaux qui se succèdent…tous les bateaux tous les oiseaux tous les soleils…

Mais non têtes de linotte je plaisante évidemment !

Hors de question de nous infliger ce genre de revue de détails non exhaustive.

 

     Il suffit de rappeler aux personnes concernées le temps où elles pouvaient sans souci (sans même se poser de question) aller loin et longtemps sans s’inquiéter de devoir se ménager.

C’est tout.

Le reste est propre à chacun et il n’est bien sûr nul besoin d’en faire profiter tout l’univers ; un peu de pudeur que diable !!

 

 Fioriture

 

     Une pensée admirative et quasi émue pour ceux qui profitent (et le peuvent) de leur grande forme et de leur bonne santé Santé !!…quel que soit leur âge.

 

            Restera, espérons-le tout de même, l’œuvre d’Ouvrard…

 

  

Gaston Ouvrard bis

(© 2017/droits réservés

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Seconde chance

Posté par BernartZé le 23 août 2017

 Juste histoire de voir…

 

            A titre expérimental (et un peu pathétique) remise ci-après en 1ère ligne d’un ancien scribouillis remontant à l’été 2011.

    

     Afin de ne désobliger personne (surtout pas l’auteur de ce méfait !), l’expérience sera abandonnée dans une petite semaine.

 

            Bon courage…

 

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     La petite semaine est achevée, l’expérience est terminée.

Le calendrier va enfin pouvoir reprendre ses droits et les articles retrouver leur ordre normal.

Pour ceux qui voudraient éventuellement lire plus tard le scribouillis dont il était question, il leur suffira de cliquer sur le lien suivant : http://bernartze.unblog.fr/2011/06/17/question-de-point-de-vue-part-ii/

 

            Voilà, voilà…Happy smiley

 

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Un homme…

Posté par BernartZé le 19 août 2017

Étude d'un Boiteux Homme (huile de Thomas Couture)

Diable d’homme

  

            Il y avait exactement mille ans qu’il était né ce même jour.

 

     En fait on disait « mille ans » par habitude, sans connaître son âge ; lui-même ne le savait plus ayant cessé de compter ou de le fêter.

Qu’aurait-il d’ailleurs eu encore à célébrer ? Le poids des ans ? Sa solitude ? Son humeur versatile qui l’avait fait se retirer du monde ? Sa joie légendaire peut-être ?!

Non. Toutes les années étaient passées comme des siècles et l’avait marqué une à une, le débarrassant du peu qu’il avait en naissant.

 

     Il était né boiteux.

Pas de quoi faire virer le lait frais mais pas non plus de quoi se réjouir.

Petit, cela lui avait valu beaucoup de moqueries et autres misères de la part d’enfants qui -bien sûr- ne pensaient pas à mal.

Les enfants sont toujours innocents comme chacun sait…

Sa claudication jamais soignée était due non seulement à une jambe plus courte que l’autre mais surtout à une malformation de la hanche qui s’était légèrement déboîtée au premier jour et s’était par la suite soudée ainsi.

D’où une douleur avec laquelle il avait été obligé de grandir et des larmes qu’il cachait tant bien que mal dans son enfance pour ne pas peiner ses parents.

 

     Il avait traversé deux ou trois guerres, sans pouvoir y participer vu son invalidité.

Combien de fois avait-il pu la maudire quand il apprenait la mort d’un ancien camarade d’école ?!

Comment ne pas se reprocher ce satané handicap qui l’avait empêché d’aider ou de secourir quiconque ?

Cette jambe…était le fardeau de tous les instants de sa vie ; impossible de l’oublier, impossible d’en supporter la vue nue ; impossible de se laisser aimer.

Oh ! bien sûr certaines avaient vaguement tenté de lui conter fleurette par jeu ou par vilain défi à relever.

Une fois il avait cru lire de la sincérité dans un regard mais n’avait rien osé laisser paraître.

Très vite il avait abandonné tout rêve, toute illusion de ne pas finir seul une existence qui s’annonçait morne et vide.

Elle le fut, mais pas entièrement.

 

     Après avoir quitté l’école à quatorze ans il se fit cordonnier (un sens de l’humour particulier ?), faisant son apprentissage sur le tas auprès d’un oncle rémouleur Rémouleur et bottier dont il avait découvert l’existence lors du mariage de la fille du frère de la cousine de sa femme (pas celle de l’oncle mais du frère !).

Ils s’étaient vite entendus (l’oncle et lui) et avaient convenu d’une formation durant au minimum trois ans sous réserve d’un talent plus ou moins confirmé ; le sien le fut avant l’heure et il prit son indépendance à peine passées les deux premières années.

Cordonnier donc à son compte ; c’est ainsi que s’écoula sa vie.

Les clients entraient et sortaient rapidement ; peu osaient lui parler comme s’il portait sur son visage une marque inquiétante les tenant à distance.

Il n’en prit pas ombrage et fit toute sa vie son métier en bon professionnel héritier de l’ancien temps.

N’avait-il d’ailleurs pas toujours été bien plus « ancien » qu’eux tous ?

 

            En se réveillant ce matin-là, en ce jour anniversaire, sans doute n’avait-il pas mille ans ; pas tout à fait.

Il ne s’est pas souvenu que cejourd’hui était supposé être « son jour ».

Il s’est juste senti las et immensément fatigué, incapable de se lever ou de décider de quoi que ce soit.

 

     On l’a certainement retrouvé -un jour ou l’autre ou plus tardtranquillement allongé à côté de ses cannes, presque à côté de sa jambe.

 

 

Ancienne prothèse de jambe 

(© 2017/droits réservés)

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Débris d’être

Posté par BernartZé le 15 août 2017

Soleil 2

?

  

            C’est surtout une immense fatigue qui s’empare de tout le corps.

 

Et l’esprit ne tarde pas à le suivre dans cette zone dangereuse.

Ce qui pourrait passer pour un engourdissement progressif un relâchement ou un moment de léthargie s’avère plus proche de l’inertie glissant vers l’abattement.

 

Le corps meurtri, brisé, ne se relève pas de sa chute ; les os semblent de verre, le moral friable.

Surpris puis apeuré, là on l’on cherche un point d’appui ne se trouvent que des dérobades.

C’est la fuite en avant de tout et de tous pour le cas où le mal serait contagieux.

Ne plus compter que sur ses forces qui s’amoindrissent au risque de retomber.

Tous les muscles sont atones, refusant de répondre.

Ne reste plus qu’un être amorphe et flasque Buster Keaton.

 

     Faut-il pour autant se résigner ?

Sur l’instant comment serait-il possible d’envisager une sortie de tunnel ?

Comment entrevoir à nouveau la lumière quand chaque geste, chaque mouvement coûte ? ; les bras et les jambes pèsent des tonnes comme s’ils se rappelaient soudain toutes les années écoulées.

L’impuissance paraît alors si grande, la lassitude infinie.

C’est aussi un grand froid qui parcourt un être courbé.

A quoi pourraient encore servir les larmes ?

La colonne vertébrale s’affaisse, les côtes flottent davantage.

Plus rien ne tient debout, à peine assis.

Le mieux serait-il de se soumettre sans plus protester ?

Cela n’équivaudrait-il pas à une abdication définitive ?

Abandonner, s’abandonner…'Sea Boots' by Andrew Wyeth 1976 !

 

     Quel que soit le choix encore faut-il pouvoir le faire.

Rien n’est simple ; toute reconsolidation nécessite du temps et de la patience…même lorsque l’on se sent à bout.

Que ce soit à bout de forces d’envies de courage ou d’espérances, le plus difficile est de réussir à envisager la possibilité d’un retour ; un de plus !

 

            Tiens après pourquoi ne pas aller faire un tour en Islande…pour retrouver le soleil ?!

 

 

Islande (Le Routard) 

(© 2017/droits réservés)

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Des mots, des maux…

Posté par BernartZé le 13 août 2017

Soirée paisible

Une soirée paisible

  

            Entre chienet loup °°°

 

     Oh oui ! Comme il serait bon de passer un moment en tête-à-tête sous la lumière tamisée d’un lieu calme et tranquille.

Toi le chien guide et moi le loup qui hurle davantage aux abois ; ou bien inversement.

De toutes façons dans la pénombre nous ne verrions plus nos différences ni nos désaccords.

Serait enfin venu le temps de la trêve et l’heure du repos ; à nous de réussir à les prolonger l’une et l’autre le plus longtemps possible.

 

Nous saisirions l’occasion de nous écouter et de nous comprendre à nouveau, de nous entendre et de nous reconnaître à tâtons.

Ce ne serait pas exactement une « seconde chance », mais plutôt une opportunité de nous découvrir, moins jeunes et moins innocents.

Moins idéalistes également sachant ce que l’existence peut réserver à un être de bonnes et de mauvaises surprises ; alors à deux !

 

«Le mariage, c’est résoudre à deux les problèmes que l’on n’aurait pas eus tout seul» a dit une certain Sacha G. …grand spécialiste de la question.

Même si l’on n’est pas nécessairement d’accord avec lui (c’est tout de même dit non sans humour !) on peut reconnaître que la vie de couple n’est peut-être pas la solution idéale pour tout le monde ; il est des tempéraments réfractaires qui refusent tout compromis.

Contrairement aux apparences pour beaucoup l’amour n’est pas un jeu ; on ne badine pas sans risques ni dommages.

 

Nous sommes passés ensemble par ces contrées dangereuses qui réveillent les rancœurs et ne grandissent personne.

Nos mots ont souvent dépassés nos pensées, nos maux ont marqués nos corps et nos esprits indissociables dans les épreuves.

Combien de soirées nous ont-elles achevés seuls et dos-à-dos avec le sentiment amer de l’échec ?

Ce n’était pas la guerre c’était plutôt le mépris ou l’indifférence selon les jours, l’anamour et le dégoût le plus souvent.

C’était épouvantable à nos yeux d’en être arrivé là !

 

Thérapie de couple Une thérapie de couple ? Nous étions beaucoup trop orgueilleux pour nous laisser à ce point aller en faisant appel à une aide extérieure ; même nos amis ignoraient tout de notre conflit.

Nos problèmes devaient se régler uniquement entre nous pour sauver les apparences.

Elles le furent mais malheureusement pas nous.

Nous nous sommes enlisés chaque jour davantage jusqu’à l’irréparable.

Partir revenir devint un sport hebdomadaire des plus éprouvants et stupides.

Nos cœurs en perdirent la raison et nos fiertés déconfites apprirent que nous étions ordinaires contrairement aux prétentions de notre lointaine jeunesse.

 

            Ah oui ! Comme ce serait bon de passer une paisible soirée ; mais voilà…tu n’es plus là.

  

 

Veillée  (veillée funeste)

(© 2017/droits réservés)

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Épopée culinaire

Posté par BernartZé le 7 août 2017

Saumon fumé en tartare - Palais des Mets

Mais…

  

             Dare-dare dit le saumon.

 

     Au palais résidaient un lapin une carpe un poisson rouge et un saumon.

Ils vivaient là heureux ; jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce qu’un étranger ne fasse irruption dans cet univers à l’origine bien ordonné qu’il bouleversa complètement en moins de temps qu’il ne faut à un poisson rouge pour faire le tour de son bocal.

 

     Dès son arrivée il parut à tous rugueux et sombre L'étranger (by Colin Vearncombe) dangereux et peut-être violent.

Il se présenta au maître des lieux comme étant le cuisinier envoyé par Sir d’Albray notable connu et respecté en Aveyron.

Depuis que le chef des fourneaux était accidentellement mort d’un coup de poêle bien asséné en guise de légitime défense (une vertu à sauvegarder) rien n’allait plus en cuisine.

Des ordres contraires volaient en tous sens et nul n’obéissait plus.

Son autorité naturelle suffit à mettre aussitôt le holà et chacun rentra dans le rang pour se consacrer uniquement à sa tâche.

Dès son entrée dans la place il fit clairement montre de sa préférence pour les viandes et de tout son art pour les accommoder.

La chasse au sanglier reprit de plus belle, les faisans et les perdrix firent leur apparition et d’énormes pièces de bœuf se frayèrent un chemin jusque sur les étals de cuisine.

On coupait découpait hachait scalpait et guillotinait à longueur de journée.

Sa spécialité : un tartare de bœuf étonnamment délicat que ses grandes mains sortaient de sa toque Tartare de bœuf.

Il recueillit aussitôt l’approbation et les louanges de la table d’hôtes.

Et pendant ce temps poissons lapin et carpe vivaient tranquilles.

 

     Plus pour longtemps.

Un jour d’humeur méchante ou particulièrement créative il décida de faire un sort aux rares poissons croisant encore dans un aquarium situé dans un angle au fond de la cuisine.

Et d’une anguille de plus de dix ans il fit un délicieux tartare.

Le saumon n’attendit pas pour prendre sa queue à son cou et filer dans la rivière la plus proche, abandonnant carpe et lapin.

Il fut pêché et dégusté en grillade moins de trois mois après son retour à la nature.

 

            C’était il y a fort longtemps dans un vieux château médiéval.

   

 

Château de Montrozier

(© 2017/droits réservés)

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Sur un coup de tête

Posté par BernartZé le 4 août 2017

#86 number

L’âge déraison

  

            De passage à Taba au Japon elle aurait pu fêter son quatre-vingt-sixième anniversaire.

 

     Bon pied bon œil elle s’était envolée pour Varsovie un 4 juillet.

Une idée comme ça qui lui était venue un soir de juin après avoir enterré son mari.

Il lui fallait partir vite et loin et si possible longtemps.

Seule désormais, plus rien ne la retenait à Pelleport son petit village de Haute-Garonne.

Plus de famille ni d’amis, plus rien à espérer non plus.

 

     Son projet était simple : partie de Toulouse, à une trentaine de kilomètres de chez elle, elle devait atterrir en Pologne huit heures plus tard en empruntant un vol économique deux fois moins cher qui devait (initialement) durer deux fois plus longtemps.

Mais quelques vents contraires rallongèrent son parcours.

 

     Avion noir Tout d’abord, à cause d’un orage, son vol partit avec une heure et demie de retard ; « pas grave » se dit-elle, elle avait tout son temps.

Mais en survolant la République Tchèque trois individus eurent la drôle d’idée de vouloir s’emparer de l’appareil, sans doute désireux de partir en vacances ailleurs à peu de frais (pour eux).

D’abord menaçants ils devinrent franchement inquiétants, suffisamment pour convaincre la compagnie aérienne de leur obéir.

Un seul autre problème logistique : le manque de carburant prévisible pour une bien plus longue distance.

Il fallut donc faire une halte en Ukraine pour un copieux ravitaillement ; la compagnie essaya tant bien que mal d’en profiter pour réclamer des victuailles supplémentaires sous l’œil vigilant des preneurs d’otages.

Elle n’obtint qu’une cinquantaine de plateaux repas pour poursuivre l’aventure et sustenter les passagers.

On s’organisa, certains affolés, d’autres étrangement sereins ou inconscients…comme elle.

Elle n’eut pas peur et pris ce coup du sort comme un regain d’aventure particulièrement excitant.

Quand l’avion redécolla elle apprit en même temps que tous qu’elle se réveillerait dans une dizaine d’heures au Pays du Soleil Levant.

 

     Ils atterrirent tous le lendemain du jour d’avant ou de celui de la veille ; plus personne ne savait l’heure qu’il était après tant de décalages et d’heures supplémentaires.

Les organismes étaient épuisés, les esprits à bout, et elle-même riait moins en commençant à sentir ses forces l’abandonner.

Pour la première fois depuis bien longtemps elle se souvint de son âge sans savoir qu’elle n’était pas la doyenne à bord.

Le mystère plana longtemps sur les raisons de ce détournement traité de façon mineure si l’on se fit à l’absence de couverture médiatique ; seule une ligne en bas d’écran d’une chaîne info.

Les trois preneurs d’otages furent cueillis à l’arrivée à Osaka, les passagers s’évanouirent dans la nature.

Personne ne songea même à se prendre en photo en souvenir !

 

     Bien que faible elle eut la curiosité de prendre un train au hasard histoire de jeter un coup d’œil au pays.

Elle s’arrêta à Taba et y mourut sans rien visiter de ce minuscule village encore plus perdu que le sien.

 

            Son corps ne fut pas réclamé et les autorités embarrassées décidèrent au bout d’un mois de la faire incinérer dans la ville d’à côté le jour de son anniversaire ; le dernier qu’elle n’aura pas eu le temps de célébrer.

La boucle était bouclée…

 

  

Drapeau japonais

(© 2017/droits réservés)

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Comme une autre

Posté par BernartZé le 1 août 2017

Compagnie macabre

Au coin du feu

  

            Douce lumière de l’âtre, la torpeur s’empare du corps et de l’esprit.

 

     Le rêveur solitaire s’abandonne dans son vieux fauteuil au cuir craquelé par les ans.

Il se promène dans sa tête, repensant nonchalamment au passé d’or et de poussière.

Dans l’immobilité de sa nuit il valse en silence avec des fantômes avant que quelques notes de piano ne ravivent de très lointains souvenirs.

                       

 

     Il revoit des visages et des maisons, les routes empruntées les chemins escarpés ; il revit des périples aussi.

Aux grandes heures furent les grands défis ; tous ne furent pas relevés mais chacun donna lieu à de belles empoignades avec la vie.

Il y eut les rencontres les amis les amours, des histoires et des désillusions, des accélérations et les temps d’arrêt.

Certes toute brutalité ne lui fut pas épargnée et il connut bien des tourments aux abords de certaines rives.

 

     Au cœur de la nuit il ne peut s’empêcher de s’attendrir sur son existence bien remplie.

Il pleure doucement en songeant aux amis qui l’ont déserté et qu’il a déçu.

 

Ne reste de tout cela qu’un amas de cendres et de poussières.

 

            Qui sera donc présent à ses funérailles ?…

 

 

Danse macabre - Zbigniew Preisner  (2010) 

(© 2017/droits réservés)

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