C’est (aussi) la vie !

Posté par BernartZé le 26 mai 2011

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It’s a wonderful life !

 

          Quitte à perdre la partie, autant la perdre complètement et tenter de faire un chef d’œuvre du plus beau des ratages.

En somme, quelque chose de bien plus drôle !

    

     Le déroulé d’une vie en transparence passée à espérer et à croire que le lendemain pourrait se révéler meilleur que la veille n’est pas « cinégénique ».

Il a pourtant fait l’objet de quelques œuvres mémorables.

Cependant, quelle folie de s’obstiner et que de temps perdu à retrouver le fil et la bobine !!

Des chemins de traverse, ne demandant pas mieux que d’être empruntés, ne sont jamais très loin afin d’y progresser, peut-être un peu inquiet et pas-à-pas, sans attendre autre chose que de découvrir ce à quoi on ne s’attendait pas.

Autant dire que le champ des possibles s’avère alors ouvert, voire immense.

Mais ça ne se commande pas…

    

     Tout le monde n’est pas capable de ce genre de lâcher de ballon et de prise de risque en apesanteur.

Encore faut-il posséder un sens de l’équilibre certain et un certain sens de l’à-propos.

Et à propos de lâcher prise, il n’est pas de domaine où il ne peut servir.

    

     D’un coup de dés pipés coupdeds.png   il est facile de se tromper de route au point de ne plus pouvoir faire marche arrière.

Le meilleur advenant quand on ne sait même pas lire une boussole boussole.jpg !

La faute à…soi-même (avant tout), à une inaptitude à vivre le réel, à une éducation reçue et digérée ; peut-être un peu trop bien…?

C’est aussi, finalement, une indisposition naturelle à regarder sa vie dans le blanc des yeux.

Comme un talent acquis, solidement ancré en soi, pour tomber de Charybde en Scylla.

Il n’est certes pas donné à tous de posséder ce bien précieux !

De là à faire des jaloux… ?!

    

     Faut-il mourir idiot pour mourir dans la joie ?…

Certains l’ont pensé, éprouvé ; d’autres ont lutté toute leur vie pour en saisir le sens.

Tout au bout de leurs chemins respectifs, les uns ne furent pas plus avancés que les autres.

Et donc, en vertu d’une théorie tendant à faire croire que le lendemain sera un autre jour, vivement que la guerre soit finie !

A quoi sert de vivre si l’on est mal en point ? ; mais à quoi bon mourir si l’on n’a pas vécu ?

Aucune réponse n’est attendue.

Il en va ainsi pour les Hommes comme pour les animaux, sans oublier les plantes vertes, et autres végétaux, sans lesquels la photosynthèse ne se ferait pas.

Pas de raison, cependant, de s’entêter dans ce bas monde.

    

     D’accord la vie est belle, les petits oiseaux chantent, les mouches volent, les papillons sont émouvants, les enfants jouent dans les parcs, et le soleil brille (s’il n’est point de nuages !).

Est-ce une raison suffisante pour s’en contenter ?

Ne pouvait-on pas attendre davantage de sa propre existence ?…

    

     Avant de tout effacer derrière soi, au bout de sept mois et dix jours d’intense réflexion (inutile de chercher le pourquoi de ce dénombrement), quand on n’a plus rien à donner aux autres ni à espérer, il est temps de peaufiner son…départ !

Et vlan sur le coccyx !!

Les quatre fers en l’air, pour la toute dernière fois, il faut se relever pour décider de la fin d’une histoire ; la sienne.

Simplement, sans autre souci que de se soustraire à la vie avec élégance, il importe de prendre certaines dispositions.

    

     Tout d’abord, se débarrasser des regrets en évitant les remords conflictuels synonymes de perte de temps et de vaine entreprise ; il est trop tard pour ce genre d’égarement.

C’est une tâche plus ou moins légère, suivant les cas, que de se retirer sur la pointe des pieds thepinkpanther.jpg.

Encore faut-il savoir faire preuve d’humilité, sans tomber dans l’insupportable pathos.

Ce serait intolérable, insoutenable, détestable, donc…inenvisageable !

Il y a bien mieux à faire que de gaspiller cet ultime temps précieux en palabres et autres échanges – avec soi-même – sidérants de vacuité ! 

Il faut faire le ménage, sans déménager (à quoi bon ?!), en se souciant autant de son lieu inculte que de son âme en partance.

Pour bien faire, il faudrait sans doute répondre aux questions trop longtemps esquivées.

Mais à cette heure, il n’est plus temps.

S’il est encore un temps, c’est celui d’avoir l’heur de choisir de partir.

Avec la manière, sans tambour, ni trompette, ni faire-part.

Point de deuil à rendre officiel, pas même un démariage ; juste un divorce avec la vie.

    

     Cette chose très quotidienne qui consiste à partir de son plein gré, n’a rien d’exceptionnel en soi.

C’est une pure comédie, un jeu de roulette roulettedecasino.jpg, pas nécessairement rvevolevers.jpg !

A perdre une vie et à en rire, il n’y a plus rien d’autre à gagner que la coulisse.

C’est pourtant dans la joie et la bonne humeur qu’il est préférable de tirer sa révérence ; sans se hâter, ni donner l’impression de se carapater.

Inutile de perdre encore la face à l’instant de s’éclipser.

Dans l’absolu, dans l’idéal, l’indifférence est le plus beau des masques et la plus belle des apparences.

Sans trop sourire ni grimacer, une pirouette et le tour est joué !

    

     Quelle importance d’être totalement passé à côté de sa vie, par mégarde, par manque de courage, de conviction ou de savoir-faire ?!

Cela aura été un simple échec, un coup pour rien, une mise à…mal mat.jpg sans importance.

Et tant pis si jamais la revanche n’est jouée.

L’essentiel étant de parfaire ce naufrage en sachant couler à pic avec un semblant de dignité, et en musique.

And the band played on

Salut à tous les marins et autres rescapés !

    

     Il est l’heure, il est temps, il importe, il n’est pas négligeable, suivant les cas et les figures, de se décider à parachever l’œuvre de tout une vie en gommant les traces d’un passage abrégé.

Et de faire disparaître jusqu’au moindre souvenir.

               

          Et la mer efface sur le sable…(!!)


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C’est (aussi) la vie !

Posté par BernartZé le 14 avril 2011

aroundlebecbunsen.png 

Qui trop s’enflamme mal éteint

           

            Et ce feu qui ne cesse de couver… 

 

 

     Avant même le verbe, il y a le premier cri, le premier feu ressenti par les poumons dans lesquels l’air s’engouffre pour la toute première fois.

La vie commence bien en faisant déjà mal.

Et ce n’est qu’un début…

 

 

     Ensuite, tout se complique.

Les grands optimistes prétendent qu’il s’agit simplement d’un apprentissage ; d’autres, trop délicats peut-être, abordent précocement l’expérience d’une manière moins joyeuse.

Ils grimacent un peu plus et, très jeunes, on les juge douillets ou trop fragiles, voire faibles et trop sensibles.

A peine nés, ils sont déjà rangés dans une catégorie inférieure ; pas nécessairement celle des souffre-douleurs et des cibles désignées, même si, dès la maternelle (le premier bac à sable ?), certains donnent parfois le sentiment de se poser en victimes, bien malgré eux.

Ça les suivra toujours.

Ils n’oublieront jamais les premières humiliations, ni les premiers coups reçus en catimini.

Parmi eux, quelques uns sauront y puiser des forces qu’ils ignoraient posséder. 

  

     Les routes divergent et les roues tournent ; jamais ne cesse le Destin de se moquer de tous… 

  

     Tandis que les mouches volent et que l’herbe continue de pousser, les enfants grandissent.

Des volcans s’éteignent et des êtres s’éveillent…à l’adolescence.

A l’âge des premiers coups de cœur et des passions entêtantes, le futur adulte se découvre souvent de bonnes raisons de n’en faire qu’à sa tête.

Il ne veut plus ; il espère, souhaite et s’impatiente.

Il se trouble et s’inquiète à l’heure du premier émoi. 

 

- Seuls toi et moi, et peu importe de savoir que le nombre de Chinois a quasiment doublé depuis les années soixante et une certaine chanson ; songer à apprendre le mandarin… 

 

En pleine effervescence, il trouve franchement de quoi mettre le feu aux poudres.

Il se cherche ; comme l’on a -hâtivement- coutume de dire.

Et qu’importe si ses expériences les plus poussées ne se déroulent pas toujours en labo de chimie !

Quand l’un sait garder la maîtrise de lui-même (et de ce qui…l’assaille), un autre s’amuse à jouer avec des allumettes.

Sans se soucier d’un possible danger, il se plait à mettre en équation un futur improbable.

Un peu trop radical, son goût de l’extrême ne tarde généralement pas à sembler excessif aux yeux de ses anciens amis dont il s’éloigne doucement.

Nul n’est alors plus convié à prendre part à ses jeux injectés de sang…

 

    

     Quelques années plus tard, dans son petit chez-soi uncoindenature.jpg qui lui ira comme un gant, celui qui continuera à parfaitement se maîtriser se souviendra peut-être d’un vieux camarade.

Il y pensera, se rappelant que « c’est la vie », et l’oubliera vite, de même qu’il ne se souciera pas davantage de la croissance démographique de la République Populaire de Chine…

A tort… 

     Pendant ce temps, des volcans se seront réveillés, des comptes à rebours longines.jpg   déclenchés et des feux ravivés.   

  

      

 

     Passée l’époque des allumettes et des lames effilées, vint le règne de…la boxe !

Contre les murs et les miroirs, les tables et les chambranles de portes, les accoudoirs et les angles les plus obtus.

C’est fou comme les objets aiment s’ériger en obstacles aux plus mauvais moments ! 

 

 

     Un feu s’affole unfeusaffole.jpg, un esprit vagabonde, et ne peut s’empêcher de cogiter cogitations.jpgà toute vapeur (!)     

  

          

 

     Au-delà d’un certain âge, quand il n’est plus raisonnable de croire au Père Noël, sans doute serait-il préférable d’apprendre la sagesse, à condition de savoir en cultiver les fruits.

C’est un talent que tous n’ont pas, en dépit d’une volonté féroce de s’instruire.

Telle une inaptitude à vivre au quotidien, certains se révèlent incapables de profiter de l’instant présent ; le « carpe diem » est relégué dans une toute autre vie !

Un incendie est toujours sur le feu. 

  

       Ils n’ont pas d’autre choix que de suivre un appel et de lutter sans cesse contre leurs instincts ; aimer ce qu’ils détruisent et détruire ce qu’ils aiment ; tels des maudits ou des vampires…piégés dans leur propre vie. 

  

     Tic-tac, tic-tac ; est-ce une tactique pour se défiler, nier le temps qui passe et refuser les changements d’heure, au fil des saisons ?

Si leur avance les fait vite reculer luneavancelautrerecule.jpg, ils ne cessent de tourner en rond dans une vaine course contre la montre…

 

Toujours sur le point de lâcher prise, ils se contraignent à résister, quitte à se faire violence.

Et de jouer à qui perd gagne…

     

     Les yeux d’une bête blessée ne sont pas toujours jaunes, n’en déplaise aux chien galeux…

     

     Après quelques décennies de mauvais traitements, les cœurs les plus sollicités risquent fort de flancher.

Les âmes, ne pouvant plus cacher leurs cernes, peinent à envisager des lendemains enchantés, tant l’horizon semble bouché.

La méthode Coué (si souvent vantée !) ayant échoué, que peuvent-elles encore espérer ?

En tenant compte de « la théorie des masques » (concept non abouti), il faudrait plus d’un soleil pour illuminer un futur qui n’a jamais été.

Malgré un cœur trop faible, faute de dynamite, c’est un déboucheur starwaxdboucheurmicrobillescuisineetsalledebain.jpg (ayant fait ses preuves) qu’il faudrait essayer en ultime recours !

Qui sait si toutes ses petites microbilles ne réussiraient pas là où des spécialistes du psychisme ont lamentablement échoué ?…

Comme un bon coup de pied dans une fourmilière.

 

            Le bouchon ayant été poussé un peu trop loin, mieux vaut admettre que les feux follets courent toujours…

 

 

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(© 2011/droits réservés) 

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C’est (aussi) la vie !

Posté par BernartZé le 22 septembre 2010

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Je n’oublierai jamais

                 

            Elle est morte depuis plus de deux ans et pourtant, qu’importe qu’elle le soit, nous ne nous quittons pas.   

                    

     Je pourrais bien passer en boucle tous les requiem de Pergolèse, Fauré, Gilles, Verdi, Britten, Hasse, Brahms, Campra, Ockeghem, Mozart, Cherubini, Preisner…, toutes les autres musiques sacrées et l’adagio d’Albinoni en sus, pourtant je ne ferai pas mon deuil.

Et d’ailleurs, je n’en voudrais pas.

C’est plutôt à elle que j’en veux, même si elle ne l’a pas fait exprès.

Elle m’a laissé sans le vouloir, et surtout sans me prévenir de notre dernier jour.

J’ai d’abord tant pleuré que j’aurais pu laver et lessiver tous les murs et toutes les fenêtres de chez nous.

En revenant de son satané cimetière, je n’ai rien fait ; pas plus l’envie que le courage.

Et puis j’allais déménager ; forcément.

Plutôt que de perdre notre temps à renifler et à me moucher, je devais commencer à songer aux cartons et à la logistique qui n’a jamais été mon fort.

Elle s’y entendait bien et ça l’amusait même.

Sans son aide, j’ai fait ce que j’ai pu, et ça m’était bien égal.

Quiconque a déjà décampé sait ce qu’on abandonne sur place.

 

     Ayant perdu l’indispensable…plus rien ne pouvait m’inquiéter.

Rien d’autre ne serait jamais grave.

Ça devait être écrit, décidé en hauts lieux : c’est seul que se poursuivrait ma route.

J’ai bien songé à la rejoindre, par impatience ou excès de précipitation, mais nous n’habitions qu’au premier étage ; pas d’arme blanche ou à feu sous la main, j’ai dû me raisonner.

Je m’y efforce encore et je sais bien, par habitude, qu’il me faudra toujours lutter.

Au cours des premiers mois, je me suis laissé dire que je devais tourner la page, qu’il me fallait à tout prix reprendre le dessus.

De quel « dessus » parlaient-ils donc ?

Celui du panier où je devais aller sagement me recoucher, sans la moindre idée de révolte ni d’injustice ?!

Tous semblaient s’être mis d’accord pour me convaincre de passer à…autre chose.

Comme s’il m’était possible de ne plus penser à elle !

 

     Tout en passant…de notre appartement à mon petit studio tout confort (avec kitchenette aménagée !), je choisis de ne pas rompre avec une existence qui m’avait tant apporté.

Je décidai, simplement, de continuer seul notre merveilleuse vie.

Quand l’eau même me blessait, que le monde alentour ne cessait de s’agiter, sa présence n’en finissait pas de planer.

Par un fil aussi ténu que résistant, elle me restait liée.

Où que j’allais, j’étais escorté au point de ne pouvoir faire un pas sans son assentiment.

Et j’étais heureux de son souffle qui caressait mon cou.

Nos conversations se prolongeaient en pleine rue, au sortir d’une expo ou d’un cinéma, et elle n’hésitait pas à me contrarier, dès lors que son avis divergeait du mien.

Parfois, j’évitais de justesse une brouille pour une peccadille.

Un avion, un voyage, et avant même l’atterrissage je l’entendais me reprocher de n’avoir pas eu peur au même instant.

Le ridicule ne me tuait jamais ; il aurait pu pourtant !

A défaut d’un avenir radieux, j’entendais sa promesse de ne pas m’abandonner.

Jusqu’au soir où elle se manifesta un peu tard.

 

     Convié à l’anniversaire de l’ami d’un ami, j’avais fini par me laisser fléchir et, sitôt arrivé, je l’avais regretté.

Trop de monde, trop de bruit, trop de gens inconnus et si peu envie d’aller à leur rencontre.

Après chaque présentation, mon cerveau jouait les ardoises magiques d’un coup sec.

Je ne retenais ni les noms ni les visages et ma seule issue de secours, ne pouvant m’éclipser grossièrement, fut d’aligner les cocktails ; un peu d’alcool, beaucoup de saveurs fruitées.

Le temps passant, le brouhaha et les personnes s’avérèrent plus supportables.

Quelqu’un, je ne sais plus qui, me fit des démonstrations en boucle de Rubik’s Cube dont c’était alors la grande mode.

Il voulut m’enseigner sa méthode à grands renforts de ralentis et d’explications à casser la tête des noix les plus résistantes.

Je n’ai rien retenu, ni compris ; je me souviens seulement du nombre de dés contenus dans ce grand cube -apparemment plein d’élastine- qui me semblait tout autant dépourvu d’axes que d’attaches.

Juste deux de plus qu’une barquette d’Apéricubes ; ma seule nourriture engloutie entre deux verres !

Je n’ai pas plus compté les barquettes avalées (sans l’emballage) que le nombre de carreaux constituant le splendide vitrail situé dans l’entrée de ce duplex avec ascenseur et cuisine high-tech.

C’est là que j’ai découvert qu’il existait des réfrigérateurs distributeurs de glaçons à volonté.

Rien de plus pratique pour enquiller les cocktails que je n’ai pas même eu l’idée de dénombrer !

Contrairement aux glaçons (grande taille) au fond de chaque verre : toujours deux, ainsi que nous en avions l’habitude.

C’est lors d’un discret ravitaillement qu’elle fit sa réapparition en me lançant : « Espèce de lamellibranche sans cervelle ! ».

Me faire ainsi traiter de mollusque ne me choqua pas outre mesure, venant d’elle.

Plutôt taiseux comme bête !

Et, alors que j’avais perdu le goût du verbe depuis son départ, elle revenait à propos pour me dire mes quatre vérités.

Elle fut plus cinglante que cruelle, ce qui suffit largement à entamer mon dégrisement.

 

     Rentré, évidemment, cette nuit-là à une heure indue, je fis d’étranges rêves digestifs.

Tout en ayant l’habitude -depuis l’âge de six ans ; avant je ne saurais dire- de m’agiter copieusement dans mon sommeil, je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais vécu un épisode aussi marquant.

J’en porte encore les stigmates !

Sans doute en pleine phase paradoxale, je me suis -une fois de plus- retourné, passant du flan droit à l’autre.

Et de façon inexplicable, elle m’a griffé la main droite en plein élan.

Résultat : je me suis réveillé (petite douleur vive, tout de même) en saignant.

J’ai le souvenir que l’ongle de mon pouce gauche -lors de mon acrobatie- est allé ricocher sur le dessus de l’autre main en un tiers de quart de seconde ; personne n’est aussi maladroit !

Mais ça suffit, pourtant, à laisser deux traces en un passage éclair.

Je vais conserver, jusqu’à cicatrisation définitive puis effacements progressifs, deux sortes de ponctuation nerveuse ; une brève virgule et une autre -plus étirée- avec lequel le point aurait choisi de faire corps.

Qu’a-t-elle ainsi voulu me faire comprendre en se glissant sous mes draps ?

Qu’elle était toujours bel et bien présente, même lorsque je ne la sentais plus à mes côtés ?

Que je ne devais pas me laisser aller à épancher de vains regrets ?

Je ne sais pas.

Et je vais certainement continuer à interroger longtemps son sceau sur ma peau.

 

     A force de ne plus la voir arriver à l’heure, je pris l’habitude de me sauver tout seul ; sans éviter les écueils, mais en parvenant finalement à les contourner.

Que d’efforts ! Quel travail ! Quelle énergie pour ne pas bêtement sombrer !

 

     A propos de travail, et histoire de m’occuper l’esprit et les mains, et la tête, alouette, je me mis au défi, peu de temps après cette fameuse soirée en apnée, de réussir à reconstituer les six faces d’un Rubik’s Cube ; rien que ça.

A une époque où cet objet faisait fureur, dans les cours de récréation, comme dans les cantines et les bureaux des entreprises les plus sérieuses, il n’était pas difficile de découvrir -en cherchant un peu- une méthode infaillible pour s’en sortir les mains dans les poches et les doigts sur la couture du pantalon, en une série de mouvements abracadabrantesques faussement improvisés.

Tout un art qui nécessita des semaines d’apprentissage et de répétitions pour donner l’illusion de le maîtriser parfaitement.

Trois décennies plus tard, j’ignore encore quelle mouche m’avait piqué pour me mettre ce projet inutile en tête.

J’ai à peu près tout oublié de cette méthode de « rotations-permutations » à la fois simple -car très cartésienne- et compliquée en regard des formules (basées sur les lettres allant de A à H, avec des indices ‘ et des puissances -1, 2 ou 3) à mémoriser.

Ce qui me paraissait initialement impossible, me devint familier, au point de m’en tirer dans tous les cas de figure, quel que put être le désordre originel.

Dans le pire des cas, j’avais besoin d’environ trois minutes ; autant qu’il m’en souvienne aujourd’hui, mon record absolu pour reconstituer les six faces de couleurs avoisina la minute trente (peut-être même un peu moins !).

Ça fit l’admiration de tous les imbéciles, moins de ceux qui n’avaient pas eu l’idée, le courage ou l’envie (voire les trois), d’apprendre quelques formules apparemment magiques.

 

     Durant des mois, presque une année, j’avais, grâce à ce stratagème, totalement perdu la notion du temps qui m’avait catapulté dans une autre dimension, se contractant parfois, pour s’éclater davantage l’instant d’après.

Je dus revenir à une violente réalité quand je fus mis en demeure d’aller pointer au chômage ; sans doute avais-je abusé de trop de liberté.

Du temps, j’en eus alors en pagaille, à foison et plus que de nécessaire.

J’en eus surtout pour réfléchir et gamberger ; forcément trop.

De repenser au deuil que je n’avais toujours pas fait, faute -avant tout- de le vouloir.

Et de me demander ce que j’allais me permettre enfin de devenir.

Juste pour me sauver, sans arracher une page que je voulais à peine tourner.

 

     A force de l’attendre, je ne l’attendais plus.

Alors que son image me hantait encore, je lui parlais tout bas de moins en moins souvent ; elle me répondait trop rarement.

Comme si elle avait choisi de ne pas revenir.

Comme si elle avait fini par comprendre, avant moi, que « tout le temps qui passe ne se rattrape guère…que tout le temps perdu ne se rattrape plus ! ».

Elle ne reviendra pas, elle ne reviendra plus.

 

         J’ai « beau l’aimer encore, j’ai beau l’aimer toujours », je n’ai d’autre choix que de faire « de nous deux mes plus beaux souvenirs ».

Toutes les déraisons du monde ne tiennent pas longtemps face à la mort.

Jamais elle ne me quittera ; je dois seulement lui dire au revoir.

Au cœur de certaines nuits, ma peine me reviendra et je m’efforcerai de l’accepter, sans rechigner.

 

     La prochaine fois que j’entendrai quelqu’un me dire « c’est la femme de ma vie », je…ne ferai que me taire [...]

 

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C’est (aussi) la vie !

Posté par BernartZé le 13 juillet 2010

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L’assourdissance

               

            La déflagration avait été phénoménale et grandiloquente.

La panique qui suivit l’explosion fut encore plus impressionnante.

 

  Où est-il ? Où est-il ?!

       

     Sitôt lâché, le mot « attentat » fit l’effet d’une (autre) bombe, de façon exponentielle sur les esprits de ceux qui se sentaient encore en vie.

Tout le monde essayait de s’échapper en partant dans tous les sens.

Personne ne semblait pouvoir retrouver les issues, sans le moindre secours.

A croire qu’ils étaient mille fois plus nombreux à vouloir ressortir.

    

     Dans l’affolement général, on ne manqua pas de se piétiner, ni de s’insulter.

Et certains finirent par échanger quelques coups de poings transformés en serpettes pour se frayer un chemin.

Au dehors les sirènes, pour ceux qui entendaient encore.

         

     A l’air libre, l’agitation ne retombait pas.

Il y avait fort à faire pour tenter de maîtriser la surexcitation et l’inquiétude, l’effervescence comme l’anxiété.

Il y avait ceux qui n’en revenaient pas d’être rescapés, ceux qui vérifiaient l’état de leurs quatre membres pour se rassurer, et ceux qui n’en pouvaient plus de ne pas savoir.

Du nombre, à l’intérieur, nul ne pouvait se prononcer.

Qui quand comment où et pourquoi ?

  Qui donc était encore vivant ? 

  Quand pourrait-il sortir ?

  Comment y parvenir ? 

  Où et sous quels décombres était-il peut-être bloqué ?

  Pourquoi personne ne semblait se décider à faire enfin quelque chose ?!   

 

  A l’heure où certains ne cessaient pas de recompter leurs os, d’autres ne vivaient déjà plus.  

         

     Ils s’étaient quittés un bref instant, le temps d’aller chercher deux verres.

Et puis, soudain, tout avait basculé, dans une autre dimension, la quatrième ou la cinquième ; une qui n’avait pas de raison d’exister avant.

Tout avait éclaté.

Les murs et les distances, les lumières, les repaires, les certitudes et les angoisses les plus mal enfouies.

La peur avait ôté ses masques.

 

  Où est-il ? Où est-il ?!

    

     Apparemment, pas davantage dehors que pour atteindre à l’ultime soulagement.

Et de chercher sans relâche, quitte à se trouer les yeux.

En dépit de cette nuit trop éclatante, il n’était toujours pas visible.

Il fallait, de toutes ses forces, lutter contre le désespoir facile, toujours à la portée d’un pessimisme latent.

Se refuser à envisager le pire et lui préférer le champ des autres possibles.

Mais à quel prix ?

Fouiller la nuit en tous sens jusqu’à s’épuiser aussi.

    

     Pendant ce temps, les secours s’organisaient, tant bien que mal.

S’ils avaient été prompts, leurs effectifs réduits ne pouvaient laisser espérer des miracles en regard du désastre qui s’annonçait de plus en plus sûrement.

Toutes les bonnes volontés étaient les bienvenues, à commencer par celle de ceux qui en avaient réchappé.

En ne tenant pas compte des victimes en état de choc, hébétées et perdues pour un long moment encore, cela constituait quand même une bonne arrière-garde toute prête à faire des prodiges.

Il y en eut, bien sûr.

Une femme enceinte de huit mois et demi (que faisait-elle donc là ?!) fut directement emmenée jusqu’à la clinique la plus proche…qu’elle n’avait pas initialement choisie.

Un sauteur de hauteur (trois étages, sans élan) prit la direction des urgences de l’hôpital situé juste en face, pour un simple poignet apparemment cassé.

La majorité des survivants avaient seulement besoin qu’on les aidât à respirer à nouveau, un trop plein de fumée les ayant momentanément affaiblis.

On dénombra aussi un bébé d’environ six mois, noir ébène (couleur garantie d’origine), qui semblait éprouver -momentanément- quelques difficultés à retrouver sa mère ou son père, ou tout autre membre de sa plus proche famille qui avait eu l’idée saugrenue de l’amener ici, à une heure aussi indue.

     Les premiers cadavres furent également sortis.

 

  Où est-il ? Où est-il ?!!

    

     Etait-ce la nuit qui n’en finissait pas ou le décompte de ces heures incertaines qui devenait de plus en plus insupportable ?

Toujours est-il que le degré de tolérance à la douleur et la souffrance s’amenuisait progressivement, de façon dangereuse.

Les plus courageux trouvèrent la force de quitter seuls les lieux et d’attendre chez eux.

D’autres ne surent s’y résoudre et insistèrent pour demeurer sur place, à l’affût d’une annonce qui pourrait les sauver ou les perdre.

Certains, à l’aube, apprirent le pire.

 

  Où est-il ? Où est-il ?!!!

    

     Impossible de quitter les lieux sans savoir ce qu’il est advenu.

 

  Mais…c’est toi là-bas dans le noir ?

  Attends, laisse-moi te regarder.

  Mais tu pleures.

  Tu pleures

  Tu es vivant et tu pleures.

    

     Mon Dieu merci !

Viens dans mes bras my love ; nous sommes tous deux en vie.

J’ai pensé, j’avais cru, j’avais fini par croire qu’il n’y avait plus la moindre raison de…

Et j’étais sur le point de cesser de t’attendre.

Ce n’est pas un miracle, c’est juste merveilleux.

C’est simplement sublime de pouvoir te toucher à nouveau et te parler encore.

Je n’y crois pas !

Je t’avais perdu et voilà que tu danses, ou presque.

Nous sommes tous deux debout, plus qu’en vie et toujours prêts à fendre les airs, pourvu qu’on nous en laisse le temps.

               

            Pourvu qu’on nous le laisse ce temps tant mérité, après trop d’accidents d’un voyage au long cours !

Il n’y a pas de raison de ne pas pouvoir bientôt arraisonner.

    

     Viens dans mes draps my love

               

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C’est (aussi) la vie !

Posté par BernartZé le 19 novembre 2009

 

harakiri.jpg 

Atchoum !!

 

                    Il faut, parfois, être deux pour se (faire) faire hara-kiri [...] 

 

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