Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 25 novembre 2013

Âtre en trompe-l’œil

Auprès de mon âtre

               

            Je ne vivais pas heureux…

 

     Car j’avais encore et toujours diablement froid Glagla !

Du genre Ah ! Ah ! gla ! gla !, Ōssakai !! qui peut se résumer simplement par Aglagla....

Et l’impression durable d’être grignoté par la froidure, voire mité de l’intérieur.

D’où l’idée de recourir à une  Mitaines  une mitaine belle à croquer ou plus exactement à une paire, nettement plus pratique à porter pour couvrir les deux mains.

Extensible à souhait -grâce aux 20 % d’élasthanne !- la paire de Oui-Oui (Paire de mitaines ) s’est avérée incroyablement efficace.

 

     Faute de cheminée…

 

DCF 1.0 

(© 2013/droits réservés)

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 15 février 2012

 Du vécu (ou presque)… dans Du vécu (ou presque)... Une-belle-conversation-150x103

 Une conversation

  

            Bien menée, c’est tout un art dans l’exercice du tête-à-tête.

Bien conduite, c’est l’assurance d’un moment partagé, le privilège d’une rencontre qui se prolonge, étonne, surprend, bouleverse parfois.

 

     Le tumulte du dehors ne peut y trouver place et non plus l’importun qui voudrait s’immiscer.

Résumé à deux êtres, le monde demeure immense lorsqu’il n’est pas nié.

Inspiré de ce précepte, un meuble fut (peut-être ?) inventé.

 

     Un créateur, un génie, un visionnaire un jour a dessiné ce meuble.

Les chaises, les fauteuils, les canapés et les divans existaient sûrement déjà, de même que les dossiers et les accoudoirs.

Quand il survint, un matin, tout juste réchappé d’une nuit d’orages passée à se demander « comment être assis côte à côte tout en se faisant (presque) face ».

D’autres que lui auraient pu sombrer dans la folie.

Ç’eut été mal connaître le véritable caractère de ce parfait inconnu sur le point de dévoiler sa nouvelle œuvre.

 

     Epris de rhétorique, détestant la montagne (trop de cols à franchir !), il aimait l’eau, les arbres, les cimetières et un confort certain dont il avait été longtemps privé.

L’assurance de ses assises était vite devenu un souci obsessionnel.

En toute logique, après de brèves études qui ne le menèrent nulle part, il se fixa pour objectif de couper court à ses angoisses primitives.

Il se mit alors à dessiner, dès le petit-déjeuner, des cours d’eau, des forêts, des tombes, des fauteuils et des chaises.

Cela dura un temps ; celui de réaliser qu’il devait concentrer ses efforts afin de mieux les diriger pour les mettre au service d’une cause plus importance.

Bien trop inconfortable, une position ne peut longtemps se tolérer.

Et de se surprendre à rêver de créer une chaise aussi nouvelle que révolutionnaire : la chaise à deux places !

D’une pierre, deux coups : un progrès, deux bénéficiaires immédiats.

 

     C’est ainsi -à peu de choses près- que fut créée « la conversation » , non plus (seulement) l’échange verbal, mais un élément de mobilier susceptible de rendre plus intimes les discussions, les confidences et les instants d’abandon.

Rien de tout cela ne pouvant être davantage révélé, prenons le temps d’en admirer l’idée et la réalisation. 

 

     En forme de « S » couché, de moitié de signe de l’infini, de symbole alternatif Symbole-alternatif-sinusoïdal-150x89 dans Du vécu (ou presque)..., sa ligne épurée laisse pantois.

Même la grâce penchée d’une bougie flageolante 1-150x150 ne pourrait tempérer cette opinion.

 A la lumière d’une évidence, rien ne sert de discuter.

 Avant tout, quel talent d’avoir su illustrer une parenthèse enchantée au point de permettre à deux personnes de se croire -momentanément- seules au monde !

Un face-à-face, un vis-à-vis, un côte à côte au cours duquel le loisir de faire connaissance leur est offert, tout en profitant conjointement du confort de deux sièges.

  

     Les coupes peuvent plus facilement s’entrechoquer Coupe-Anytime-Guy-Degrenne-21cl-1158-€-TTC-150x150 Coupe-Anytime-Guy-Degrenne-150x150 en une telle proximité.

Alors que la solitude Tout-seul-assis-150x105,

même parfaitement assumée, évoque le plus souvent un désert à l’horizon (mal ?) assuré et un éventuel enivrement en douce.

Sans doute est-ce un peu triste ; qui n’a jamais péché lui jette la première pierre.

Mais quand il fait si froid, ne strictement plus rien ressentir -faute de meilleur- ne vaut-il pas mieux que de souffrir en vain, dans l’attente de satisfaire un besoin de consolation qui jamais ne viendra ?

Morne plaine !

  

     Bien au-delà des (clichés des) moulins à vent Moulin-à-vent-110x150 

qu’il faut de toutes façons dépasser, brasse le temps, passe l’heure, presque rien ne demeure (!)

Et de se retrouver au point de départ, celui-là même qu’il fallait fuir de toute urgence.

C’est bêta, pour le moins !

 

      S’il n’existait cette perle d’invention, ce meuble Une-conversation-136x150, cette invitation à discourir, à échanger des propos plus ou moins décousus, n’y aurait-il pas de quoi perdre tout espoir ?

Mais grâce à cette œuvre brillante, le lien social, tant décrié, peut à nouveau se réaliser.

En s’asseyant simplement, mi côte à côte mi face-à-face, et en goûtant au plaisir de se parler posément, les yeux dans les yeux, avec calme et volupté.

Dans l’absolu, voilà un passe-temps susceptible de durer des heures…pour le seul et unique bonheur des deux protagonistes.

Deux égoïstes, deux tourtereaux en herbe, deux solitaires dont les chemins se croisent enfin ?

Peut-être deux personnes toute prêtes à dialoguer.

 

     Et l’occasion de répondre au besoin élémentaire de bavarder.

En somme…la base de toute conversation.

 

Black-cover-150x138

 (© 2012/droits réservés)

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 11 juillet 2011

mozartcaricature.jpg 

Mozart est là

 

            Comme toujours ; même dans les moments les plus absurdes de l’existence…

     

     C’était en février ; il partait en croisade, avec la ferme intention d’en revenir entièrement libre et débarrassé d’un poids qu’on voulait lui voir porter pendant douze mois.

Il avait fait son baluchon, esquissé quelques au revoir et s’était engouffré dans le tunnel conduisant jusqu’au quai.

Son train l’avait mené à bon port, et à l’heure il s’était présenté avec sa convocation, muni de sa pièce d’identité.

Dès lors il décida de demeurer mutique, sauf en cas d’extrême nécessité.

Durant ces fameux « trois jours », il ne parlerait à personne et ne se mélangerait pas. 

  

     En tirant le numéro 3, il choisit d’y voir un signe ; il parviendrait à ses fins.

Et le cirque commença, et il dut -comme tout le monde- suivre la longue chaîne de tests, des visites médicales et des entretiens.

Dès le départ, il eut véritablement l’impression de ne plus être qu’un numéro (plus du tout un homme libre), singulièrement anonyme et privé de toute personnalité.

Faisant preuve de la meilleure des bonnes volontés, il se montra aussi obéissant que patient.

Subissant les épreuves les plus ineptes les unes après les autres, il resta silencieux.

Les tests de « capacité intellectuelle » ressemblant plus à une insulte à une intelligence moyenne, il préféra continuer à se taire.

Au cours de la première visite médicale, on le mesura, le soupesa, l’estima…sans le considérer autrement qu’un corps bientôt apte au service.

 

     De façon impromptue, Il eut son heure de gloire.

Après avoir soufflé dans un tube en verre, sorte d’embout finissant un long tuyau de caoutchouc, il le lâcha en le posant.

Mais la matière élastique, reprenant son entière liberté sans effort de mémoire, fit que le verre cassa en un mouvement inopiné.

Et de se faire traiter ouvertement de « con » !

Il ne broncha pas.

 

     Quand vint l’heure du gobelet, en vue d’une analyse urinaire, il se trouva…à cours d’arguments.

Le contexte, les circonstances, la topologie, tout lui fut défavorable en cet instant crucial ; il devrait revenir se présenter le lendemain matin pour bénéficier d’une seconde chance.

 

     Il faisait encore beau en cette fin d’après-midi hivernale quand il s’avéra temps de passer à table, comme dans les hôpitaux, les cliniques et les maisons de retraite où les repères temporels ont généralement tant d’importance.

Il n’approcha pas de la cantine, et fut d’ailleurs le seul à ne pas participer au festin du soir.

Désolidaire, il préféra dîner dans la cour, tranquillement assis sur un muret, sous le regard d’arbres frileusement dévêtus.

Et tout en griffonnant les feuilles de son calepin, il se reput d’un œuf dur oeufdur.jpg et d’une pomme unegrannysmith.gif (Granny Smith).

Après une petite balade musicale (les écouteurs vissés dans les tympans) et digestive, il voulut se désaltérer (l’effet bourratif de l’œuf très certainement) et atterrit dans des toilettes (fort propres) où il ne croisa évidemment personne.

Quelques gorgées d’eau au robinet plus tard, reprenant sa promenade à la nuit tombante, il se surprit à sourire en se souvenant du programme -d’après repas- offert à ses camarades d’un « jour ».

La soirée ciné proposait un charmant film très aquatique et à peine pubère où deux tourtereaux faisaient connaissance dans des circonstances extrêmes dignes de l’île de toutes les tentations et des aventures en tous genres.

Sans doute un hymne à la nature, à la flore et la faune…

 

     Tandis que sa flore intestinale danslafloreintestinale.jpg faisait sa vie, suivait son cours, il rejoignit tranquillement ses pénates d’un soir, avec allégresse et sur le larghetto du concerto pour piano n°24 partitionmozartkv491.jpg de Mozart.

Tranquille, cependant, il ne le fut pas complètement avant de se trouver bien installé dans sa couche d’une nuit.

Très à l’étroit, certes, autant en largeur qu’en longueur, il eut le privilège d’être le premier couché, pour « son heure » de lecture.

Quand déboulèrent ensemble tous ses congénères, il ne put que se réjouir d’avoir pris l’option boules Quiès avec sa literie.

Sans vraiment rien entendre, il les vit gesticuler en tous sens, apparemment chahuter (façon « Zéro de conduite » zrodeconduitejeanvigo1933.jpg) pour le plaisir de se défouler et de se chamailler vainement ; personne ne sembla détecter sa présence.

Délaissant les images accélérées d’un film voulu muet, il retrouva son livre.

Il dormit comme il put, malgré des crampes à trois ou quatre orteils et des angoisses.

 

     Le premier sur le pont, il avait devancé de cinq minutes le lever de six heures histoire de faire seul sa toilette dans le calme, il s’amusa discrètement en observant les autres gaillards mettre tous un sacré temps à se sortir de leurs draps dans lesquels ils s’étaient -pour la plupart- vautrés.

Incroyable, pour de tels sportifs, de se trainer autant dès le réveil !

Et la ronde reprit…

 

     Pas plus que le dîner, il ne partagea leur petit-déjeuner.

Tandis que le peloton s’activait à manger, il avait juste prévu de continuer à digérer dans son coin en demeurant aussi transparent que peu bavard.

C’est alors qu’il revit un échappé qu’il avait entraperçu la veille.

Quelqu’un de si réservé et secret que nul autre ne l’avait peut-être remarqué en une vingtaine d’heures.

Remarquable, il l’était pourtant, et à plus d’un titre.

Tout en étant , convoqué comme tout le monde, il paraissait complètement débarqué d’un très lointain ailleurs.

Sa présence, plus incongrue que celle d’une carpe carpe.jpg anonymement perchée tout en haut d’un bouleau bouleau.jpg, ne jouait pas en sa faveur !

Difficile d’expliquer ce qui émanait de cet être ne sachant manifestement pas ce qu’il faisait en ces lieux sans risquer la condescendance.

Rien avoir avec un mépris de classe, d’origine ou de culture, tant il était moins étrange qu’étranger.

D’accord, engoncé dans ses habits, il pouvait avait l’air d’une simple buse gauche et maladroite.

Inerte et immobile, il demeurait sur place, sans toutefois donner le sentiment d’attendre un bus ou un vol annoncé d’hirondelles.

Néanmoins l’essentiel se résumait à ce qu’il n’était tout simplement pas du tout concerné par ce qui se passait ici.

A croire que quelqu’un l’avait gentiment déposé, en passant par là, la veille avec sa valise.

Et depuis, malgré la longue chaîne médicale et la succession d’épreuves, ils étaient restés collés l’un à l’autre.

     Parce que voilà, pour tout avouer, le plus incroyable fut de ne jamais voir l’un sans l’autre.

Sa valise et lui toujours soudés, comme s’il ne pouvait pas -physiquement- s’en défaire.

Inséparables en dépit des péripéties un peu particulières qu’ils étaient supposés vivre.

Lui donnant l’air d’être en partance ou seulement de passage, elle ne payait pas de mine en semblant revenue du passé.

Et c’est bien cela qui faisait qu’on ne pouvait pas les ignorer, à moins de le faire exprès.

Cette valise unevieillevalise.jpg, comment dire ?, n’était pas en carton recyclé (pas encore à la mode), ni en laine, ni en bois véritable.

Elle pouvait aussi bien être en contreplaqué, comme en vieux cuir tanné par les ans et les aïeux de l’actuel propriétaire.

Avec sa tête de papier mal mâché, elle lui donnait une contenance…d’arbre frappé par la foudre et toujours en vie.

Si ces deux là se sont -finalement- avérés bons pour le service, c’est que l’armée était alors réellement à court d’hommes et de munitions !

 

     L’après petit-déjeuner donna lieu à de nouvelles épreuves sur table, afin de tester la sagacité et le brio de chacun.

Des énigmes du genre « un, deux, trois, quatre, et après ? », comme des suites de dominos, permirent à tous d’exercer leurs neurones et une partie de leur cerveau.

Vint l’heure du second essai pour ceux qui n’avait pas su uriner du premier coup.

Puis la chaîne médicale repris son cours : à croire que l’examen de certains organes avait été auparavant négligé.

A l’heure du bilan final, on lui remit une planche entre les mains, sorte de récapitulatif papier des diverses pérégrinations de ses dernières vingt-quatre heures, avec la consigne de se rendre tout droit au tout dernier bureau pour validation.

Posant son regard myope (ses lunettes se trouvant ailleurs que sur son nez) au bas de la première feuille, il lut la mention « apte au service » ; son sang, en un bref aller-retour entre son cœur et son cerveau, le rappela soudain à la réalité. 

Refusant de laisser passer sa chance, il prit subitement conscience que la case prévoyant un entretien avec un psychiatre n’avait pas été cochée, alors qu’il avait reconnu le premier jour, au moment de la collecte d’une foule de renseignements, des tentatives de suicides dans son pédigrée.

Se souvenant qu’il avait, lui comme tous, droit à cette ultime entrevue, il inarticula sa demande, dans un effort qui lui parut considérable après plus de vingt-quatre heures de silence absolu.

On l’entendit tout de même.

 

     C’est ainsi qu’il se retrouva dans un couloir d’attente, debout face à deux portes.

Deux ou trois autres personnes patientaient également, scotchées à leurs coins de mur.

Ne sachant pas quelle porte s’ouvrirait, l’encourageant à entrer, il commença une intense préparation psychologique.

Peu importerait son vis-à-vis, il n’avouerait rien, tout en s’efforçant de transmettre un malaise évident.

Quand vint son tour, il sut que le premier coup d’œil du médecin, dès son entrée dans la pièce, serait déterminant.

C’est pourquoi il offrit un visage fermé et un regard vague difficile à trouver.

Une fois assis, face à cet homme barbu (son seul souvenir !), il improvisa entièrement.

Son unique souci étant de se taire tout en suggérant ce qu’il ne pouvait dire, il navigua constamment entre deux eaux.

Trouble était sa vision ; ainsi serait cette visite de fin de chaîne médicale.

A la première question concernant la raison pour laquelle il l’avait sollicitée, il fit en sorte de ne pas savoir répondre.

Afin de bien diffuser son mal-être, il conserva une expression d’animal aux abois et perdu dans ce bas monde où sa place n’était pas ; tout un programme !

De quoi émouvoir le plus sec des cœurs, y compris celui d’un psychose-machin-truc.

Celui-ci l’interrogea en lui donnant le sentiment de ne pas véritablement attendre de justification précise à leur face-à-face.

En clair, toute explication, loin de le surprendre, ne pourrait que le conforter dans son impression initiale.

 

     Cependant, demeurant dans sa bulle, il prit soin de redoubler d’efforts pour rester aussi mesuré que vigilant.

Craignant de tomber dans un piège, il fit attention à ne pas « surjouer » son mal de vivre.

Sa crédibilité dépendant de son incapacité -supposée- à vivre en société, il se devait de laisser son vis-à-vis conclure qu’il ne pourrait -en aucun- cas supporter (voire survivre à) douze mois de bons et loyaux sévices.

Intuitivement, il avait compris que son sort ne dépendrait que de son aptitude à tenir son personnage d’inadapté chronique.

C’est pourquoi il fut un peu déçu de sentir le barbu trop vite lâcher prise.

Alors qu’il était toujours sur la réserve, l’autre s’avéra prudent, se montrant presque timoré en mettant fin à leur tête-à-tête.

Il l’entendit juste dire « Bon, mieux vaut… » ; et le reste de sa phrase se perdit dans sa barbe.

Il ressortit, après un vague et hésitant au revoir (le regard en biais), avec le cachet « exempté P3 P4 » remplaçant la mention précédente.

 

     Suivant, tel un zombie, la consigne, il se rendit au bureau validant enfin cet avis.

Et un tampon de plus apposé sur sa feuille, définitif celui-là !

En automate, il sortit de là, quelques instants plus tard, avec son petit sac-à-dos et son passeport d’homme libre.

Quittant la caserne, il descendit la rue sans rien (res) sentir : pas plus ses pas sur le bitume qu’un éventuel bonheur à savoir son avenir dégagé de toute menace.

L’Agnus Dei du Requiem de Mozart ne l’aida pas vraiment.

Il n’était pas content, simplement vide.

Encore dans sa bulle, machinalement il marcha vers la gare.

Il téléphona brièvement, le temps de quelques mots difficilement articulés, à une amie qui accueillit cette bonne nouvelle avec allégresse.

Le cerveau en vacance, il ne sut paradoxalement pas partager sa joie.

Il se sentait toujours privé de la parole, sans pouvoir ressortir de l’état mutique dans lequel il s’était lui-même mis une trentaine d’heures plus tôt.

D’où son impossibilité à réaliser qu’il pouvait profiter -désormais- de sa nouvelle liberté.

En atteignant la gare, il n’en était toujours pas capable.

 

     Il prit le temps de prendre son train et en chemin il se rappela à l’ordre, s’exhortant à éprouver un semblant de satisfaction ; en vain.

L’instant n’était peut-être pas idéal, à l’écoute de l’andante du concerto n°21.

Pas vraiment triste, mais sans doute un peu trop délicat et immobile ; un brin mélancolique.

Dans le bus le ramenant chez ses parents, il réussit -enfin- à se faire violence.

Une fois rentré, il dut paraître peu convaincant en annonçant qu’il était exempté.

Ils crurent d’abord à une plaisanterie et son frère, qui -lui- n’avait pu se soustraire à son devoir quelques années plus tôt, fit une légère grimace.

Une fois la porte de sa chambre refermée, il réalisa combien il avait joué avec le feu en faisant un pari impossible, à la limite de la folie folie.jpg.

Jamais, pas une seconde, il n’avait sérieusement envisagé de ne pas réussir à ne pas perdre une année pour une cause aussi peu noble et légitime ; question de point de vue.

 

     Plus tard encore, en se penchant sur le sens profond de l’ultime délibération, il eut tout loisir de s’interroger, quitte à se perdre dans d’infinis abîmes.

Son exemption P3/P4 le laissa perplexe ; pourquoi cet « entre deux » ?

Comme s’il n’était pas même apte à se couler dans une seule catégorie : soit P3, soit P4.

Soit celle qui prend acte de vrais problèmes psychologiques (genre asocial/dépressif), soit celle qui laisse très sérieusement entendre qu’un suivi psychiatrique (pour cause de maladie mentale ?) serait de toute urgence nécessaire.

De quoi envisager un avenir des plus sombres…

 

            S’en fout la mort !

Bien assis dans son petit fauteuil dansunfauteuil.bmp (sans orchestre, ni instruments à vent), il contempla le néant de sa verte prairie.

Recomptant les brins d’herbe (tous présents !), il examina de plus près une coccinelle coccinelle.jpg délicatement posée sur la feuille dentelée d’un bananier passant par là.

Deux présences incongrues ?

     Pourquoi donc ?!…

 

mozart.jpg 

(© 2011/droits réservés)

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 2 avril 2011

deborahfranoisdanslatourneusedepages.jpg  laliseusefragonard1772.jpg

Mon métier ?…Paginiste

    

            Je pagine, tu pagines, il pagine,…

Je numérote et, sans relâche, je tourne des pages ; à longueur de journée.

J’en tourne énormément et parfois même j’en écris pour me distraire.

A la nuit tombée, quand personne ne me voit, que personne ne regarde par-dessus mon épaule, assurée de n’être jamais lue, je me laisse aller.

    

        En somme, je perds un temps que d’autres mettraient peut-être à profit pour dormir, aimer ou bien sortir.

J’aurais pu être plagiste, je suis devenu paginiste, exerçant ainsi un métier qui n’existe même pas, faute d’une dénomination officielle.

Le soleil, le sable, les clients étalés tels des méduses échouées, très peu pour moi.

Quand je cesse de dénombrer et courir les pages, je pianote devant mon écran.

S’il est (relativement) aisé de compter, il est moins facile d’écrire.

Les certitudes s’envolent…pour peu qu’il y en ait eu.

L’heure n’est plus de se taire, mais de partir à la dérive.

    

     Le but du jeu étant de chercher, sans jamais être sûre de trouver, mieux vaut accepter d’être déstabilisée.

Sans quoi je serais déjà morte.

D’ailleurs, de quelle vie peut-on se prévaloir quand on passe tant de temps à hésiter, essayer, simuler et comprendre ?

Apprendre à connaître la vie des autres ; tout un programme !

Tout en n’ignorant pas que jamais on ne la vivra.

Les autres n’en demeurent pas moins passionnants, vivants, réels, faits de chair et de sang…comme il est coutume de dire.

En somme, ils palpitent, vivent, meurent, et entre temps existent.

    

     Tourneuse ou compteuse de pages, peu importe la nuance, quand il n’est plus question que de concentration.

Ne pas perdre le fil, ne pas manquer une feuille, dans un moment d’inattention.

Ne surtout pas se laisser distraire.

Si, par mégarde, deux d’entre elles avaient l’idée saugrenue de rester collées, vite les séparer pour reprendre le cours d’un dénombrement interrompu.

Malencontreusement, il est aussi facile de se tromper que laborieux de devoir recommencer à zéro.

Etrangement, cela arrive plus souvent qu’on ne le croit.

Raison de plus pour ne pas opérer en compagnie de tierces personnes susceptibles d’engager la conversation à brûle-pourpoint, histoire de tuer le temps.

Quand vous tournez les pages en les comptant, il est hors de question de s’inquiéter des prévisions météorologiques, des dernières rumeurs de quartier ou de l’importun refroidissement du mari de la voisine d’en face.

Et il est aussi inopportun de se préoccuper d’un invisible et inquiétant nuage de passage dans un ciel azuréen que du repas du soir.

A chacun ses soucis !

     Quand l’heure est enfin venue de pianoter claviersouple.jpg et (de tenter) d’écrire, je m’efforce d’oublier toutes ces contingences matérielles et je prends la tangente au carrefour de la vie, de la mort et des sens interdits.

En rêve, en songe, tout éveillée, je parcours les galeries transversales de mon esprit.

Parallèlement à cela, je n’oublie jamais de me retrouver tout au bout de ma nuit.

Un fil d’Ariane ténu me permettant généralement de ne pas me perdre au point de ne pouvoir faire demi-tour, j’échoue, au petit matin, non loin de ma couette.

Epuisée et inquiète, cherchant confusément à me rassurer, je m’endors avec l’espoir de n’avoir pas entièrement perdu mon temps.Rien n’est moins sûr…

    

     Quelques heures plus tard d’un lendemain matin, je reprends le décompte de pages imprimées écrites par d’autres.

Recommençant à les tourner, j’oublie volontairement de les lire, afin d’aller vite et de ne pas nous comparer.

J’imagine bien qu’en paginant je cherche à fuir en avant, et pourtant j’aime compter ces pages à peine entrevues et sitôt tournées.

Il est bien difficile d’expliquer pourquoi ce qui peut -au premier abord- paraître rébarbatif m’emplit de joie et finalement d’une certaine allégresse.

A défaut de me penser indispensable, j’ai l’espoir d’être utile.

Ma fonction permettant de rassurer les éditeurs, elle finit par m’apaiser aussi.

     

     Mais du jour à la nuit, il est un gouffre qui s’ouvre devant moi.

Un trou béant, devant lequel je m’efforce de lutter, menace de me happer.

Le vide m’appelle pour me gober et je ne cesse plus, alors, de résister à l’envie de m’offrir, en me laissant aller à lâcher définitivement toute prise.

Ce qui semble tentant s’avère aussi mortel et s’il n’est pas aisé de refuser cette apparente facilité, il n’est guère plus commode de lutter contre le désir de s’abandonner et de s’évanouir dans le néant.

La bataille, de plus en plus âpre, est d’autant plus ardue qu’elle ne peut déboucher que sur une perte ; même remportée, l’érosion continue sa marche en avant.

Et c’est pour le moins…éprouvant !

L’énergie vitale diminuant, il m’arrive couramment d’être obligée de faire appel à un groupe électrogène pour achever mes nuits.

Généralement, c’est par miracle et de justesse que je m’en sors.

    

     J’aurais aimé ne pas devoir lutter sans relâche ; me serais-je vue moins inhumaine ?

Aurais-je aussi bien su tourner les pages ?

Aurais-je autant pu oublier ces milliers de décomptes ?

Certainement ma vie aurait été tout autre.

    

            J’ai toujours voulu apprendre la danse et le piano…

 

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(© 2011/droits réservés) 

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 23 novembre 2010

disquette5pouces1quart.jpg  pasdebol.bmp  tablettedechocolat.jpg

Sauvegarde, malchance et chocolat

               

                Par une très belle après-midi de juin, je fus floué, frustré, marri, dépossédé et grièvement blessé par la faute de deux imbéciles de vingt ans qui se couraient après.

En un mot, une couleur : je fus…chocolat !

Aux voleurs !! 

 

« Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé…». (le fruit de ma sauvegarde)

Tout cela pour un vulgaire cendrier.

 

En ce temps-là ceux qui fumaient…fumaient, sans provoquer ni polémique, ni débat sans fin (ni fond).

Personne n’avait encore l’idée de se fâcher avec ses meilleurs amis ou ses collègues de bureau pour si peu.

Seuls les asthmatiques, les « mucos » et quelques intolérants revêches se tenaient à l’écart, pour de plus ou moins bonnes raisons.

La vie sociale suivait alors son cours.

Et les mieux éduqués n’oubliaient pas de se faire précéder de leur cendrier  cendrierencristaldebaccarat.jpg  qui se fondait naturellement dans le décor.

Nul n’avait alors l’idée saugrenue de le considérer comme une urne funéraire.

Les affaires n’allaient pas pour autant clopin-clopant et l’ordre du monde ne semblait pas s’en porter plus mal.

Mais bon.

 

Par une très belle après-midi de juin -un jeudi-, disais-je, je fus purement et simplement dévasté.

Au sens le plus large et complet, le plus effroyable et définitif, particulièrement lorsque l’on a, pour seule arme, sa jeunesse.

Avant d’être moral, mon anéantissement fut immatériel.

Quelques secondes suffirent à effacer totalement le travail de près de deux mois.

D’abord mes yeux, puis mon cerveau refusèrent d’y croire.

Alors que je n’ignorais évidemment pas que les hasards et coïncidences pouvaient mener plus d’un homme à sa perte, je fus saisi, interloqué, et finalement abasourdi par un tel concours de fâcheuses circonstances.

Quelques secondes suffirent

 

En ce temps-là…internet n’existait pas (ben non !), pas plus que les clés USB ou les baladeurs MP3/MP4 ; seuls les walkmans (avalant -parfois- les bandes magnétiques des cassettes audio) permettaient de se promener en musique.

La plupart des joggeurs trouvaient ça formidable (!)

Les cd (initialement « disques laser ») en étaient à leurs premiers babillages et personne n’avait eu l’idée saugrenue d’inventer le…téléphone portable !

A cette époque les gens apprenaient encore à se passer d’un cordon ombilical, sans se couper du monde.

Ils n’étaient, simplement, pas joignables en permanence et ne se laissaient pas interrompre pour juste…ne pas oublier d’acheter le pain !

Bref !

« L’informatique » ne consistait pas davantage à faire joujou devant son écran qu’à utiliser des applications ou à télécharger (plus ou moins légalement) des données sur lesquelles d’autres avaient longuement travaillé.

Il était alors question d’études de cas, d’organigrammes et d’écriture de programmes.

Hormis les créateurs de logiciels, qui saurait dire aujourd’hui dans quel langage (informatique) ils ont été crées ?

Qu’importe, finalement, à l’heure où la propriété artistique n’a plus le moindre sens…

 

Et donc, tout étudiant que j’étais, j’écrivais des programmes informatiques.

Le projet, in fine, étant de créer entièrement un progiciel d’auto-apprentissage du Logo.

Je vécus de tortues durant plus de deux mois !

A l’origine une « tortue » (symbolisée par un triangle orienté dans la direction qu’elle va prendre) et des ordres simples qui, rassemblés en procédures, permettaient de parvenir à tout un langage informatique mis au service d’un projet pédagogique.

 

Et, en passant… imageraliseaveclatortuelangagelogo.png  Oh ! la belle rosace !!

En résumé : sans plus entrer dans les détails, ce qui m’était apparu assez puéril, s’était révélé aussi complexe que passionnant au fil du temps et des heures passées à écrire des programmes directement sur le clavier, sans même prendre de notes ou songer à imprimer quoi que ce soit, pour garder la trace d’un travail au long cours.

Erreur plus que gravissime !!

Pour couronner le tout, je n’avais pas même eu l’idée (élémentaire) de faire une copie de ma disquette (5’’ ¼) ; l’inconséquence !

 

Ce fameux jeudi-là, je n’étais plus qu’à environ deux semaines de la date limite à laquelle je devais impérativement rendre mon « mémoire ».

Je n’en avais -bien sûr- pas encore tapé la moindre ligne, ni même élaboré le plan par écrit.

Je n’en finissais pas de tester et de peaufiner tous les programmes (pas loin de quatre-vingt en tout) de mon logiciel.

J’étais excité à l’idée d’entrevoir de plus en plus précisément le bout d’un long tunnel, synonyme d’un travail, aussi passionnant que prenant.

En totale immersion, de jour comme de nuit (même lorsque je dormais), mon idée fixe, dans cette phase de finalisation, était de finir au plus vite afin de pouvoir constater le résultat concret de toutes mes semaines de labeur intensif.

Je me voyais déjà faisant tourner ce logiciel tel un jongleur chinois ses assiettes au bout de longues baguettes.

L’ivresse n’était plus très loin de m’envahir.

Mais un tout autre sentiment me submergea ce jour-là.

 

Quelques secondes suffirent

Et l’impensable se produisit ; irrémédiablement !

Par le plus étrange hasard, le plus improbable tour de passe-passe que nul n’aurait pu imaginer, je perdis en un éclair la totalité de mes (presque) quatre-vingt programmes !

Une telle circonstance des plus fâcheuses ne pourrait plus se produire aujourd’hui.

Mais faute de capacité mémoire (il y a un quart de siècle !) il m’était impossible d’effectuer la nouvelle sauvegarde sans avoir préalablement effacé la précédente.

Mon logiciel -au final- étant lourd, je n’avais pas eu d’autre choix que d’écrire un court programme de sauvegarde me permettant de supprimer d’abord l’ancienne version, avant de copier la dernière sur disquette.

Dans l’intervalle de ces quelques secondes, celle-ci redevenait complètement amnésique.

Une coïncidence fit que les « deux imbéciles de vingt ans » en question déboulèrent justement au plus mauvais moment.

Dans leur jeu de chat-perché, avec un cendrier pour deux, ils débranchèrent par mégarde le cordon de l’unité centrale.

Ils eurent beau -ensuite- se confondre en vaines excuses, c’était trop tard.

Le mal était fait : tout était définitif et perdu.

 

     Eperdu…je l’étais, bien au-delà de toute considération !

Anéanti, détruit, mes tendances (naturellement) suicidaires ne manquèrent pas de refaire vite surface : c’était la fin du monde, celle que…même Nostradamus n’avait pas su envisager !

J’étais dé-ses-pé-ré !!

Tout en ne doutant pas de ce qui venait de se produire, je mis plusieurs minutes à réaliser que le point de non-retour avait été franchi et que je me retrouvais effectivement démuni.

Ni sauvegarde, ni listing de programme imprimé, très peu de notes griffonnées ; je n’avais plus qu’à rentrer définitivement chez moi pour me pendre ou partir au bout du monde en vacance de toute ambition.

En attendant de reprendre le métro ou de pouvoir m’acheter un billet sans retour, je partis pleurer de rage dans les toilettes les plus proches.

Inélégant, certes, mais un brin exutoire.

Ce n’est pas pour autant que je sortis de là ragaillardi : après quelques cris (sans le moindre chuchotement) et autres vociférations d’usage, histoire de faire connaitre au plus grand nombre l’étendue de ma désespérance, je pliais bagages au beau milieu de l’après-midi, sans même envisager de revenir un jour.

 

Une nuit -même extrêmement agitée- portant conseil, je reparus le lendemain matin, le moral en berne, mais avec un esprit de revanche qui me surprit moi-même.

A peine moins accablé, je me résolus à commencer à rassembler mes forces, à recompter mes membres, et à essayer de me souvenir.

« Petit à petit l’oiseau fait son nid » m’avait-on appris dans mes jeunes années ; alors que ce proverbe m’avait toujours exaspéré, je m’employai à le mettre à l’épreuve.

En cette fin de semaine, ce J+1 de l’Apocalypse, décidé à tenter de remonter la pente, je m’efforçai de réécrire un-à-un les quatre-vingt programmes perdus la veille.

De mémoire…

Tout le monde était -depuis longtemps- parti ; une clef m’avait été laissée pour pouvoir m’échapper à mon heure ; je continuai de reconstituer l’un après l’autre chacun des programmes.

Certains faisaient quelques lignes (ne servant que de trait d’union), d’autres plusieurs pages.

Mon unique référence (papier) étant leurs « noms » imprimés…à la queue leu-leu !

Ce vendredi-là, je partis juste à temps pour ne pas manquer le dernier métro, résolu à revenir le plus tôt possible le lendemain matin…avec des munitions !

 

L’idée d’être tout seul (jour de travail non ouvré) m’excitait au point…de ne pas être pour rien dans ma motivation.

Ainsi je débarquai, armé jusqu’aux dents, vers les sept heures d’un matin dont je n’envisageais pas le soir.

J’étais décidé.

En dépit d’une courte nuit, et d’une fatigue physique relative, j’avais la ferme intention de…ne plus quitter les lieux avant d’avoir rattrapé mon retard !

Tandis que la bécane (ces vieux bouliers d’antan !) démarrait, je pris soin de sortir de mon sac-à-dos une grande bouteille d’eau et une quinzaine de tablettes de chocolat.

Quitte à m’embarrasser, autant avoir le choix !

J’en avais prévu de toutes sortes : amer, noir, au lait, avec ou sans noisettes ou amandes.

Même si autrefois (il y a un quart de siècle) l’éventail des possibilités n’avait rien de commun avec ce que l’on trouve aujourd’hui dans les supermarchés, je me savais prêt à parer toute éventualité, quitte à mourir sur place !

Et tout en reconnaissant que le dopage n’est sportivement pas fair-play, il faut bien admettre que je concourrais contre…moi seul !

Ma fin justifiant mes moyens, je m’étais vite accordé toutes les raisons de ne pas m’en excuser.

Je m’assis donc, ce matin-là, ma bouteille d’eau à portée de main gauche, ma pile de chocolat coté droit.

Je ne me suis pas relevé avant d’avoir fini.

Ce qui me contraignit à rendre autant grâce à la puissance de la mémoire visuelle qu’à l’étonnante capacité de ma vessie.

A mon grand étonnement, je vis qu’il faisait non seulement encore jour au-dehors, mais que l’après-midi était juste entamée.

Ma bouteille d’eau l’était bien davantage ; quant à ma réserve de chocolat, je ne saurais dire combien j’en ai mangé au fil de ces heures.

Pas loin d’un kilogramme, sans encombre, au vu des provisions ramenées chez moi.

Mais ce qui me laissa le plus pantois, fut de…réaliser que j’étais sorti du cauchemar dans lequel j’avais été plongé moins de quarante-huit heures avant.

 

Pour être franc, je ne fus pas plus capable de triompher que de me réjouir réellement.

En me relevant de ma chaise dans laquelle je m’étais incrusté, j’étais vidé, épuisé, soulagé.

J’avais tant redouté de ne jamais y parvenir que je ne commençai à me sentir « content » que beaucoup plus tard, sur le chemin du retour.

Ce miracle accompli, je pus, la semaine suivante, tester mon logiciel sans relâche, tout en m’attelant à la dernière tâche qui ne fut pas la moins ingrate.

Celle de résumer l’irrésumable et de rédiger mon mémoire.

Comment rendre compte de mon travail sans parler de ce que j’avais traversé ?

M’obligeant, dès l’écriture, à me concentrer sur l’exercice futur, celui de la soutenance, je fis en sorte de mettre de côté tous les impondérables inhérents à une « expérience » difficilement partageable.

Ce fut fait, dans les temps (le cachet de la Poste…) et sans oublier les remerciements d’usage, tous sincères…à deux exceptions près.

Quoique…

 

Le jour J, celui où je dus -oralement- présenter mon projet devant quatre jurés, j’eus à cœur de le défendre ; sans doute trop.

On me trouva agressif ; ce que je sus plus tard.

Bien davantage que ma note (légèrement au-dessus de la moyenne), ce qui me blessa fut d’apprendre que le jury n’avait pas cru possible l’écriture individuelle de tout ce logiciel créé à partir des commandes basiques du Logo.

Longtemps me hantèrent les mots « injustice » et « incompréhension ».

Avant d’absoudre tout le monde…

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 11 novembre 2010

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Une rencontre impromptue

           

            Elle se produisit un soir de l’été 1866.

Sarah était encore toute jeune, quoique déjà mère.

Louis, qui régnait depuis seulement deux ans et demi, l’était même un peu plus, lui rendant dix mois (et trois jours !).

En se croisant dans ce salon de l’hôtel Beau-Rivage, ils l’ignoraient, évidemment.

Inauguré l’année précédente, ce haut lieu de villégiature genevois était rapidement devenu l’un des plus huppés d’Europe Centrale.

D’où, en toutes saisons, une affluence considérable : des nantis de tous poils y passaient régulièrement, séjournant quelques jours, quelques semaines, voire plusieurs mois.

Des têtes couronnées aux artistes arrivés, sans oublier les grands chefs d’état, les grooms en avaient vu défiler en quantité.

Les plus anciens n’avaient pas mis longtemps à être blasés, ne s’étonnant plus d’être appelés par une Majesté en exercice, tandis qu’ils portaient à l’étage les bagages d’un premier ministre et que commençait déjà à s’impatienter une célébrité du monde artistique.

Et les journalistes ne se privaient pas de rendre compte en détail des allers et venues des grands de ce monde !

 

     La première semaine de septembre avait été pluvieuse.

Mais depuis trois jours, le temps semblait faire marche arrière, comme si la météo avait changé d’idée.

Son humeur, sur le lac, était à nouveau clémente, et seuls quelques nuages ne s’étiraient plus que paresseusement dans le ciel.

Les promenades avaient repris à la tombée du soir, et les terrasses, au dîner, s’étaient vite repeuplées.

Les conversations ayant cessé de se focaliser sur un degré de pluviométrie anormalement élevé, les commentaires sur la high society avaient pu reprendre leur cours normal.

Un évident retard à combler permit à certains de passer incognito entre les tables où ils ne s’attardaient guère.

On les retrouvait le plus souvent dans les salons, à lire ou à rêver.

Pour qui prenait la peine de les observer un moment, leurs muettes solitudes semblaient davantage remarquables que les hauts cris poussés par les tablées de noceurs ou ceux, plus contenus, des personnalités en vue situées non loin.

Dans les salons, à l’écart, le feutre et le velours paraissaient seuls de mise.

 

     Louis, comme à son habitude, fumait en rêvassant, griffonnant quelques notes dans son journal.

Sarah, qui préparait déjà sa Phèdre, répétait Marivaux, lisant et relisant son texte.

Elle s’animait toute seule, gesticulant un peu, en annotant son manuscrit.

A deux tables de là, intrigué, Louis s’était renseigné auprès d’un chasseur, apprenant, non sans intérêt que cette comédienne, dont on parlait beaucoup à Paris, avait été récemment renvoyée de la Comédie-Française pour avoir, purement et simplement, giflé une sociétaire !

Ce manquement à la bienséance le ravit, au point qu’il rappela le serveur pour lui glisser quelques mots à l’oreille.

Celui-ci, en deux trois pas -chassés-, fit rapidement la commission.

Sarah, qui n’avait jamais vu de roi, releva la tête, tout en continuant à jouer Silvia, et le trouva fort beau.

Lui revint alors à l’esprit la nouvelle, provenue de Bavière deux ans plus tôt alors qu’elle accouchait, de son couronnement, et de la grande beauté dont la légende l’avait paré.

Effectivement, à vue de nez, il avait l’air assez plaisant, suffisamment en tous cas pour détacher les yeux un instant des lignes qu’elle mémorisait sans relâche.

Elle n’hésita pas réellement.

 

     Oubliant l’étiquette, faisant fi des usages, elle parcourut les mètres la séparant de l’autre table.

Lui timide, elle actrice, les présentations ne ressemblèrent à rien de conventionnel et de préétabli.

En un mouvement de robe elle s’assit.

Lui vit un soleil se lever, alors que la nuit était tombée.

Après quelques « claquettes » inédites martelées sur la table à coup d’ongles, elle se lança dans une totale improvisation.

Louis la trouva rieuse, vivante et drôle.

Ils ne tardèrent pas à parler de théâtre.

D’abord d’Hamlet, bien sûr, puis vinrent Phèdre, Andromaque et Médée.

Sans nullement jouer à hésiter entre l’amour et le hasard, il ne put s’empêcher de lui demander « quelques » tirades ; elle ne sut pas résister à une telle flatterie.

Après plus de deux heures, ils éprouvèrent le besoin de se dégourdir les jambes.

C’était bien légitime et, tout naturellement, ils ne manquèrent pas de partir se balader autour du lac.

Au grand dam des gardes du roi qui, contraints de se tenir à distance, ne cessaient de craindre de le perdre dans la pénombre.

D’ordinaire, « la lune était sereine et jouait sur les flots » ; pas cette fois !

Quoique gibbeuse, elle était contrariée par des nuages passant qui semblaient tous s’évertuer à la faire cligner de l’œil.

Un éternuement d’étoiles plus tard, et ils auraient pu craindre la fin du monde.

Mais leur attention détournée leur avait épargné ce souci.

Seul compta la promenade et les échafaudages qu’ils commencèrent à élaborer.

Des projets de théâtre et d’opéra qu’ils mettraient tous deux en scène, en se distribuant dans les rôles principaux.

Andromaque, Lorenzaccio, Hamlet, Iphigénie, Macbeth, la Dame aux camélias, Phèdre, Ruy Blas, Amphitryon, Britannicus et d’autres prirent tous vie un bref instant.

Tel un démiurge, Louis entrevoyait déjà des changements de décors grandioses et de costumes à foison.

Toute une imagerie digne des tapisseries dont il s’était repu et des légendes qui avaient nourri son enfance.

Sarah savait mourir avec tant de talent qu’il ne put que l’adorer.

 

     Par la force des choses, leur escapade nocturne prit fin.

En le quittant, elle, qui était plus pragmatique, n’ignorait pas qu’aucun de tous ces projets extravagants ne verrait jamais le jour, à moins d’un miraculeux concours de circonstances.

Cependant, elle n’oublia jamais cette rencontre inopinée.

 

            Lorsque Louis mourut, vingt ans plus tard, elle ne retint pas ses larmes.

En apprenant l’effroyable nouvelle et les détails touchant à l’assassinat de sa cousine éloignée -« La Mouette »- dont il était si proche, elle se remémora la date et le lieu de leur rencontre.

Trente-deux années s’étaient écoulées, jour pour jour, quand, en sortant de ce même hôtel faisant face au Lac Léman, Elisabeth avait été mortellement blessée par un illuminé en quête d’une action éclatante susceptible d’étancher sa soif de reconnaissance.

Longtemps cette coïncidence, géographique et calendaire, la troubla au point de la hanter.

Heureusement pour elle, sa vie, ses rôles et des projets par milliers, lui permirent par la suite de ne pas se lester inutilement.

 

     Elle-même n’avait pas tardé à devenir célèbre et « scandaleuse », tout en assumant parfaitement ses extravagances.

On l’adora, jusqu’à la trouver « divine » ; elle n’oublia jamais qu’elle n’était que mortelle, ainsi que tous les autres.

Sans doute aura-t-elle plus voyagé et vécu que la plupart de ses contemporains.

Elle se sera sûrement beaucoup plus amusée.

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(© 2010/droits réservés) 

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 10 septembre 2010

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Un aveu

               

                Je…ne sais pas lire…ni même écrire.

    

     Je dicte ce que je pense ou je ressens.

C’est une contrainte quotidienne que personne ne peut vraiment imaginer.

Pour la comprendre, il faudrait être comme moi.

C’est-à-dire…handicapé.

    

     Comme d’un bâton qui se serait pris dans les roues de mon tout premier landau, je n’ai jamais réussi à me dépêtrer de ce problème.

N’ayant jamais pu lire, j’ai du apprendre à reconnaître, à comparer et à compter.

Je discerne assez bien toutes les lettres ; sitôt qu’elles ont décidé de se rassembler en syllabes, j’ai beaucoup plus de mal à les distinguer.

Pour moi la brume se lève et, même si les prévisions météorologiques n’en disent jamais rien, c’est vite la purée de pois !

J’ai beau me concentrer en réajustant sans relâche mes lunettes, je n’y vois goutte !

Bien au-delà d’un flou supposé artistique, je ne perçois plus que des tâches informes.

Elles sont plus ou moins compactes, étendues ou ramassées.

Mais toujours elles me font l’impression de me défier.

J’aimerais pouvoir dire un jour : « Hier, j’ai pris ma plus belle plumeinv.jpg   pour lui écrire un mot ».

Mais, forcément, ce n’est qu’un rêve, sans clair de lune. 

         

     Dès l’école primaire, ma myopie fut détectée.

Et même si je ne sais plus si j’avais six ou sept ans le jour de mes premières lunettes, je me souviens très bien des moqueries répétées du genre « binoclard », « doubles foyers » ou « billes de verre » ; rien que du très classique. 

Ça ne m’a pas vraiment dérangé ; j’ai simplement trouvé cela plus injuste que cruel.

On m’a aussi supposé dyslexique, puis finalement pas.

Je n’avais pas plus l’air timoré qu’introverti ; je ne semblais ni asocial, ni même farouche.

J’aimais aller à l’école et, outre l’apprentissage de la lecture, les autres matières me réussissaient plutôt bien.

En fait, il apparaissait seulement une sorte d’incompatibilité d’humeur entre les mots écrits et moi.

Une rebuffade, un entêtement, un blocage, le refus d’un obstacle.

A croire qu’il m’était impossible de suivre le mouvement pour faire comme tout le monde.

             

     Et mes parents dans tout ça ?  

Etant leur unique enfant, ils furent d’abord anéantis.

Comme tous bons parents, ils commencèrent par se sentir coupables, responsables, fautifs de quelque chose qui leur aurait échappé.

Passé le choc et -j’imagine- la déception, ils réalisèrent qu’ils m’aimaient quand même et qu’ils continueraient donc à m’aider dans mon difficile apprentissage.

Ils consultèrent sans, puis avec moi, des spécialistes en tous genres.

De là date sûrement leur…allergie prurigineuse à certains membres du corps médical, plus précisément à ceux qui ne manquaient jamais de se targuer d’une connaissance approfondie du cerveau humain et de ses méandres.

S’ils ne m’avaient jugé ni débile, ni attardé mental, ils n’avaient pu éviter de leur suggérer un désordre affectif aussi évident qu’inexpliqué, les invitant à m’emmener voir du côté du bon Docteur Freud et de ses nombreux disciples.

Cette époque les marqua définitivement et j’en suis aussi malheureux que contrit.

Mes parents renoncèrent toujours à se faire une raison. 

                                        

     Ils me virent grandir, changer de classe, tout en redoutant mon arrivée au collège.

A juste titre, puisque mon handicap ne tarda pas à être découvert.

Le jour où fut commencée la lecture en cours de Français d’un livre de Gaston Leroux, « Le fauteuil hanté », je restai sans voix.

Je fis semblant de tousser pour m’éclaircir la gorge, puis de prendre mon élan pour mieux me taire ensuite, et finalement jouer les grands timides.

On passa à un autre camarade, puis une autre, pour mieux…revenir à moi deux jours après.

La lecture de ce satané bouquin n’était pas près d’être achevée !

Le fauteuil commençait à ne plus être seul hanté.

Mon extinction de voix ne pouvant s’éterniser, pas plus que ma gaucherie ou mon embarras supposé, je dus prendre mon courage à deux mains et tenir fermement le livre avant de m’élancer.

Inutile de relater ce qui en résulta.

Mais c’est bien ce jour-là que je fus mis à nu.    

                              

     Alors, on me fit la guerre, tout en tentant de m’assouplir et de m’amadouer.

On essaya de comprendre et de me raisonner.

En vain.

Une autre de mes bizarreries congénitales, mes cheveux plantés en dépit du bon sens, faillit mettre le feu aux poudres.

Si, en plus, j’avais été rouquin, qui sait si mes petits camarades n’auraient pas tenté de me faire un procès en sorcellerie, tout en grattant des allumettes.

Heureusement (?), j’étais né châtain clair, mais avec une coiffure tendance pétard qui me donnait un air encore plus étranger.

Mon crâne, tout plein d’épis, leur paraissait aussi inquiétant et suspect que s’il avait été planté de multiples banderilles.

Que ma chevelure soit courte ou (légèrement) trop longue, elle ne pouvait manifestement être habitée que par une compagnie de porcs-épics caractériels !

S’ils m’avaient découvert au saut du lit !…

Bref, mes cheveux n’étaient pas plus souples que ma caboche qui commençait à rendre fous les enseignants les plus endurants.

De surcroit, ils en déduisirent, chez moi, un comportement forcément imprévisible.

        

     L’Education Nationale n’étant pas à une contradiction près, je passai de classe en classe, en me faisant -alternativement- remarquer et oublier.

Jusqu’au jour où, en fin de collège, on se dit que je ne pouvais décemment pas prétendre devenir lycéen.

Il n’en fut effectivement rien ; et je devins « artisan en ébénisterie ».

L’odeur du bois et son toucher m’ayant vite séduit, je peux bien avouer aujourd’hui que cette période de ma vie fut des plus heureuses, même si j’avais déjà conscience de ce qui allait bientôt me devenir indispensable.

 

     Je m’étais découvert manuel et, tout en ne le regrettant pas, les mots me manquaient pour m’écrire.

Si je savais assez bien m’exprimer oralement, le besoin de le faire par écrit se faisait de plus en plus pressant.

Et tous les livres que j’avais « lus » renforçaient mon envie de mieux faire.

J’ai pratiqué plusieurs méthodes d’apprentissage afin de combler mon retard et je dois reconnaître que j’ai autant péché par orgueil que par impatience.

L’apparition du dictaphone dans ma vie me rendit des couleurs en faisant des merveilles.

Je me mis à parler au point de remplir des mini cassettes en pagaille.

L’heure des enregistrements numériques vint à point nommé ; je n’avais plus de place pour stocker physiquement quoi que ce soit !

Ma langue se délia et gagna en souplesse.

Je devins plus hardi et j’osai l’impensable.

J’écrivis.

 

     Mon premier roman, comme tant d’autres, s’avéra être une pure fiction…avec plein de morceaux de vécu dedans.

J’y parlais de voyages, d’aventures et d’exils ; mon héros n’avait de cesse de se chercher et de se perdre, en espérant se (re)trouver un jour.

Je fus lu, écouté, publié.

Je n’en reviens toujours pas et, si c’est peu de le dire, c’est que ce serait -pour moi- bien davantage de l’écrire !

 

                A l’heure qu’il est, j’en suis encore à dicter ces lignes et mes mots sont pianotés par une tierce personne…extrêmement dévouée.

Notre collaboration a débuté, il y a deux mois et dix-huit jours, grâce à une rencontre fortuite chez « mon éditeur » (!) ; nous ne nous sommes, depuis, presque plus quittés.

Le plus impensable n’est pas qu’elle m’ait inspiré le sujet de mon deuxième roman et un sentiment simplement inédit.

     La chose incroyable qui risque bien de m’arriver un jour, si je persévère et m’entête sans jamais renoncer ni me décourager, sera de l’écrire moi-même, puis de le taper !

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 1 septembre 2010

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Vive les Apéricubes !

        

            Des Apéricubes, des Apéricubes…des dès de folie !     

    

     D’accord, à moins de faire exprès de l’ignorer, tout le monde sait bien que c’est tout sauf du fromage.

C’est d’ailleurs comme pour le Coca Cola, personne n’en connait véritablement la composition, et c’est sûrement bien mieux comme ça.

Mais qu’est-ce-que c’est rigolo !

Mieux que les parties de dominos et les doubles lancers de dès.

Ils ont l’avantage d’être nettement plus nombreux et de se multiplier en fonction des années ou des saisons, des crus (si, si !) ou des modes, ou bien de l’ère du temps et de l’avis du consommateur.

Un vrai défilé haute couture ou, plus exactement, prêt-à-manger !

Plein de couleurs et de formats différents ; il y en a pour tous les goûts, ou presque.

C’est carrément Byzance !

    

     Avant même de songer à se verser quelque chose à boire, il faut impérativement choisir parmi l’éventail des saveurs proposées.

apricubenature.jpg  apricubecampagne.jpg  apricubeprovence.jpg  apricubefiletdupcheur.jpg  apricubevoyageentoscane.jpg  apericubetourdumonde.jpg  apricubecocktail.jpg  apericubeautomnehiver2008.jpg  apricubeprintempst.jpg  apricubetonic.jpg  apricubelongdrink.jpg  apricubetouchedefraisherbesaromatiques.jpg  apricubetouchedefraisepicesdouces.jpg  apricubevert.jpg apricubevert.jpg apricubevert.jpg  

Et vu le choix, quel sacré embarras !

Sauf si la décision radicale de ne présenter que ce style de mets aux convives est prise d’emblée.

         

     Tout en n’ignorant pas leur composition plutôt artificielle, pourquoi ne pas se faciliter effectivement la vie en ne prévoyant ni menu, ni cuisine, ni autre préparatif que celui consistant à répartir harmonieusement, sur une table dressée tel un buffet, les cubes.

Rien que sur la gamme (non exhaustive) ci-dessus, 432 dés non pipés ne demandent qu’à être servis, sinon avec talent, mais en tous cas un certain sens de l’esthétisme.

Suivant l’humeur ou bien l’envie, il est possible de se contenter, faute de temps, d’imagination ou d’un élan un brin créatif, de les répartir par famille, ethnie, caste ou origine.

Il suffit, alors, de « transvaser » sauvagement (!) chaque barquette de 24 ou 48 (parfois plus, ou moins, mais c’est plus rare) dans divers récipients : assiettes creuses (ou pas), ramequins, coupelles, bols, plats, verres, coupes à champagne (en prévoir plusieurs demi-douzaines !)…

Mais c’est la solution de (très) loin la moins courageuse.

De plus, elle ne tient compte ni du mariage des couleurs, ni de la position des dès (quelle face au-dessus ?).

Un peu de recherche et de spontanéité que diable !

Sans aller jusqu’à ériger des pyramides, il n’est pas interdit de procéder par thème : couleurs se mariant idéalement (encore faut-il avoir bon goût), arômes sachant se différencier, origines géographiques (supposées !) ; évitez, si possible, de mêler les senteurs campagnardes avec celles de la dernière marée.

Le retour de la pêche ne peut guère plus s’entendre avec un cocktail épicé ; assurément !

A chacun de voir et d’extrapoler, sans divaguer.

 

     Même s’il vaut sans doute mieux n’en rien savoir, il n’est pas interdit de se renseigner sur les ingrédients principaux du festin.

Et là…que de surprises, certaines moins attendues que d’autres.

S’il s’y trouve des trucs en poudre (lait, crème fraîche, lactosérum, fromage…), des (poly-)phosphates, des citrates, des gélifiants et des conservateurs, du sodium et du potassium, tout plein d’arômes -en partie- artificiels, ainsi que de l’eau, du beurre, du sel et des dérivés de blé (!), on peut également y déceler des légumes (juste déshydratés) et des tomates concentrées, par exemple.

Et…roulement de tambour (afin de ménager le suspense) : il y a aussi un peu de « vrai » fromage !!

Il n’est pas interdit de vivre dangereusement.

 

     Mais voilà que les invités sont tous arrivés.

La fête peut battre son plein.

On se lève, on se sert, on s’assoit, se relève ; on parle en se désaltérant, on s’amuse des couleurs et de la variété des goûts, même les plus indicibles ; on joue aux devinettes.

Et le jeu trivial et répandu des questions/réponses n’est rien en comparaison de celui qui consiste à savoir ce que l’on mange…

Qu’importe.

Le plus amusant consistant à dépiauter les cubes, au hasard ou en les choisissant avec soin suivant son unique volonté, on s’en donne à cœur joie comme des pigeons ramiers qui picorent à tout va.

Rares sont ceux qui, en cette occasion, ont la présence d’esprit de penser à dénombrer les cubes ou les kilocalories…

Et la fête se poursuit.

 

         Au bout de la nuit, tout le monde est finalement autant nature que campagne, provence ou même pécheur…, mais la plupart des convives s’avère manquer singulièrement d’une touche de frais et ne se révèle plus vraiment tonic.

Trop de long drink

ehouiellerit.png  À meuh !

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 9 mars 2010

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Priorité à l’emploi et…à la réduction mammaire

           

            Ma décision est ferme et définitive : tout va devoir bientôt changer.   

       

     A trente-et-un ans révolus, j’en ai marre !  

Marre de ne pas être prise au sérieux, marre de multiplier les petits boulots d’étudiante attardée, marre et re-marre de n’être jamais directement regardée dans les yeux !

C’est lassant, à la longue, d’être prise pour une pomme, que ce soit par les patrons, les collègues ou les hommes.

Je vaux sûrement mieux que ça !

A force de trouver normal ce mode opératoire, j’ai failli définitivement oublier que j’avais aussi un cerveau.

    

     Alors que je suis brune, j’ai vraiment l’impression d’avoir toujours été déconsidérée comme une blonde.

Désolée pour elles, mais je n’ai rien à voir avec leurs histoires et les mauvaises blagues qui leur collent au cuir chevelu.

Personne ne parviendra à me décolorer !

Il est grand « temps pour moi de reprendre ma vie en mains » (j’ai entendu ça dans un film) et de refuser, à l’avenir, toute forme de dénigrement.

    

     Mes priorités devront, sans aucun doute, se focaliser sur la lecture des petites annonces, le pôle-emploi et la constitution d’une cagnotte.

Mais comment mettre suffisamment d’argent de côté sans un vrai travail et comment en trouver un, de façon durable, avec ce poids-là ?

Qui de l’œuf ou de la poule…?

    

     Afin de m’alléger définitivement, il paraît aujourd’hui évident qu’il me faut, sans tarder, changer de bonnet.

Pas de bonnet de bain, en caoutchouc ou en lycra, pour parader à la piscine avec une tête de tortue mal réveillée !

Il s’agit tout simplement pour moi de remonter l’alphabet d’ici peu.

Au moins d’une lettre ou deux, au minimum d’un cran.

Bien sûr je ne prétends pas que je pourrai alors me regarder en face, en me trouvant plus digne d’intérêt ou de confiance.

Réflexion faite, tout est là : pour inspirer confiance, il faut avoir foi en soi.

Et moi, je doute.

Je doute de mes capacités intellectuelles et physiques.

Je doute de mes capacités d’adaptation, en milieu professionnel, urbain et aquatique.

Je doute de tout et de son contraire ; c’est dire !

Mais cette année, c’est décidé, je vais me soigner.

    

     Prenant le problème à bras-le-corps, mon corps en mains, mes mains que je mets sur mes hanches et les bras en avant, je décide de changer.

Je vais changer d’atmosphère, de sphère sociale, de centre familial et de cercles concentriques.

Finis les ronds dans l’eau.

Il va falloir tracer, ma fille !!

    

     Selon un plan de bataille bien défini, je vais éviter de pratiquer -comme beaucoup outre Atlantique- la méthode Coué.

Je ne deviendrai pas, du jour au lendemain, la plus douée, la plus intelligente, ni la plus belle, pour aller danser, travailler ou être aimée.

Et ce ne sera pas grave !

Ce qui m’importe est de trouver ma voie et de me faire entendre.

Pour moi, être « reconnue », signifie bien plus être appréciée pour ses qualités, qu’être renommée.

Si je change de bonnet, je tiens à conserver mes nom, prénom et couleur de cheveux d’origine !

N’en déplaise à certaines, je ne me trahirai pas complètement.

« La valeur n’attend point le nombre des années »…qu’il disait d’antan !

J’ai dû ronger mon frein, moi, pour espérer seulement exister.

Je n’ai connu ni triomphe, ni victoire et je ne m’en plains pas.

Si j’ai pleuré, parfois, c’était de ne plus réussir à serrer les dents.

Des moments de faiblesse, d’abandon, de lassitude et de désespoir, j’en ai connu des tas.

Je suis toujours vivante.

Ce n’est peut-être pas la moindre de mes qualités.

    

     A présent, il est grand temps de recompter mes sous, mes vieux francs et toutes mes nouvelles valeurs européennes.

Ça va coûter bonbon !

A moins que la Sécu n’accepte de prendre en charge mon excédent mammaire.

C’est idiot, à la veille de l’intervention, je me demande encore quel peut bien être le poids d’un sein et de combien je serai délestée !

On m’a parlé de grammes par centaines, j’ai l’impression qu’il faudrait m’en enlever des milliers.

Pourvu (tout de même) que ma poitrine ne finisse pas par accoucher d’une souris ou d’un rat de laboratoire transgénique !

J’ai un peu peur.

    

     J’ai conscience que demain ne sera pas synonyme de révolution.

J’aspire, plus humblement, à évoluer, quitte à heurter certains esprits susceptibles.

Je compte sur leur intelligence pour s’en remettre rapidement.

     Je me veux résolument optimiste : si je regarde par-dessus mon épaule, mon avenir est bel et bien derrière moi !

           

            Et si le Prince Charmant n’existe sans doute pas, je suis certaine de bientôt réussir à me voir offrir le travail qui saura me combler…

 

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(© 2010/droits réservés) 

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Du vécu (ou presque)…

Posté par BernartZé le 17 janvier 2010

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Soudain 

 

           

            Nous étions partis en voyage par la route, après l’avoir trop souvent empruntée par la pensée.

Plus rien au monde ne nous retenait plus ; plus de raison de demeurer en place.

    

     C’était l’été, évidemment, même si un froid quasi polaire habitait tous nos cœurs.

Nos attaches s’étaient distendues ; nos transports finalement convenus nous avaient convaincu de ne plus remettre à plus tard l’heure de notre départ.

Après des années à attendre, plus la moindre illusion ne pouvait être entretenue sans qu’il fût possible d’en douter ou d’en rire.

Et un rire insidieux était parvenu en écho jusqu’à nous.

Nous qui refusions de l’entendre.

    

     En dépit de toute logique, nous roulions joyeusement, improvisant à tue-tête des chansons inédites et pour le moins blasphématoires.

Adieu les dévots et les vaches ; sacrément culotté de hurler en pleine campagne à la mort de tous les haricots !

C’était la faim, évidemment, qui nous rendait stupides et lâches, au point de refuser toute aide extérieure.

    

     « Quelques » centaines de kilomètres plus loin, advint la panne véritablement imbécile.

Ce ne fut pas le carburant qui nous manqua, mais carrément la route !

Plus une seule trace de macadam, ni d’un semblant de chaussée goudronnée.

Plus aucune voie, tout simplement ; plus rien du tout n’était tracé.

C’était l’impasse, la fin du chemin, l’absence totale d’issue.

A croire que, sans l’avoir jamais cherché, nous étions parvenus au bout du bout de la terre.

Et après ?

Pas d’eau dans laquelle plonger ; pas de quoi s’arrimer ; rien n’avait plus de sens.

Il faudrait donc faire avec ce qui n’existait plus.

    

     Nous restâmes là, totalement hébétés, durant un temps évidemment infini.

    

     Je me dois tout de même de préciser (simple question de vraisemblance géographique !) que nous étions parvenus au nord-est du Portugal, non loin de la frontière espagnole (située à une trentaine de kilomètres, à peine).

Si la météo semblait garder sur nous un œil très bienveillant, « le destin », lui, nous plaçait, apparemment volontairement, tout droit dans son viseur !

Pourtant ce petit coin ensoleillé nous avait d’abord paru aussi paisible qu’accueillant, plutôt tranquille et pourvu d’un charme un brin bucolique.

Ce n’était pas une bourgade, mais une municipalité tout au moins.

Rien ne laissait présager, en nous y promenant au hasard, qu’elle recelait un mystère en forme de « triangle des Bermudes » !

    

     Quand nous reprîmes -une partie de- nos esprits, il nous fallut progressivement nous rendre à cette inconcevable évidence : continuer à « avancer » ne signifiait strictement plus rien dans quelque langue que ce soit, en Français comme en Portugais (…que nous ne maîtrisions pas tellement, par ailleurs) !!

Faute de « suite », ou de « au-delà », appelez cela comme vous voudrez.

Fin du parcours.

    

     Alors, on a creusé…creusé, non pas le sable, mais ce qui se trouvait là à nos pieds, ou plus exactement devant deux des quatre roues de notre véhicule pas flambant neuf, mais presque.

A savoir un salmigondis de terre, de gravats et de compost particulièrement indéterminé.

Avec des pelles et des râteaux de plage, un seau, le cric également.

    

     Cela nous prit très longtemps, sans plus la moindre notion de jour ou de nuit.

Nous eûmes chaud en traversant la croûte terrestre, son manteau, perçant son noyau en plein cœur, en tentant d’éviter le plus possible le magma et d’autres « choses » que nous préférâmes contourner, sans trop dévier d’un même axe.

    

     Douze-mille-sept-cent-cinq-six (environ) kilomètres plus tard, nous ressortîmes respirer un air beaucoup plus plaisant.

Un temps splendide nous salua ; une température idéale, après notre longue traversée « en apnée ».

La voiture ne nous ayant -bien sûr- pas suivi dans notre voyage au long cours, nous nous rendîmes à pieds au centre-ville, qui n’était plus qu’à deux pas.

Une sorte de « syndicat d’initiative » nous fut d’une grande aide et nous renseigna sur le lieu précis où nous étions remontés à la surface de la Terre.

Nous nous trouvions à Nelson, ville située dans l’île sud de la Nouvelle-Zélande, à (grosso modo) une bonne centaine de kilomètres -à vol d’oiseau- de la capitale Wellington (dans l’île nord).

La nouvelle nous ravit.

C’était donc ça « les antipodes » !

Empruntant Trafalgar street, nous découvrîmes la Baie de Nelson, avec mouettes, goélands (ou ?) cormorans (nous n’avons jamais su faire la différence) et ce fut le…coup de Trafalgar, disons…de foudre, plus justement !

    

     A compter de ce jour, nous décidâmes de nous installer définitivement là.

A part une voiture, qu’avions-nous laissé derrière nous ?!

L’Anglais étant une langue pour laquelle nous avions nettement plus de facilités que le Portugais (par exemple), nous n’eûmes aucun mal à nous fondre dans le décor et à changer d’hémisphère et de vie, au passage.

Ayant rapidement pu faire l’acquisition d’un bateau de plaisance, nous jetâmes l’ancre à une bordée d’embruns, de quoi vivre de promenades touristiques dans la baie, ainsi que d’eau fraîche (sans sel).

           

            Du bleu partout sous nos yeux et jusque dans nos cœurs !

Comme la vie peut être belle…

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(© 2010/droits réservés)

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