MouvementS d’humeurS
Posté par BernartZé le 6 décembre 2016
Caprices
Je m’accorde le droit de changer d’avis ; na !
Quand j’étais petit, non seulement je n’étais pas le plus grand de ma classe, mais en plus j’étais sage comme une image, comme celles que je recevais régulièrement pour mes bonnes notes et ma bonne conduite.
Mes parents, soucieux de mon éducation, m’avaient appris à ne pas faire de caprices, jamais et en aucune circonstance ; je n’en fis donc pas, ils n’auraient d’ailleurs pas cédé.
Bac en poche à seize ans (deux mois avant…soyons immodeste) je me suis retrouvé, adolescent imberbe , au beau milieu de toute une faune d’étudiants de tous âges et de toutes origines.
Complètement perdu les premières semaines dans ce vaste campus universitaire, je me suis égaré des dizaines de fois dans les couloirs et les grandes allées d’un monde qui me semblait trop grand pour moi.
J’ai croisé par hasard un « enfant » de treize ans petit génie en mathématiques et sérieux comme un pape…auquel je n’ai rien trouvé à dire.
Ma mine était plus trompeuse que sérieuse ; j’avais l’air grave et réservé de ceux qui ne rêvent que de pouvoir se cacher ou se rendre invisibles.
J’étais le plus souvent dans un espace de calme blanc et bleu, perché tout là-haut rêvant dans ma nacelle .
Jusqu’au jour où un étudiant…m’a parlé !
Pas de doute ni erreur c’était bien à moi qu’il s’adressait.
Même si nous ne nous sommes pas revu par la suite, nous avions fait connaissance ; il était étranger, moi aussi d’une autre façon.
Cette anecdote (apparemment) anodine m’a permis d’ouvrir les yeux et de prendre la décision de quitter la fac -où je n’avais décidemment rien à faire- et les études et mes parents, avec lesquels je n’étais pourtant pas fâché, et finalement la ville.
Cela ne s’est pas fait sur un coup de tête mais après une longue réflexion murie durant de longs mois.
Je me sentais enfin adulte à tout juste dix-huit ans ; c’est sans doute la seule fois de ma vie que je me suis involontairement conformé à la norme.
J’ai beaucoup voyagé à pieds en voiture en , à dos de chameau de vache et de mulet ; j’ai aussi pris des trains et quelques avions.
Qu’ai-je appris au bout du compte, après des milliers de kilomètres ?
Rien ou presque.
J’ai compris que j’étais indécis versatile incohérent voire…« bipolaire ».
Dans le sens où je n’avais de cesse de vouloir voyager du nord au sud pour me fuir toujours.
De peur de me trouver je suis passé d’un continent à l’autre, plus malade de fugues que de pérégrinations finalement.
Rentré au port dans mon limousin j’ai reconnu les nuages de mon enfance.
J’ai continué à voyager dans ma ville, déménageant au moins une fois par an par ennui par lassitude impatience et tristesse.
Incapable de me fixer, peut-être par peur de m’installer et de me retrouver prisonnier d’un choix de vie de lieu ou (carrément) de destinée ; comme si on pouvait la choisir !
A quoi bon de toute façon quand on sait par avance que l’on reproduira inévitablement les mêmes erreurs.
Toujours debout, plutôt vaillant pour mon âge, j’ai décidé de m’accorder au bout de longues années de vicissitudes le droit de demeurer inconstant.
Définitivement déviant…
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