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“Souvenirs, souvenirs”…!

Posté par BernartZé le 4 août 2011

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Bouleversifiant

                                 

                Troublant le souvenir, forte l’émotion, inoubliable l’apparition diaphane évanescente.

Juste quelques mots répondant à l’écho : « …Oui, c’est moi ». 

 

(© 2011/droits réservés) 

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“Souvenirs, souvenirs”…!

Posté par BernartZé le 8 juillet 2011

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Ouin !!

               

                La dernière fois que j’ai reçu une bonne nouvelle…elle se trouvait dans mon biberon.

 

glouglou.jpg 

(© 2011/droits réservés) 

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“Souvenirs, souvenirs”…!

Posté par BernartZé le 11 août 2010

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Intensément

           

            Sur son visage elle portait la douleur, comme d’autres, sur la poitrine, arboraient discrètement leur médaille.

(© 2010/droits réservés) 

 

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“Souvenirs, souvenirs”…!

Posté par BernartZé le 26 juillet 2010

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Des bras m’en tombent ! 

              

            Comment chose pareille est-elle arrivée ?

Par quel étrange phénomène, de quelle étonnante manière l’a-t-on laissée tomber ?     

    

     Bizarre, comme c’est tout de même bizarre une destinée artistique.

Surtout lorsqu’elle dépend principalement des autres.

De ce que l’on peut éveiller en eux, sous forme de désir, d’attraction répulsive et d’invitation au rêve, à l’imagination en marche.

Autrefois, certaines muses pouvaient déclencher des guerres, aviver des jalousies, provoquer de terribles tourments, et le tout paraissait parfaitement naturel.

Plus récemment, et plus modestement, d’autres se contentèrent d’inspirer des tableaux aux grands maîtres, des œuvres littéraires ou des sujets de films.

Et personne, par la suite, n’a jamais pu précisément connaître les véritables origines de ces créations.

Comme si un mystérieux pacte, entre l’auteur et la source de son fantasme, devait rester éternellement secret.

    

     Mais lorsque la muse choit, à qui incombe la faute ?

A elle-même ? Au maître d’œuvre ? Ou bien à l’air d’un temps qui n’est plus ?… 

    

     Encore faudrait-il réussir à mesurer l’importance de la chute.

Subjectivement parlant, elle peut sembler phénoménale, comme passer totalement inaperçue, à l’heure où tout passe et tout lasse si vite.

Même des gens meurent sans que personne ne le sache, c’est dire !

Alors, une simple actrice qui ne tourne plus, pensez donc…     

    

     Les exemples ne manquent pas.

On pourrait en ramasser à la pelle des starlettes en devenir qui n’ont dansé qu’un ou deux étés.

Des chariots entiers d’étoiles mortes -sitôt nées- encombrent les mémoires des cinéphiles les plus avertis ; certains continuent même de verser quelques larmes sur leurs tristes destinées plus ou moins brisées.

Mais au-delà des clichés en pagaille, des actrices, moins comédiennes et plus artistes, semblent n’avoir pas toujours su -ou voulu- faire les choix les plus judicieux, synonymes de pérennité dans ce drôle de métier.

     Il a suffi d’une incompréhension, d’un seul échec (commercial) pour que « La Divine » se retirât à tout jamais de la lumière.

Dommage !

Peut-être était-ce seulement la première fois qu’elle ne jouait pas son propre rôle.

Et -de surcroît- celui-là était double…

 

     Mis-à-part ce cas extrême, parce que radical, d’autres ont cessé de se voir proposer des rôles dignes de leur talent, dès l’apparition de leur première ride (non corrigée).

De plus jeunes, plus fraîches et plus blondes se bousculaient déjà au portillon d’une gloire encore plus éphémère.

Pourtant, quand on y pense, lorsque l’on prend le temps de revoir certains films, l’évidence s’avère plus frappante que le coup de tête d’un quelconque footballeur de club d’une 3ème division de district (départemental) !

Une certitude s’impose : celle-ci était -indiscutablement- douée.

Et l’envie de chercher à comprendre.  alarecherchededebrawingerrosannaarquette2002.jpg 

            

            Une petite trentaine d’années après d’éclatants débuts, tout paraît assez confus.

Qu’en reste-t-il ?

L’espièglerie d’un regard et la flagrance de ses prédispositions.

L’intelligence et la malice étaient ses deux qualités premières ; elles laissaient présager de son aptitude à interpréter toutes sortes de personnages, usant de toute la gamme des sentiments et des émotions, des plus muettes au plus démonstratives.

     Quand vint  laffairechelseadeardon1986ivanreitman.jpg  « L’affaire Chelsea Deardon » !  

Et la screwball comedy renaquit subitement de ses cendres.

Comme au bon vieux temps de l’âge d’or, la virtuosité des dialogues s’était mise au service de réparties pleines de vivacité, et, au détour de bon nombre de situations parfois un peu ridicules et franchement burlesques, un couple évident (pour tous les spectateurs) éprouvant -faute de temps, aussi !- des difficultés à s’avouer ses sentiments.         

     Une vraie perle ce film !

D’un éclat d’autant plus intense que ce joyau mettait en scène deux générations d’acteurs au prix d’un grand écart.

Comment se peut-il qu’il n’ait pas inspiré d’autres scénaristes ou metteurs en scène pour lui offrir d’autres écrins susceptibles de révéler son sens du rythme empreint d’une incroyable veine comique ?!                         

     Les années suivantes, plusieurs films, dans des genres différents ; certains remarquables et dignes de son talent (comme l’on dit) et d’autres dans lesquels elle tira toujours son épingle du jeu (comme l’on dit parfois aussi…pour s’efforcer de rester poli).

Et puis, après -pourtant- une comédie à succès, un retrait volontaire d’une durée de six ans.

    

     « Volontaire » : toute la question est bel et bien là !

A peine quarante ans (alors), une première retraite et sans doute plus désireuse de se consacrer à sa vie de famille que d’aller perdre son temps à tourner pour…faire tourner la machine commerciale hollywoodienne.

Celle-ci, de plus en plus grippée du côté des rêves et de ses exigences artistiques semblait déjà -plus que jamais- incapable (à de rares exceptions près) d’inventer des histoires dont les héroïnes n’auraient plus tout à fait vingt ou trente ans.

Navrant !

Pour plusieurs générations de femmes et d’actrices, pour tout un public ignorant la différence entre se divertir, se distraire, s’amuser et tuer le temps, comme pour l’histoire du 7ème art et ses incurables cinéphiles.

           

            Oh, bien sûr, ce n’est pas de ce côté-là que viendra la fin du monde !

Sans doute sommes-nous seulement les témoins de la fin d’une époque.

Celle où un art pouvait nous grandir, nous magnifier, nous étudier, nous observer, avec acuité et intelligence, et non pas nous infantiliser et nous abêtir, réduisant nos cerveaux dans des têtes de Jivaros, et nos pauvres esprits à la taille congrue.

    

     Et tandis que d’autres arts continueront à savoir nous faire -momentanément- oublier notre état d’êtres simplement humains, des actrices toujours plus éphémères se ramasseront à la pelle…

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(© 2010/droits réservés) 

 

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“Souvenirs, souvenirs”…!

Posté par BernartZé le 3 mai 2010

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Le pain d’épices est à l’honneur

        

          Au miel, évidemment !

Les abeilles continuent d’y veiller.

Sans elles, bientôt la fin du monde et des goûters d’enfants.

Et sans eux, autant ne pas naître du tout. 

                       

     Que serait une enfance privée de ces moments privilégiés ?

Triste à pleurer sûrement.

De la farine et du miel, en quantités égales, du lait, des épices venues de plus ou moins loin (genre muscade, gingembre ou cannelle), de l’anis étoilé (pour la part de rêve), du thé (peut-être) et d’autres ingrédients, suivant l’humeur du moment et l’âge de la grand-mère.

Et le tour était joué.

A une ou deux tranches épaisses pouvaient s’ajouter un verre de lait et deux carrés de chocolat noir.

Celui -par exemple- dont la tablette, une fois ouverte, permettait de découvrir immanquablement une image, photo ou dessin, censée prendre place dans un album que l’on n’aurait jamais l’occasion d’acquérir.

Quelques dizaines de centimètres carrés d’évasion…pour peu qu’on ait la chance de ne pas tomber sur un doublon ! 

    

     Vint l’ère de la pâtisserie industrielle, plus variée et moins contraignante pour les parents (et grands-parents).

Après les quatre-quarts et les cakes tranchés, le gâteau « Savane », le « Marbré », le « Napolitain » (classic !) et d’autres merveilles trop sucrées (pas plus que la plupart des pains d’épices, soit dit en passant) et chocolatées firent leur apparition.    

    

     Ah, le « Napolitain » !

Celui que l’on pouvait déguster aussi bien de haut en bas que transversalement, afin d’y découvrir des couches et entre-couches sublimes et délectables.

En haut de la pile, une croûte (craquante !) de glaçage blanc saupoudrée de vermicelles de chocolat attirait l’œil tout en réveillant les papilles, puis une génoise couleur vanille (ou de la couleur du chocolat blanc ?), une couche de chocolat noir fondant, une autre génoise de chocolat au lait, une seconde couche de chocolat fondant et pour finir, histoire – peut-être – de respecter une symétrie (pour un plan en coupe), une dernière couche de génoise jaune vanille.

La génoise était moelleuse et le goûter…roboratif, à un âge où l’on ignore encore tout du calcul des calories ; bien heureusement !

Et le pain d’épices dans tout cela ?…

    

     En fonction des régions, le quatre heures pouvait sensiblement varier.

Cependant, à travers l’hexagone, les enseignes de la grande distribution nous ont -depuis longtemps- habitué à proposer des produits issus de nos provinces et même venus d’ailleurs ; plus ou moins les mêmes partout !

     Ainsi, qui n’a pas connu le gâteau breton fourré aux pruneaux (…d’Agen ?!) ?

Attention ! : ne pas confondre avec des déclinaisons qui virent aussi le jour, fourrées aux pommes ou aux abricots par exemple.

Si le pruneau n’est pas breton, l’abricot l’est encore moins.

    

     Toujours est-il que ce gâteau garni (!) recelait bien des mystères.

Point de fèves, rien à voir avec l’Épiphanie, mais une fois de plus…des strates (pour ne pas dire à nouveau des couches !), certes moins nombreuses que dans un « Napolitain ».

Seulement trois, avec le fourrage au centre, mais le véritable mystère était totalement visible à l’œil nu.

Nul besoin de loupe ou de microscope pour considérer le périmètre circulaire côtelé et voir la finesse épidermique de l’ensemble, digne de la plus belle des broderies bretonnes.

Tout était , dans ce subtil travail d’orfèvre, qu’une lame de couteau suffisait à soulever.

La tentation était si forte que l’on pouvait légitimement s’interroger : et si des dentellières n’avaient fait ce travail que pour voir leurs gâteaux se faire scalper ?!

Tellement troublante cette membrane qui ne demandait qu’à se détacher…

Et dans la bouche, l’impression d’avaler une peau vive et fruitée.

Quant à cette côte tout autour, rien d’autre qu’un appel au meurtre, à l’arme blanche !

Comment ne pas commencer par abattre cette digue ?

Se lancer d’abord à l’assaut des remparts, ou ôter les peaux mortes ?

Grave dilemme !

Débarrassé de sa circonférence et de sa fine pellicule, ce gâteau breton ne semble plus être qu’une pâtisserie -quelque peu bourrative- à la crème de pruneaux.

Ainsi mis à nu, son mystère demeure pourtant.

Seul un palais averti est capable de mordre goulûment ces lèvres serrées au sourire aplati.

    

     La pluie battante (!) derrière les carreaux vitrés de la cuisine donnait encore plus de relief à cette parenthèse enchantée située -jusqu’à un certain âge- entre 16 heures et…l’heure véritable du retour de l’école.

        

          Si les cakes aux fruits confits savaient se mettre en quatre (-quarts !) pour un moment de tendresse, et si, comme « le Savane », « le Marbré » ou « le Napolitain », le gâteau aux pruneaux avait l’avantage d’offrir son petit rayon de soleil, le pain d’épices symbolisait la simplicité même.

En plus d’une représentation de l’enfant dans son innocence (toute relative), il restait le seul goûter que l’on pouvait -sans crainte- tremper dans un bol de lait chaud avec l’assurance…qu’il saurait se tenir, malgré tout !

Et sa sécheresse initiale révélait alors un cœur gros comme ça.

La congrégation des abeilles n’y était pas pour rien.

    

     Les seuls gamins qui, aujourd’hui encore, s’entêtent à ne pas leur être reconnaissants sont ceux qui n’aiment que le salé.

 

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 (© 2010/droits réservés) 

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« Souvenirs, souvenirs »…!

Posté par BernartZé le 25 mars 2010

lartdtregrandprevh.jpg   dorothyhamill.jpg

Allô paman, bobo (!)

        

          Ce soir j’ai quatre-vingt-treize ans, l’âge d’être grand-père.

Je ne le deviendrai jamais ; je n’ai pas été père. 

    

     Autant tout de suite dire que c’est sûrement un mal pour un bien.

Ma plus grande non-œuvre, en quelque sorte !

C’eut été un désastre, un vrai naufrage, avec femme, enfant(s) et petit(s)-enfant(s) passés par-dessus bord.

Des vies sauvées, finalement.

Et de me féliciter -clairement- de n’avoir entraîné nulle autre âme dans ma dilution.

    

     Avec des petits-enfants, sans doute aurais-je pu donner, un temps, le change.

Risette à gauche, risette à droite ; à cheval sur le baudet, façon Hugo ; tout l’art de devenir grand-père ne me serait pas venu aussi facilement, mais quelques menus efforts ne m’auraient pas semblé hors de portée.

Jusqu’au jour où, l’inquiétude me rattrapant, j’aurais sans doute craint pour leur avenir.

Une paille en regard de ce qu’auraient été mon angoisse et mon affolement en essayant d’élever un ou plusieurs de leurs parents !

    

     Comment bien faire, tout en n’ignorant pas que nul ne peut y parvenir ?

Tous les parents du monde (j’oublie sciemment les « indignes », même malgré eux) font tout leur possible pour donner le meilleur à leurs enfants.

Ils proposent, ceux-ci disposent comme bon leur chante.

Avec le sentiment que leur sacrifice est juste un don, un cadeau allant de soi.

Sans espoir de retour et avec la conscience de ne jamais en être remerciés.

L’ingratitude des enfants est, par définition, inéluctable, pour ne pas dire légendaire.

Bref, d’une manière ou d’une autre, elle finira -forcément !- par pointer le bout de son nez.

Dans certains cas, les dommages collatéraux ne s’avèrent pas irrémédiables.

Et la vie suit son cours.

    

     Le mieux étant supposé être l’ennemi du bien, comment se contenter d’élever ses enfants à peu près, en essayant de leur inculquer le goût de la libre pensée, et tout en…ne manquant pas de les « encadrer », histoire de leur apprendre quelques bonnes règles de vie en société ?

Soudain l’image d’une laisse me vient à l’esprit.

Ni trop courte, ni trop longue, afin de ne pas entretenir de fausses illusions.

C’est ignoble et inhumain ; je sais bien, merci !

Il n’empêche que c’est, parfois, en voulant trop bien faire que l’on pervertit ses propres enfants.

Trop libres, ils s’égarent, trop opprimés, ils se révoltent.

Dans tous les cas, ils vous en veulent, plus ou moins.

A coup sûr, au moment de désigner les coupables, j’aurais hâtivement levé les deux mains, avant de me frapper violemment la poitrine.

Mea culpa, mea culpa ; c’eut été inévitablement ma très grande faute !

N’ayant pas même réussi à élever un animal -dit- domestique, je ne vois vraiment pas comment j’aurais pu mener à son terme…l’accomplissement d’un enfant.

Je ne crois pourtant pas manquer d’imagination…

D’autre part : comme a -plus ou moins- dit Khalil Gibran (dans « Le prophète ») : « nos enfants ne sont pas nos enfants, ce sont les enfants de la Terre ».

Et avec ça, ne perdez jamais de vue qu’ils vous quitteront nécessairement un jour prochain !

Ayez des enfants !!…

        

          Un été, au siècle dernier (!), mon chemin croisa celui d’une femme enceinte jusqu’aux yeux, ainsi que l’on a coutume de dire.

Ses yeux gris anthracite ne me parurent pas spécialement bouffis ; à quoi bon perpétuer ce genre d’idée reçue ?

Bref.

Point de canicule en vue ; elle avait pourtant constamment chaud.

L’eau glacée la désaltéra un temps, puis vint celui des cônes et des esquimaux, à la fraise ou à la vanille, exclusivement !

Elle s’essaya aussi au maniement de l’éventail japonais (made in Taïwan !) et finit par se résoudre à prendre réellement les choses en mains, le taureau par les cornes et la direction des opérations en attendant le jour de l’accouchement.

A j-3, sûre d’elle, elle m’invita à l’accompagner à un spectacle de danse sur glace.

Il s’agissait de la tournée post-olympique et mondiale.

C’était la grande époque de Dorothy Hamill et Dianne de Leeuw, John Curry et Vladimir Kovalev, sans oublier l’éternelle Irina Rodnina qui patina durant un siècle et demi en épuisant deux partenaires différents !

Jusqu’à l’entracte (afin de resurfacer la patinoire), la fraîcheur fut de mise.

Nous avions eu le loisir d’applaudir quelques ballerines sur lames qui avaient ouvert le spectacle, puis tous les récents médaillés, d’argent et de bronze.

J’étais assez impatient, prenant de plus en plus goût à un sport dont j’ignorais presque tout la veille, de voir apparaître les meilleurs d’entre tous.

La glace à peine refaite, Agnès m’annonça, entre deux battements d’éventail, qu’elle venait de perdre les eaux.

Nous ne vîmes jamais Dorothy Hamill faire son entrée.

Le temps d’un rire aussi moqueur que dubitatif et je commençais à paniquer.

Elle, au contraire, fit en sorte de se lever le plus discrètement possible pour ne pas déranger, et attendit que nous soyons dans le hall pour s’affaler légèrement.

Son mari étant en perpétuels déplacements, elle n’eut personne à prévenir (les portables n’existaient pas, alors) avant l’arrivée d’une ambulance quelque peu apathique.

Elle eut à peine le temps d’être allongée en salle de travail, que venait au monde…Dorothée, la bien nommée.

Quatre kilos trois cents de chair, de sang et de cris en rafales.

Tout le monde se portait bien ; c’était bien là l’essentiel.

Le mari -et nouveau père- ne fit sa réapparition que cinq jours après, d’où quelques problèmes administratifs pour déclarer la naissance de son premier enfant.

Juste le temps pour moi de m’éclipser définitivement.

Je n’ai jamais revu Agnès, pas davantage sa fille ; quant au jeune père…

Mon petit écran noir et blanc me donna l’occasion, quelques mois plus tard, de voir enfin Dorothy Hamill en action.

        

          « Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
             Pour un crime quelconque,… » et…

…je retourne en enfance !

A l’époque où ce cher Hugo me permettait de tuer le temps sur le chemin de l’école, quand il me fallait pédaler à toute berzingue, pour cause d’éternel retard.

Plus tard, d’autres « classiques » me motivèrent aussi (histoire de varier les plaisirs) ; des extraits théâtraux notamment.

Mais je dois bien avouer qu’au rayon poésie, Totor est sans doute demeuré mon favori.

Ce que l’on peut être sentimental, étant jeune !

Et de penser, soudain, que je viens de dépasser d’une décennie l’âge de sa dernière heure.

J’en reste presque sans voix, et assurément sans descendance, contrairement à lui.

    

     A quoi me sert d’avoir atteint cet âge quasi canonique flirtant dangereusement avec mon premier (!) siècle ?

En d’autres termes : qu’ai-je donc fait de ma vie ?

« J’ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs… »

Voilà que ça me reprend !

Veni, vidi, mais ai-je vraiment vixi ?…

    

     Je n’ai pas connu la peine d’enterrer un enfant.

J’ai fait ce que j’ai pu ; le plus joyeusement possible, malgré tout.

J’ai beaucoup voyagé par la pensée, à travers le monde également.

J’en ai rapporté plus d’images et de souvenirs que de photos ou de cartes postales.

Je me suis même offert le luxe de vivre trois ans en Papouasie-Nouvelle-Guinée, juste pour parfaire mon Anglais, dans des eaux plus océaniques.

J’en ai profité pour apprendre quelques mots de Tok pisin, afin de me fondre davantage dans le décor.

J’y avais trouvé meri qui avait déjà un pikinini.

Mais elle finit par se lasser de mes absences à répétition.

J’étais pseudo journaliste pour une feuille de chou de Lae (située à environ trois-cents kilomètres au nord de Port-Moresby), et bénévole le reste du temps dans un hôpital de brousse.

A mon cinquième séisme, je décidai de mettre les voiles et de rentrer définitivement sur le Vieux Continent.

Deux ou trois adieux déchirants furent le prix de mon abandon.

C’est ainsi que j’ai commencé à renoncer à mon plan d’évasion qui était censé me mener loin de moi-même.

Sur le chemin du retour, j’en ai -tout de même !- profité pour faire quelques escales : d’abord l’Australie (évidemment), puis la Thaïlande et l’Inde, le Qatar, la Turquie, la Hongrie, la Suisse et…Besançon me revoilou !

Finalement, je suis bisontin depuis plus d’un demi-siècle.

Besançon, son histoire (quelques vestiges gallo-romains) et sa citadelle (merci Vauban ; toujours lui !), sa qualité de vie, ses plantes vertes et sa température extrêmement tempérée.

Tout juste de quoi m’enrhumer, hiver comme été !

Rien d’étonnant si tout espoir de sérénité s’est envolé et si chaque nouveau printemps ne me met pas en fête.

D’aucuns diraient que je suis quelque peu blasé.

Que nenni !

    

     Une chose est sûre : faute d’un mode d’emploi, je n’ai presque rien compris à La Vie !

Comme tout le monde -j’imagine- j’ai cherché à percer le mystère et le sens de tout cela et à découvrir ce que j’étais venu faire dans cette galère !

Sans oser parler de « bagne terrestre », je ne puis considérer mon humble expérience comme une sinécure.

Il y eut des hauts, aussi rares que vertigineux, et des bas.

L’appel du vide ne m’est pas inconnu. 

Aujourd’hui, vu mon grand âge, je peux en rire, comme en pleurer.

Mieux vaut en rire, pour faire meilleure figure !

Et surtout pour ne rien regretter.

Ai-je bien assez vécu ?

Bien assez ; sans le moindre doute, puisque je cours le risque de devenir centenaire.

Bien ?…

Il y aurait, inévitablement, matière à débattre entre tous mes mois, faute d’autre combattant.

Trop d’émoi en perspective !

Je ne suis même pas certain de vouloir y porter le moindre intérêt…

        

          Dans le doute (et le Doubs !) je vais demeurer jusqu’à la fin du temps qui m’était imparti.

C’est étrange, je repense ce soir à Agnès et sa fille, et à Dorothy Hamill dont toutes les paires de patins ont dû s’oxyder depuis belle lurette…

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(© 2010/droits réservés) 

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« Souvenirs, souvenirs »…!

Posté par BernartZé le 30 juillet 2009

 

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 Vive les vacances !…

   

            

                …Plus de pénitences, les cahiers au feu et la maîtresse au milieu. 

Comme c’est si loin tout ça !

Que reste-t-il de ces souvenirs du siècle passé, des fins d’années scolaires et des yeux embrumés ?

Rien !… ?

Ou bien un brin de nostalgie, quand même ?     

    Tout dépend, sans doute, de l’aventure partagée, par chacun, avec l’école.

De l’amour à la haine et puis…tous les chemins de traverse.    

     Quand certains trépignaient d’impatience, les yeux rivés sur l’horloge murale, d’autres s’apprêtaient simplement à fondre en larmes.

Le plus grand nombre n’était franchement pas mécontent d’entendre le glas de la délivrance.

Les tout derniers jours, alors que chacun pouvait déjà humer le bon air de la fin des classes, l’heure était venue au début des réjouissances.

Certains apportaient des jeux de société -plus ou moins- éducatifs, tandis que d’autres venaient les mains dans les poches ; quelques spécimen, enfin, avaient déjà pris le large, sous prétexte de (devoir) suivre leurs parents sur leur lieu de villégiature.

La classe, soudain, se réorganisait différemment ; le plan de tables en était bouleversé.

Un jeu de chaises musicales s’orchestrait, échappant presque entièrement à l’autorité professorale.

Des groupes se formaient, suivant les affinités électives conclues durant toute l’année scolaire.

Et l’on tuait le temps qu’il restait ; le compte-à-rebours était lancé !

Salvateur ou fatal, selon les cas… 

               « A trop tuer le temps, c’est le temps qui vous tue ».

Qui donc a écrit cela ?

Moi…peut-être, un jour de grand vent…par temps d’orage, ou durant une éclipse ! 

                Ce que nous ignorions alors, c’est que…dès la sortie des élèves, de toutes les classes, sitôt l’angle de la rue dépassé, commençait le démontage de toute l’école.

Si, si !

C’est l’exacte vérité ; j’ai un jour eu l’idée de vérifier !

J’ai fait, ce que personne ne fait jamais : je suis revenu sur mes pas et me suis liquéfié.

J’avais neuf ans, à peine, et les yeux écarquillés, j’ai assisté à l’impensable, à l’incroyable, à l’inimaginable, au déboulonnage, en bonne et due forme, de tous les bâtiments, du préau, de la cour de récréation, et même de la cloche.

Une vision d’apocalypse !

     Je suis rentré chez moi blême, sans mot dire, sans entendre les questions étonnées de mes parents ; directement dans ma chambre.

Là, sur mon lit, j’ai versé cinq litres de larmes qui ont noyé la moquette ; peu m’importait, je n’aimais pas sa couleur, même délavée !

     Je gardai tout un mois de deuil ce splendide teint livide, au grand dam de mes parents qui, n’y comprenant rien, ne surent plus que faire pour égayer mes journées de vacances.

Quelle vacance ! Celle d’une école qui n’était plus !

Vint le jour de mon anniversaire, en plein cœur de ce sombre été.

Faute d’espoir, je n’en attendais rien.

J’avais tort.

Plein de ressources insoupçonnées, mes parents avaient eu l’idée, pour me rendre à la vie, de m’acheter tout un tas de cahiers de vacances.

A condition de mener les six (!) de front au cours du mois restant, je ne manquerais pas d’oublier mon chagrin.

     Le mois passa comme dans un rêve.

Plus les jours avançaient, plus j’étais conforté dans l’idée que ces révisions ludiques ne pouvaient avoir qu’un seul but, une seule utilité, celle de me préparer le mieux possible pour ma rentrée des classes.

J’aurai donc accès au niveau supérieur ; l’école serait forcément remontée de toutes pièces ; ma vie était sauvée, mon avenir assuré !

     Quand vint (enfin) septembre, je pédalais le cœur battant, pris d’une certaine appréhension.

Du bout de la rue, je la revis, pareille, telle qu’en mon souvenir d’avant l’apocalypse.

Reconnaissant, mon cerveau palpitant s’autorisa un double saut périlleux avant.

Cette fois-là, on ne m’avait pas menti !

J’avais bien fait de retrouver la foi ; mes parents avaient dit vrai.

Pas comme, lorsqu’à cinq ans…ils avaient voulu me faire croire que le Père Noël n’existait pas !

                Je sais bien que les adultes n’ont pas toujours raison ; c’est pas grave, docteur…

 

(© 2009/droits réservés)

  

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