Juste ça ?

Posté par BernartZé le 11 septembre 2017

Champignons de paille

De champignons…

  

            …de paille chinois nous ne parlerons pas.

 

     A quoi bon ?

Peu de gens s’intéressent à ce délicieux aliment drôlement chapeauté.

C’est simplement dommage pour eux, mais tous les goûts…etc.

A cause d’une chanson, une image de ballerines est passée devant mes yeux Des ballerines.

Mais qu’en dire sans prendre le risque d’être suspecté de grivoiserie à mon âge ?

Dommage, il y aurait tant de choses à exprimer sur leur apparente gracilité.

La météo qui fait grise mine ? Non merci, laissons cela à d’autres.

Tant pis ! Parlons de vous.

 

     Vous êtes formidables.

Peut-être l’ignorez-vous mais vous l’êtes réellement.

Vous qui avez les deux pieds dans la vie que vous savez pleinement goûter chaque jour.

Cela demande un talent que tous ne possèdent pas.

C’est vrai, certains se plaignent constamment de la varicelle du petit dernier qu’il vient d’attraper à peine de retour à l’école, de la hausse du prix des fournitures scolaires ou de celui des tomates qui n’ont plus de goût, de leur manque d’argent, de la pluie parfois même du beau temps, quand ce n’est pas de la monstrueuse haie de leur voisin qui agresse leur vue.

 

     Vous arborez toujours un grand sourire et parlez facilement aux gens que vous croisez.

Comment faites-vous donc pour être en permanence de bonne humeur ?

A quoi vous dopez-vous ?

Aux bonheurs de votre quotidien, aux antidépresseurs ou bien est-ce simplement dû à votre nature heureuse et à votre optimisme inné ?

Tant de calme voire de zénitude doit en déstabiliser plus d’un.

Peut-être savez-vous être insouciants tout en n’oubliant pas de revenir adultes et plus sérieux aux heures graves.

Il n’empêche que…l’on vous a vu vous empêcher de rire aux enterrements.

Attention vous pourriez choquer les bien-pensants !

 

     Des gens flous Voyez-vous les gens flous qui vous toisent, jaloux et envieux, persuadés que vous ne méritez pas votre bonne fortune ?

Ils affichent le mépris de ceux qui sont aigris et insatisfaits de leur vie qui n’a pas répondu à leurs attentes.

Souvent ils se sont impatientés bras croisés sans rien faire d’autre qu’espérer un coup de pouce du destin, sans même envisager de travailler -avec peine parfois- pour construire progressivement l’avenir dont ils rêvaient.

Les rêves de certains sont beaucoup plus grands qu’eux.

 

Vous savez que rien ne s’obtient sans travail efforts et sacrifices.

Il vous a fallu faire preuve de courage de patience et d’endurance pour parvenir à bâtir votre vie, non pas celle de vos rêves, mais celle qui correspondait à vos envies.

Tout n’est pas parfait, rien n’est fini, mais vous avez encore le temps d’achever votre œuvre.

 

            Ne nous voilons pas la face, dans un monde parallèle, tout proche, tentent de vivre des gens malheureux, à divers degrés.

Les raisons sont innombrables.

C’est un couple qui se pensait éternel et qui se désagrège Couple en crise ; leurs enfants pleurent à la vue de ce spectacle désolant.

C’est une femme ou un homme seul(e) en manque d’amour et supportant mal le poids de sa solitude.

C’est une personne malade dépressive ou invalide qui voudrait bien que cesse son calvaire.

C’est…

Ces quelques exemples en forme de lapalissades évoquent à tous des gens rencontrés ou proches d’eux, parfois des amis qu’ils ne voient plus…de peur d’être contaminés ?

Certains le croient !

 

     Une question simple s’impose : pourquoi de tels écarts de vies ?

Pour tous elle est bien plus difficile que nous l’imaginions enfants.

L’odeur de la corne brûlée au bout des doigts (jeu de gamin) rappelle que…à un cheveu près une vie peut basculer du mauvais côté.

Capillotractée cette image ?

C’est voulu et assumé.

Nous avons tous été blessés dans nos vies, tous été déçus et désappointés.

 

Certains, mieux armés peut-être s’en sont remis, d’autres pas du tout.

Ils ont littéralement plongé et perdu pieds comme si le sol se dérobait sous eux.

Malgré tous leurs efforts, toutes leurs tentatives sont restées vaines ne ressemblant qu’à de pauvres gesticulations.

Avaient-ils moins de talents ou de prédispositions pour résister et réussir à remonter à la surface ?

Bien malin celui qui connaît la réponse, mais gardons-nous de les juger.

 

            Ah ! L’odeur et le bon goût des…champignons de paille les rendraient tous un peu moins malheureux…

   

 

Everybody hurts (R.E.M., 1992) 

(© 2017/droits réservés)

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Amoureuse ?

Posté par BernartZé le 8 septembre 2017

32,0

L'amour à distance

Un divertissement

  

            En ce temps-là en regardant par la fenêtre tomber la pluie je pleurais toujours.

 

     Il faut dire que je m’ennuyais fermement les après-midi chez moi en vacance d’emploi.

J’avais l’impression de n’avoir plus rien à lire, la flemme de sortir pour une séance de cinéma, pas même pour revoir un vieux classique, et les programmes télé d’après-midi me donnaient l’impression d’avoir cinquante ans alors que j’allais en avoir trente-deux.

J’aurais pu aussi tricoter faire des puzzles ou rempoter les jardinières que nous avions sur le balconnet auquel la baie vitrée du salon donnait accès.

Mais je n’avais pas envie de me salir les mains.

 

Les matinées étaient consacrées à mes recherches d’emploi, n’importe lequel ou presque au point où j’en étais et en dépit d’un Master d’Anglais qui ne m’avait servi qu’à me perdre dans l’enseignement supérieur durant cinq longues années difficiles ; j’avais assez donné pour ne pas vouloir retomber dans cet écueil.

Dès sept ou huit heures du matin je m’installais devant mon ordinateur pour pianoter lire des annonces et des offres, déposer des CV en ligne et des courriers de motivation même s’ils étaient le plus souvent mensongés.

Au sortir de l’hiver, toujours pas la moindre réponse.

Un jour de pluie, triste et seule (l’homme qui partageait ma vie s’était absenté une semaine pour des raisons professionnelles) j’eus la curieuse idée (pour moi) de chercher un forum de discussions.

J’ai trouvé des sites de rencontres ; j’en avais vaguement entendu parler, sans plus.

J’ai cliqué sur un nom au hasard ; pas d’inscription obligatoire juste un pseudonyme à donner ce qui m’arrangeait bien vu que je ne venais que le temps d’une petite visite.

J’ai découvert des pseudos plus ou moins fantaisistes ou prétentieux, des messages parfois étranges ainsi que des profils flatteurs et des photos avantageuses.

Tout le monde ou presque avait l’air beau jeune frais et désintéressé.

J’ai parcouru une longue liste et, alors que je commençais à m’ennuyer, mon regard s’est arrêté sur le détail d’un message : « …aime particulièrement observer son poisson rouge tourner dans son bocal ».

Poisson rouge dans son bocal J’ai trouvé ça drôle et décalé.

 

     Je me suis aventurée à en lire davantage sur…un certain David (son vrai prénom ?).

Il s’avait écrire et s’exprimait intelligemment sur divers sujets qui m’intéressaient comme la musique la littérature et le cinéma.

S’il se disait seul il se gardait bien de décrire le physique d’une femme qu’il aimerait rencontrer, ne parlant que de son intelligence et de sa sensibilité.

De beaux mots, certes !

Au bout d’un long moment passé à hésiter, à peser le pour et le contre et à me souvenir (tout de même !) que j’avais laissé de côté mes recherches d’emploi depuis près d’une heure, je me suis lancée.

Après tout mon « profil » se résumait à mon pseudonyme et à mon genre féminin ; je ne prenais pas de risque et je n’avais rien à perdre.

Mon premier message a dû à peu près être « Bonjour, comment se porte votre poisson rouge ? ».

Et lui de me répondre « Très bien merci. Vous en avez également un ? »

Et ainsi de suite…

Évidemment nous avons vite enchaîné sur d’autres sujets plus aptes à exciter nos neurones et nos cellules grises.

 

J’ai attendu trois jours pour retourner sur le site et David était toujours là.

Lui demandant s’il passait ses journées à pianoter il me dit que non mais qu’il venait simplement chaque matin lire d’éventuels messages.

- « Et vous en avez beaucoup ? » ; – « Non, pas du tout, mon poisson rouge ne semble pas attirer les pêcheurs en ligne ».

Il ajouta que je lui avais manqué et qu’il avait beaucoup apprécié notre premier échange.

Par la suite nous avons pris le pli de nous retrouver tous les deux jours, et rapidement l’habitude est devenue quotidienne.

 

     Au fil des semaines nous avons fait plus ample connaissance.

Je commençais à avoir des scrupules : mon « mari », qui était bien sûr rentré depuis longtemps, ignorait tout de mes recherches d’emploi matinales.

Mais n’ayant pas le sentiment de le tromper en lui taisant ce coin de jardin secret, j’ai poursuivi mes visites sur le site.

[Toujours pas la moindre réponse concernant toutes les offres d’emploi auxquelles je continuais de postuler]

 

     Et ce qui devait logiquement se produire est arrivé : nous avons échangé nos numéros de téléphone.

S’en est suivi une série de discussions téléphoniques de plus en plus longues chaque matin qui a vite mis un terme à ma quête d’emploi, ce dont je n’étais pas fière.

Je sentais bien que je m’attachais, lui-aussi apparemment.

J’aimais toujours mon « mari », mais David représentait une forme de nouvelle jeunesse sentimentale, un coin bleu dans mon ciel gris pour utiliser une image rebattue.

J’avais besoin de m’aérer la tête et de sortir de mes murs.

 

     Passage Jouffroy (9ème) Notre premier rendez-vous (« pour nous voir enfin ») eut lieu à l’entrée du Passage Jouffroy, côté boulevard Montmartre.

Nous nous sommes reconnus tout en nous découvrant.

Il avait choisi ce lieu qu’il aimait parce qu’il avait passé une grande partie de son enfance non loin, à deux rues de là.

Tandis que je m’avouais le trouver très séduisant, je l’écoutais me raconter le quartier.

Moi la provinciale jusqu’à l’âge de vingt ans n’eus pas d’effort à faire pour m’émerveiller.

 

La fois suivante je fixais le rendez-vous devant la fontaine Saint-Michel, un des rares lieux emblématiques de Paris que je connaissais bien pour des raisons…médicales !

Et ainsi de suite ; à chacun notre tour nous proposions un nouvel endroit pour nous revoir.

C’était l’occasion de belles balades, d’arrêts dans des cafés et de discussions débridées.

Jusqu’au jour où il m’embrassa, où je l’embrassai.

 

     Passé le temps des aveux, la rencontre physique était inévitable.

Elle eut lieu en terrain neutre, dans un très bel hôtel du 7ème arrondissement.

J’ai trompé mon « mari » alors que je l’aimais.

David était passionné, tendre et prévenant ; véritablement amoureux, plus que moi sans doute.

Notre liaison, puisque tel est le terme, a duré exactement deux mois.

Et nous nous sommes quittés d’un commun accord.

Il a compris que je voulais retourner vers mon « mari » que j’aimais en dépit des apparences.

Chacun est parti de son côté ; je suppose qu’il a continué à aller sur le site de rencontres que j’ai effacé de ma mémoire.

 

            Finalement cette petite aventure restera comme un beau souvenir de vacance de sentiments et…d’emploi.

Quand je serai bien vieille, au soir, à la chandelle…j’y songerai sûrement avec plaisir et une pointe d’émotion tue.

Et mon mari, avec ou sans guillemets alors, me fera la lecture du journal pour ne pas fatiguer mes yeux.

Et je lui sourirai…

 

 

L'envolée 

(© 2017/droits réservés)

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Suivre l’esprit…

Posté par BernartZé le 5 septembre 2017

Glissade

Inadvertance

  

            Mais à quoi pensait-il donc en rentrant chez lui ce jour-là ?

 

     C’était un mardi d’avril ; il était certain de ne jamais pouvoir oublier la date vu que c’était le 1er jour du mois.

Il pleuvait savamment, de façon droite et inventive, l’eau s’ingéniant à se glisser partout où elle trouvait le moindre espace.

Son lourd sac sur le dos, le parapluie au-dessus de leurs deux têtes, il avait hâte de retrouver son petit foyer, même s’il était dépourvu d’âtre.

Au moins il serait enfin à l’abri et à peu près au chaud.

Marre de ce trop long hiver qui refusait de laisser place au printemps !

Le perron de l’immeuble était en vue, le perron de faux marbre était là devant lui.

Son parapluie doublement automatique Mini parapluie automatique avait une spécificité : la fermeture ne faisait que rassembler les baleines et l’on se retrouvait gauche avec une sorte de long tube télescopique à rentrer difficilement à deux mains jusqu’à la base de la poignée.

Bref cela demandait de la force.

Pensant déjà à cet exercice périlleux, à peine sous le porche il descendit le bras et appuya sur le bouton.

Peut-être oublia-t-il de lever suffisamment le pied gauche de sa jambe d’appel pour atteindre le seuil.

Toujours est-il qu’il trébucha, glissant sur le sol mouillé, et s’écrasa violemment sur tout le flanc droit, la jambe et la hanche les premières puis le bras et l’épaule ; le sac bascula directement au-dessus de sa tête.

Commençant par se traiter d’idiot il se dit aussitôt « c’est rien, ça va aller ».

Et ça alla difficilement.

Il dut d’abord se défaire du sac qui l’encombrait puis « pédaler » à même le sol glissant pour tenter de se relever.

Péniblement progressivement il parvint à se redresser puis à se relever ; ouf sain et sauf !

C’était vite dit. Il prit le temps de s’ausculter en se tâtant la jambe la hanche le bras et l’épaule ; apparemment rien de casser.

Il fit un pas, oh ! quelle douleur !

Tant bien que mal il ouvrit la lourde porte d’entrée et poussa devant lui le sac et le parapluie dans le hall.

Il dut s’aider d’un mur pour refermer ce stupide parapluie.

Même exercice pour entrer dans l’ascenseur (la porte n’était pas moins lourde) puis chez lui.

 

     Enfin assis il mit un long moment pour reprendre ses esprits et mesurer l’intensité de ses douleurs.

Palpation de l’épaule « aïe ! » puis de la hanche « ouuuuille ! ».

Un peu inquiet il vida le sac avant de le ranger dans un coin et de se rasseoir épuisé.

Que faire à part attendre pour voir si les douleurs allaient s’atténuer avec le temps ?

Il n’était pas du genre à appeler à l’aide le Samu ou SOS Médecins au moindre bobo.

Il ne tarda pas à aller se coucher tant il se sentait écrasé de fatigue.

Difficile de trouver au lit une position dans laquelle il n’avait pas mal ; il parvint tout de même à s’endormir.

Se réveillant souvent, à chaque fois il interrogeait son corps et réfléchissait à la marche à suivre avant de tenter de dormir à nouveau pour se donner du temps.

Cela dura jusqu’à la fin de l’après-midi.

L’idée de devoir appeler à l’aide avait commencé à faire son chemin d’autant qu’il mit une dizaine de minutes pour s’extirper de son lit.

Assis il réfléchit encore, hésita avant de se convaincre et d’accepter le fait qu’il n’avait plus d’autre choix.

Il composa donc le Le 15.

L’attente téléphonique ne dura qu’une douzaine de minutes et le Samu arriva chez lui une demi-heure plus tard.

Il était prêt, habillé de sa parka et chaussé, en tenue de pyjama en-dessous n’ayant pu remettre des habits plus décents à cause de l’intensité des douleurs.

 

     La sortie de chez lui, l’ascenseur assis dans la chaise roulante et pliable, le transfert sur une civière et l’entrée dans l’estafette avaient été tout un poème.

Quand ils arrivèrent aux Urgences on lui dit qu’il n’aurait pas trop longtemps à attendre, le service n’étant pas surchargé.

Il attendit un peu plus de deux heures (ce qui n’était pas considérable) avant d’avoir la visite d’un médecin qui le tortura en tous sens pour constater l’ampleur de ses maux.

Direction le service de radiologie où deux sympathiques tortionnaires firent encore pire pour le mettre dans de bonnes positions afin de lui tirer de beaux portraits de son fémur de sa hanche et de son épaule.

Bilan des courses : deux têtes fracturées, celle de l’humérus et celle du fémur ; il ne s’était franchement pas raté sur ce coup-là !

« De quoi marcher sur la tête ! » se dit-il pour essayer de prendre de la distance avec cet imprévu qui, comme tous les imprévus, tombait particulièrement mal.

 

     Direction l’hôpital pour une immobilisation Hospitalisation prévue de deux mois.

Après deux petites interventions chirurgicales il put regagner sa chambre qu’il partageait avec un homme qui dormait constamment et dont il ne vit jamais le visage, pas même lors des soins ou des repas.

Les deux infirmières qu’il voyait le plus régulièrement le chouchoutèrent dès son arrivée.

Il prit rapidement de nouvelles habitudes en fonction des horaires, lui qui mangeait tard et se couchait généralement au petit matin.

Là il dînait à 18 heures sans réel appétit mais avec intérêt pour cette nourriture d’hôpital aussi décriée que celle des cantines scolaires.

Lui qui ne cuisinait jamais s’en trouva fort bien et apprécia la multitude de légumes, chou-fleur haricots verts et épinards en tête, les poissons cuits à la vapeur et les laitages qu’il devait bien sûr consommer en grande quantité.

Il retombait en enfance !

Au début les antalgiques l’avait laissé dans un brouillard permanent qu’il tentait de dissiper en secouant la tête à s’en démancher le cou ; il fallait atténuer ses douleurs et lui permettre de dormir.

Ce qu’il put faire, parfois même avec volupté ; il avait tant besoin de repos depuis de si nombreuses années.

 

     Sa convalescence se déroulant parfaitement on lui permit au bout de cinq semaines de marcher un peu dans la chambre avec une béquille au bras gauche afin de faire de l’exercice, ce à quoi il prit goût.

Et deux semaines plus tard il eut son bon de sortie avec deux béquilles, son épaule s’étant rétablie la première et n’étant presque plus douloureuse.

 

     Quand il retrouva son quartier et son home sweet home il eut une drôle d’impression.

Il avait changé, ou bien était-ce son regard ; tout paraissait plus petit que dans la chambre d’hôpital.

Il grimaça un peu faute d’accueil chaleureux ; bizarrement le personnel hospitalier lui manquait.

Un peu triste et dépressif il se fit livrer des courses les premières semaines le temps de se rétablir suffisamment pour sortir, marcher sans béquilles et…porter des sacs.

Il récupéra son sac à dos en lui trouvant un vrai visage de traite.

La vie reprit doucement ; il put définitivement ranger ses béquilles dans un coin et les vieilles habitudes retrouvèrent leurs droits.

 

            Environ trois mois après sa sortie d’hôpital, en plein cœur de l’été, il repensa à tout ce long épisode et s’interrogea.

Finalement…pourquoi avait-il chuté ?

Etait-ce de l’étourderie ? La faute du parapluie du sac ou du sol glissant ?

Etait-ce un « acte manqué » ?

Avait-il inconsciemment le désir d’en finir avec tout ou partie de sa vie ?

Il était vrai que son existence ne l’intéressait plus réellement depuis de nombreuses années et qu’il supportait de plus en plus mal de répéter quotidiennement les mêmes gestes à la même heure pour finalement ne rien faire de passionnant au cours de ses longues journées et nuits de veille.

L’insatisfaction l’avait gagné et la rancœur envers lui-même était grande.

Il s’en voulait beaucoup d’avoir peut-être laissé passer la chance de sa vie dix ans plus tôt quand il était photographe et que lui avait été proposé un poste permanent de reporter en Turquie.

Il avait soudain eu peur, ne parlant ni le turc ni l’allemand et très mal l’anglais.

Peut-être aussi la peur de se sentir perdu et trop isolé ?

Du coup après avoir décliné cette offre, il s’était dépêché de ranger au placard tout son matériel photographique.

Il avait repris sa plume, publié quelques petits livres didactiques sur l’art d’accommoder les restes d’une vie manquée et son premier vrai roman était toujours dans les limbes.

En fait il avait dû un jour s’avouer qu’il avait brillamment réussi à rater sa vie.

Alors pourquoi pas un ultime plongeon en forme de plat « dans » un minimum d’eau pour passer à l’acte sans le faire réellement ?

Un moyen comme un autre de se dire que tout s’était déroulé par mégarde et qu’il n’était nullement responsable.

 

     Et si l’explication était encore plus simple ?

Le destin avait pu vouloir lui faire un poisson d’avril pour se moquer de lui.

Très drôle !…

 

 

Poisson d'avril 

(© 2017/droits réservés)

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The last embrace

Posté par BernartZé le 2 septembre 2017

Duel dans la neige

Un coup d’épée

  

            Leur duel dura deux décennies.

 

     Charles et Guillaume étaient nés jumeaux.

Ils étaient les seuls héritiers du Vicomte de Mersac devenu veuf alors qu’ils avaient à peine deux ans.

Son épouse était morte en couches dès le troisième mois de sa grossesse suite à une chute de cheval.

Il ne se l’était jamais pardonné et avait abattu son cheval préféré sur le champ.

Double deuil pour lui, doublement inconsolable.

Les garçons avaient grandi sous la surveillance d’une gouvernante et la férule d’un précepteur exigeant.

Une couronne en héritage pour deux aînés Couronne héraldique française de vicomte.

 

     Dès l’âge de deux ou trois ans les enfants avaient commencé à se chamailler pour tout et pour rien.

Pour une tétine un doudou un jouet un coin de couverture ou de territoire.

Tout était prétexte à se mesurer et à se défier.

Leur chambre ressemblait à un grand salon et pourtant on les retrouvait toujours dans le même coin.

Très tôt la gouvernante avait signalé à leur père la rivalité un peu trop agressive de ses héritiers.

Il s’était contenté de sourire en lui rappelant que c’était des garçons.

Le précepteur qui avait pris en main leur éducation à la fin du mois de septembre (ils avaient à peine fêté leur quatrième anniversaire) ne put s’empêcher de noter leurs différences et leurs ressemblances dès l’apprentissage de l’écriture.

Il avait été dit qu’ils devraient savoir parfaitement écrire avant d’avoir cinq ans.

 

     Il pleuvait averse ce jour-là.

En fin d’après-midi Guillaume peinait encore sur ses pages d’écriture.

Il avait notamment beaucoup de mal avec les k les w et les y ; il en avait surtout marre et voulait aller jouer.

Son frère avait achevé ses œuvres depuis longtemps et faisait du petit cheval Cheval à bascule en renversant la tête dans la pièce de jeu contiguë ; il semblait s’enivrer à ce jeu.

Quand Guillaume fut enfin autorisé à le rejoindre, il voulut évidemment prendre sa place et fut tout surpris que son frère l’abandonne aussi facilement.

Charles préféra s’éloigner et se consacrer à empiler de grands cubes de bois peints de lettres colorées Cubes alphabet.

Il était en train de construire des mots écrits dans l’après-midi quand son frère déboula littéralement pour botter dans ce bel ordonnancement.

Charles rentra alors dans une colère folle et sauta à la gorge de son frère qu’il se mit à serrer de toutes ses forces.

Alertée par les bruits la gouvernante puis le précepteur arrivèrent heureusement à temps pour les séparer ; Guillaume suffoquait, en manque total d’oxygène.

Charles fut sévèrement puni par cinq coups de fouet tandis que le médecin appelé au chevet de son frère ne put que prescrire calme lit et repos total durant un jour entier.

Pendant plus d’un mois Guillaume garda des traces violacées qui s’estompèrent lentement.

 

Suite à cet épisode marquant le Vicomte de Mersac décida d’octroyer une chambre à chacun d’eux pour dormir et de ne plus jamais les laisser jouer sans surveillance.

 

     Les enfants grandirent, devinrent adolescents avec plus ou moins de heurts de jalousies et de conflits, et ce qui devait arriver arriva.

À seize ans ils tombèrent amoureux de la même jeune fille.

Alise était secrète versatile et précieuse.

Elle aimait tout particulièrement être complimentée et rêvait sans le dire d’un poème écrit tout spécialement pour elle.

Charles fut le premier à pressentir cette attente silencieuse et travailla durant des nuits afin de trouver les mots les adjectifs et les couleurs les plus à même de la célébrer.

Le cœur serré il lui présenta son sonnet qu’elle lut sans dire un mot.

Guillaume qui avait espionné comme toujours son frère s’était lui-aussi attelé à la tâche tout en se sachant peu doué pour ce genre d’exercice.

S’il avait de réels sentiments pour Alise il ne savait comment les exprimer.

Tant bien que mal, il réussit à écrire huit lignes.

Quand il présenta sa prose à l’élue de son cœur il n’osa pas la regarder et s’enfuit sans attendre.

Alise mit malicieusement un mois pour choisir.

 

     Charles en resta toujours meurtri en ne laissant rien paraître ; il se sentait tout autant malheureux qu’incompris.

Peu de temps après les jumeaux découvrirent dans un tiroir du bureau de leur père un coffre renfermant un jeu de deux pistolets identiques Pistolet à silex du 18ème.

Ils décidèrent d’aller discrètement jouer dans la grange récemment vidée à tirer sur des bouteilles en verre.

C’était bien sûr à qui tirerait le plus de bouteilles avec le moins d’échecs.

Guillaume se montra le plus brillant et emporta haut la main cette épreuve d’adresse.

Son frère proposa en guise de revanche un faux duel au pistolet juste pour jouer à se faire peur.

Face à face à quinze mètres l’un de l’autre ils ne risquaient rien à tirer des balles un peu haut dessus, un peu à gauche ou à droite.

C’était un jeu aussi stupide que vain étant donné qu’il n’y avait pas de réelle cible.

Ils s’ennuyèrent et décidèrent de se rapprocher à un mètre l’un de l’autre sans se rendre compte du risque décuplé.

Et au quatrième essai pour rire Charles trébucha en tirant et sa balle vint essuyer le front de son frère.

Pris de panique en le voyant s’écrouler il hésita entre courir chercher du secours et tenter d’éponger tout le sang qui s’écoulait.

Finalement il partit comme un fou trouver de l’aide.

 

     Après six mois de convalescence Guillaume put enfin retrouver figure humaine sans bandage.

Il conserva de cet accident une cicatrice qui lui donnait paraît-il fière allure.

Alise l’avait déserté mais d’autres jeunes filles le trouvaient ainsi tout à fait à leur goût.

Il revint doucement à la vie tandis que son frère paraissait être devenu l’ombre de celui qu’il avait été.

Toute joie avait disparu en lui et en dehors des repas qu’il prenait muettement et sans plaisir il fuyait toute présence humaine, préférant la compagnie des chevaux.

Dorval était son préféré et ils galopaient parfois ensemble des journées entières.

Cheval Pur-sang anglais Ce pur-sang anglais faisait sa fierté et il le gardait jalousement ; personne d’autre que lui n’était autorisé à le brosser ou à le nourrir !

 

     La veille de leur vingtième anniversaire, l’un des derniers soirs de décembre, les deux frères se querellèrent une fois de plus.

Chacun ressortit ses griefs, le ton monta et ils en vinrent à se battre jusqu’à s’enchevêtrer à même le sol.

C’en était trop !

Ils décidèrent en cachette d’un duel à l’épée pour régler définitivement un conflit qui perdurait depuis le jour de leur naissance.

Et profitant d’un jour où le château avait été déserté pour d’obscures raisons notariales (seules la gouvernante et la cuisinière étaient présentes, les autres domestiques étaient partis réveillonner dans leurs familles), ils se retrouvèrent à la première heure sur le pré enneigé.

Pas de témoin ni d’autre règle que l’arrêt dès le premier jet de sang ; moins pour laver leur honneur que pour se mesurer encore et toujours.

Mais à présent qu’ils s’estimaient adultes ils étaient sûr de savoir respecter les quelques règles du duel qu’ils avaient établies.

C’est ce qu’ils firent.

 

            Après plusieurs minutes d’escarmouches durant lesquelles chacun embrassait puis repoussait l’autre, le sang jaillit.

Le duel était fini, une épée avait atteint sa cible en plein cœur.

 

     Ce coin de neige, en haut du pré, resta en deuil jusqu’au dégel.

 

 

La neige en deuil 

(© 2017/droits réservés)

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D’outremer

Posté par BernartZé le 30 août 2017

32,6

Deux yeux fermés

Je ferme les yeux

  

            Allongée, la chaleur du soleil m’enveloppe.

 

     Je suis bien, je suis belle.

Cela fait si longtemps que je n’ai pas eu cette sensation de calme et de bien-être que je crois rêver ; peut-être est-ce d’ailleurs le cas.

Il est juste de parler de caresses lorsque le soleil n’est ni tiède ni trop chaud.

L’impression est alors celle d’un bain de douce torpeur qui gagne progressivement tout le corps jusqu’à emplir le cerveau.

A moins que je n’entre dans un état de lévitation Lévitation quasi divine.

 

     Angle de 32.6° Devenue omnisciente je note que mon bras rejeté en arrière fait exactement un angle de 32,6° avec le sable.

Je repense naturellement aux vacances de mon enfance.

Je n’étais qu’une petite fille quand je nageais déjà avec un immense plaisir sous la surveillance de mes parents assez fiers de ne pas me voir affublée de brassards gonflables ou d’une bouée ridicule.

Je me souviens particulièrement d’un été passé en Espagne sur la Costa Blanca.

Je ne revois qu’une immense plage de sable blanc mais je me souviens parfaitement des grands plats de paëlla rapportés à pieds par mon père et des churros dont mon petit frère raffolait.

Ah ! les Churros (2) sans lesquels il prétendait parfois défaillir !

C’était il y a si longtemps…

Je me revois plus tard, toute seule avec mes parents, nous étions moins heureux et j’avais compris alors qu’ils ne riraient presque plus désormais.

D’autres vacances à la plage, moins éloignées, me restent en mémoire.

Même si elles se déroulaient dans des contrées où la mer était moins chaude ou plus agitée, j’ai toujours emporté avec moi sur le chemin du retour l’indicible ravissement du contact de l’eau glissant tout le long de ma peau.

Et le jour de la rentrée des classes j’avais l’impression de pouvoir encore goûter le sel en léchant discrètement le dessus de ma main.

 

     Le soleil frappe à présent ou bien ne suis-je plus en lévitation ?

Retour en arrière mais cette fois à la montagne en été.

L., à peine quatre ans, jouait au badminton devant la fenêtre de la cuisine du chalet loué.

Pourquoi ce souvenir sans mer ni sable ?

Pourquoi aussi revoir tout d’un coup une gravure que nous avions rapportée de là-bas peu après l’accident ?

Gravure chardonnerets (par Robert Hainard) Je me demande bien pour quelles raisons mes parents avaient fait le choix de ces chardonnerets.

Est-ce parce qu’ils ont symboliquement la réputation d’être emplis de compassion ?

Elle est très longtemps restée accrochée sous verre dans le salon ; y est-elle encore aujourd’hui alors que la maison a été vendue ?

 

     Je me sens moins bien, nettement moins belle.

Je ne sens plus les rayons du soleil ni le sable sous moi.

Je ne ressens plus grand-chose mais j’entends des murmures autour.

L’heure de la béatitude semble révolue.

Des gens me bougent me portent me déplacent.

Je ne vois ni ne perçois plus mon corps, j’entends encore des derniers mots.

 

            Il semblerait que je sois morte.

 

  

Vierge à l’Enfant tenant un chardonneret et des cerises (Jacques Stella, XVIIè)

(© 2017/droits réservés)

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Quelques questions sans réelle importance

Posté par BernartZé le 27 août 2017

Que sera sera

Bon !

  

            Admettons -ne serait-ce qu’un moment- que espoir et vie soient intiment liés.

 

     Supposons aussi que, doté d’une nature optimiste, l’être humain soit en mesure de toujours diriger son existence à sa convenance.

Imaginons enfin que lancé sur la voie royale de sa vie il rencontre un obstacle ; ce sont des choses qui se produisent parfois.

Qu’adviendra-t-il ?

 

     Tout dépend du contexte, de la nature du grain de sable, des circonstances et de lui-même me direz-vous peut-être ?

Non ! Je prétends que tout dépend avant toute chose de lui, très souvent de lui…seul.

Bien sûr je n’ignore pas que pour beaucoup quand une difficulté survient ils sont sûrs de pouvoir s’appuyer sur les membres de leur famille et sur plusieurs amis proches.

De vieux amis loyaux et fidèles, une famille aimante et enveloppante qui ne les juge jamais.

Vivrions-nous au pays de Logo Oui-Oui (2) ?

J’adore l’idée conceptuelle qui consiste à croire que tout problème a une solution.

On prétend bien, très trivialement, que chaque pot a son couvercle ou que…tout a une fin.

Pourquoi ne pas penser que chacun viendra à bout de toutes les épreuves de sa vie à force de volonté de courage et de ténacité ?

Toutes les maladies ne sont-elles pas curables ? Tous les criminels ne finissent-ils pas par être punis ?

Je sais ces « arguments » paraissent hors-sujet et avoir peu de liens avec les bases de ce semblant de réflexion.

C’est une ébauche, un peu de patience !

 

     En fait je voudrais tordre le cou à certaines idées reçues et plus encore les « pensées toutes faites » qui consistent à répéter à la façon d’un perroquet des formules ancestrales pleines du bon sens populaire.

 

Si vous croyez aider l’être mis à mal et le rassurer avec de telles sentences…faîtes-en plutôt des Conserves et commercialisez-les !

Vous pouvez également vous abstenir de prendre la parole pour ne rien dire de plus personnel.

Pas plus que vous je n’ai les Les clés du royaume ici-bas, c’est pourquoi je ne cesse de m’interroger.

Combien de fois en une seule vie peut-on renaître de ses cendres ?

Autrement dit : une fois de plus à terre, quand viendra le jour où l’on ne pourra plus se relever ?

Faudra-t-il pour cela attendre que le cœur cesse de battre ?

 

     Bas les masques ! , cessons d’entretenir l’illusion que tout ira mieux demain alors que tout semble aller de mal en pis.

Pour ceux dont la vie est un rêve, abandonnez là cette lecture inutile ; pour les autres…prenez vos responsabilités.

 

     Tout le monde n’a pas son avenir devant lui et l’espoir n’est ni une vertu ni une lumière au bout du long chemin, mais plutôt une illusion.

Loin de moi l’idée de démoraliser Pierre Paul Jacques et Lucille, sans oublier Nathalie, néanmoins il faut reconnaître que la raison et le simple bon sens (non populaire) donnent à penser que nous n’en sortirons pas tous vivants…même avant de mourir.

Eh oui ! C’est bien beau de se nourrir de proverbes et de maximes, mais lorsque l’on se retrouve seul face à soi-même et à un problème apparemment insoluble, l’heure du jugement a sonné !

Comptez sur la chance, si vous y croyez encore, sinon accrochez-vous de toutes vos forces (restantes) à ce qui vous tombera sous la main lors de votre descente aux enfers.

La chute pourrait être longue cruelle et douloureuse.

Elle sera pour vous sans fin un jour et, le lendemain retrouvant de l’espoir (juste un fond), vous vous mettrez à y croire de nouveau avant que le surlendemain ne vous fasse replonger dans d’autres abîmes.

Vous verrez c’est un jeu très amusant.

Ballotés ainsi entre espoir et désespoir combien d’années pensez-vous pouvoir tenir avant de lâcher définitivement prise ?

LA vraie question est là.

 

     Selon votre degré de résistance dans l’épreuve, vous survivrez plus ou moins longtemps encore…à défaut de vivre.

Quelle sacrée bonne nouvelle !

 

            Ultime point de détail : ne comptez pas trop sur le soutien de votre entourage ; il sera toujours très occupé ailleurs…

 

   

La vie est belle ! 

(© 2017/droits réservés)

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Ô temps anciens !

Posté par BernartZé le 24 août 2017

Gaston Ouvrard

♪ Je n’suis pas bien portant ♪

  

            Gaston Ouvrard avait bel et bien raison…

 

     A tous ceux qui me demanderaient comment je vais (heureusement nul n’y songe), je serais tenté de répondre :

            « J’ai la rate qui s’dilate, j’ai le foie qu’est pas droit, j’ai le ventre qui se rentre, j’ai l’pylore qui s’colore, j’ai l’gosier anémié, l’estomac bien trop bas et les côtes bien trop hautes, j’ai les hanches qui s’démanchent… ».

Bref, avec l’âge rien ne s’arrange !

 

     Il faudrait rendre justice à ce comique troupier qui eut son heure de gloire dans les années 20’ et 30’ (…du XXème siècle) et refit des étincelles plus tard à la télévision dans les années 60’ et 70’ avec cette incroyable chanson débitée à cent à l’heure avec une parfaite et intelligible diction.

C’était le temps du noir & blanc, un temps que les moins de… ; les moins de combien ? je ne saurais dire tant il me semble qu’il y a fort à parier qu’aucun jeune de ce XXIème siècle n’a jamais entendu parler de Gaston Ouvrard ni de cette impayable chanson.

Et pourtant il ne leur suffirait que de deux clics (sur leurs smartphones tablettes numériques ordinateurs portables montres High Tech connectées…) pour écouter ce chef-d’œuvre de notre patrimoine culturel et découvrir la tête du bonhomme chantant !

Plutôt que de dire qu’il est aujourd’hui oublié supposons plutôt que, s’il est totalement méconnu de beaucoup, certains -nettement plus vieux- s’en souviennent encore.

Il faut croire que dans l’temps on riait pour un rien !

 

     C’est donc en vieillissant que se révèlent toute la justesse de ces paroles.

Au fur et à mesure, avant que rien n’aille plus, tout va de moins en moins bien.

Tout se dégrade progressivement.

Est-ce l’effet direct de notre obsolescence programmée Obsolescence tels les objets de notre quotidien ?

Ma bonne dame mon bon monsieur c’est tout à fait possible.

Il n’est pas nécessaire de tomber malade ou…dans la rue en butant sur un micro caillou pour réaliser que la machine s’est véritablement grippée.

Les bruits des os et des muscles rouillés se font presque entendre au lever !

Et puis, une douleur par ci une gêne de plus en plus insistante par là, et vous voilà certains de vous trouver sur la pente descendante.

Mettons à part les problèmes d’alopécie galopante plus spécifiques à la gente masculine et qui peuvent s’abattre (comme une malédiction) sur un individu avant même l’âge de vingt ans (certains exemples sont demeurés célèbres).

Évoquons plutôt à titre d’exemples tous les rouages enroués toutes les souffrances qui s’additionnent tous les malaises vagaux qui se succèdent…tous les bateaux tous les oiseaux tous les soleils…

Mais non têtes de linotte je plaisante évidemment !

Hors de question de nous infliger ce genre de revue de détails non exhaustive.

 

     Il suffit de rappeler aux personnes concernées le temps où elles pouvaient sans souci (sans même se poser de question) aller loin et longtemps sans s’inquiéter de devoir se ménager.

C’est tout.

Le reste est propre à chacun et il n’est bien sûr nul besoin d’en faire profiter tout l’univers ; un peu de pudeur que diable !!

 

 Fioriture

 

     Une pensée admirative et quasi émue pour ceux qui profitent (et le peuvent) de leur grande forme et de leur bonne santé Santé !!…quel que soit leur âge.

 

            Restera, espérons-le tout de même, l’œuvre d’Ouvrard…

 

  

Gaston Ouvrard bis

(© 2017/droits réservés

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Seconde chance

Posté par BernartZé le 23 août 2017

 Juste histoire de voir…

 

            A titre expérimental (et un peu pathétique) remise ci-après en 1ère ligne d’un ancien scribouillis remontant à l’été 2011.

    

     Afin de ne désobliger personne (surtout pas l’auteur de ce méfait !), l’expérience sera abandonnée dans une petite semaine.

 

            Bon courage…

 

**********************************************************************************************************************************************************************************************************

     La petite semaine est achevée, l’expérience est terminée.

Le calendrier va enfin pouvoir reprendre ses droits et les articles retrouver leur ordre normal.

Pour ceux qui voudraient éventuellement lire plus tard le scribouillis dont il était question, il leur suffira de cliquer sur le lien suivant : http://bernartze.unblog.fr/2011/06/17/question-de-point-de-vue-part-ii/

 

            Voilà, voilà…Happy smiley

 

Publié dans Sans doute n'aurais-je pas dû persévérer ! | 2 Commentaires »

Un homme…

Posté par BernartZé le 19 août 2017

Étude d'un Boiteux Homme (huile de Thomas Couture)

Diable d’homme

  

            Il y avait exactement mille ans qu’il était né ce même jour.

 

     En fait on disait « mille ans » par habitude, sans connaître son âge ; lui-même ne le savait plus ayant cessé de compter ou de le fêter.

Qu’aurait-il d’ailleurs eu encore à célébrer ? Le poids des ans ? Sa solitude ? Son humeur versatile qui l’avait fait se retirer du monde ? Sa joie légendaire peut-être ?!

Non. Toutes les années étaient passées comme des siècles et l’avait marqué une à une, le débarrassant du peu qu’il avait en naissant.

 

     Il était né boiteux.

Pas de quoi faire virer le lait frais mais pas non plus de quoi se réjouir.

Petit, cela lui avait valu beaucoup de moqueries et autres misères de la part d’enfants qui -bien sûr- ne pensaient pas à mal.

Les enfants sont toujours innocents comme chacun sait…

Sa claudication jamais soignée était due non seulement à une jambe plus courte que l’autre mais surtout à une malformation de la hanche qui s’était légèrement déboîtée au premier jour et s’était par la suite soudée ainsi.

D’où une douleur avec laquelle il avait été obligé de grandir et des larmes qu’il cachait tant bien que mal dans son enfance pour ne pas peiner ses parents.

 

     Il avait traversé deux ou trois guerres, sans pouvoir y participer vu son invalidité.

Combien de fois avait-il pu la maudire quand il apprenait la mort d’un ancien camarade d’école ?!

Comment ne pas se reprocher ce satané handicap qui l’avait empêché d’aider ou de secourir quiconque ?

Cette jambe…était le fardeau de tous les instants de sa vie ; impossible de l’oublier, impossible d’en supporter la vue nue ; impossible de se laisser aimer.

Oh ! bien sûr certaines avaient vaguement tenté de lui conter fleurette par jeu ou par vilain défi à relever.

Une fois il avait cru lire de la sincérité dans un regard mais n’avait rien osé laisser paraître.

Très vite il avait abandonné tout rêve, toute illusion de ne pas finir seul une existence qui s’annonçait morne et vide.

Elle le fut, mais pas entièrement.

 

     Après avoir quitté l’école à quatorze ans il se fit cordonnier (un sens de l’humour particulier ?), faisant son apprentissage sur le tas auprès d’un oncle rémouleur Rémouleur et bottier dont il avait découvert l’existence lors du mariage de la fille du frère de la cousine de sa femme (pas celle de l’oncle mais du frère !).

Ils s’étaient vite entendus (l’oncle et lui) et avaient convenu d’une formation durant au minimum trois ans sous réserve d’un talent plus ou moins confirmé ; le sien le fut avant l’heure et il prit son indépendance à peine passées les deux premières années.

Cordonnier donc à son compte ; c’est ainsi que s’écoula sa vie.

Les clients entraient et sortaient rapidement ; peu osaient lui parler comme s’il portait sur son visage une marque inquiétante les tenant à distance.

Il n’en prit pas ombrage et fit toute sa vie son métier en bon professionnel héritier de l’ancien temps.

N’avait-il d’ailleurs pas toujours été bien plus « ancien » qu’eux tous ?

 

            En se réveillant ce matin-là, en ce jour anniversaire, sans doute n’avait-il pas mille ans ; pas tout à fait.

Il ne s’est pas souvenu que cejourd’hui était supposé être « son jour ».

Il s’est juste senti las et immensément fatigué, incapable de se lever ou de décider de quoi que ce soit.

 

     On l’a certainement retrouvé -un jour ou l’autre ou plus tardtranquillement allongé à côté de ses cannes, presque à côté de sa jambe.

 

 

Ancienne prothèse de jambe 

(© 2017/droits réservés)

Publié dans Un peu de lecture inédite | 5 Commentaires »

Débris d’être

Posté par BernartZé le 15 août 2017

Soleil 2

?

  

            C’est surtout une immense fatigue qui s’empare de tout le corps.

 

Et l’esprit ne tarde pas à le suivre dans cette zone dangereuse.

Ce qui pourrait passer pour un engourdissement progressif un relâchement ou un moment de léthargie s’avère plus proche de l’inertie glissant vers l’abattement.

 

Le corps meurtri, brisé, ne se relève pas de sa chute ; les os semblent de verre, le moral friable.

Surpris puis apeuré, là on l’on cherche un point d’appui ne se trouvent que des dérobades.

C’est la fuite en avant de tout et de tous pour le cas où le mal serait contagieux.

Ne plus compter que sur ses forces qui s’amoindrissent au risque de retomber.

Tous les muscles sont atones, refusant de répondre.

Ne reste plus qu’un être amorphe et flasque Buster Keaton.

 

     Faut-il pour autant se résigner ?

Sur l’instant comment serait-il possible d’envisager une sortie de tunnel ?

Comment entrevoir à nouveau la lumière quand chaque geste, chaque mouvement coûte ? ; les bras et les jambes pèsent des tonnes comme s’ils se rappelaient soudain toutes les années écoulées.

L’impuissance paraît alors si grande, la lassitude infinie.

C’est aussi un grand froid qui parcourt un être courbé.

A quoi pourraient encore servir les larmes ?

La colonne vertébrale s’affaisse, les côtes flottent davantage.

Plus rien ne tient debout, à peine assis.

Le mieux serait-il de se soumettre sans plus protester ?

Cela n’équivaudrait-il pas à une abdication définitive ?

Abandonner, s’abandonner…'Sea Boots' by Andrew Wyeth 1976 !

 

     Quel que soit le choix encore faut-il pouvoir le faire.

Rien n’est simple ; toute reconsolidation nécessite du temps et de la patience…même lorsque l’on se sent à bout.

Que ce soit à bout de forces d’envies de courage ou d’espérances, le plus difficile est de réussir à envisager la possibilité d’un retour ; un de plus !

 

            Tiens après pourquoi ne pas aller faire un tour en Islande…pour retrouver le soleil ?!

 

 

Islande (Le Routard) 

(© 2017/droits réservés)

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