(Presque) Imaginaires
Posté par BernartZé le 14 août 2016
Un égarement de plus
L’autre nuit je me suis laissé aller à me laisser porter par mon envie de dériver.
Inconfortablement assis sur mon coccyx (on fait ce qu’on peut !), je m’imaginais jouant aux tout en me remémorant des jours meilleurs.
J’ai repensé à Madrid et aux churros
dont tu ne pouvais te passer de crainte de « défaillir » ainsi que tu ne cessais de le répéter.
Quel âge avions-nous ? Huit ou neuf ans peut-être.
Au bout de cinq jours nous avions tous vite émigré sur la côte est, à moins de cinquante kilomètres au sud de Valence je crois, je ne me souviens plus du nom de la commune.
Le lieu était paisible et la plage apparemment tranquille .
Madrid Madrid nous aurions dû y rester…
Nous profitions pleinement des charmes de l’été ; oh pardon, tu ne peux pas te souvenir de cette image floue et à peine moins lointaine pour moi seul.
Temps superbe, mer à une température idéale, tout nous parut sublime durant ce mois de juillet.
Le souvenir du sable fin me revient soudain à l’esprit ainsi que le plaisir d’y plonger les mains goulûment ; un vrai bonheur, un moment apaisant.
A la plage nous passions notre temps à lire (un peu) et à filer droit vers la mer pour déborder d’éclats.
Jusqu’au jour où la mer nous déborda.
Le temps mauvais était annoncé, le était hissé.
Et pourtant ce jour-là nos parents, toujours prudents, nous avaient laissé aller nous baigner à condition de porter nos .
Nous avions protesté, on nous prenait pour des bébés !
Un peu humiliés, nous avions tout de même couru nous jeter dans les vagues tête la première.
Concours d’immersions contrariées par les bouées, rodomontades jusqu’au moment où tu ne remontas pas.
Une vague qui me parut énorme nous avait engloutis.
J’avais failli étouffer sous l’eau alors que j’étais capable de flotter sans même avoir besoin de faire la planche ; mais là !
Notre père, qui gardait toujours un œil sur nous depuis la plage, était venu à la rescousse pour nous sauver de ce trop plein d’eau.
Mais tu avais définitivement sombré ; ton corps fut repêché trois jours plus tard.
Essayer de te dire le cataclysme qui s’ensuivit serait peine perdue.
Aucun de nous trois ne réussit jamais à admettre l’inacceptable.
La vie dut continuer sans toi, omniprésent.
Nous avons tous grandi et vieilli ; nos parents sont morts.
Je reste seul.
Je reste seul et je me souviens.
Je me « souviens » que nous étions nés à quelques minutes d’intervalle, tous deux l’aîné de l’autre en dépit des légendes.
Ce débat sans intérêt n’a -malheureusement- plus lieu d’être.
Partir à la dérive puisqu’il me faut partir ?…
(© 2016/droits réservés)
Waouh ! Je passais vraiment par hasard mais avec ce que je viens de lire je reviendrai par ici….C’est juste magnifique ce que tu fais (Enfin écris).
Je tire mon chapeau !!
Dernière publication sur : Je suis de retour
Merci pour vos louanges qui me paraissent un peu excessives ainsi que pour votre enthousiasme légèrement immérité.
…B.